Critique Mysthea [2019]

Avis critique rédigé par Gaetan G. le vendredi 19 juillet 2019 à 09h00

Plus c'est long plus c'est bon ?

Dans le monde du jeu de société, chacun essaie de trouver sa petite place bien à lui. Chez les éditeurs, par exemple, Il y a ceux qui se spécialisent dans les jeux de gestion bien velus. D’autres, c’est dans la figurine au kilo, voire dans les petits trucs sans prétention qui se vendent par palette entière.

Et puis il y a ceux qui, comme Legion Distribution, semblent se spécialiser dans la distribution des Kickstarter à problèmes. Après un The Faceless chroniqué sur notre site il y a quelques semaines et qui avait bien déchainé les passions en son temps, le distributeur récidive avec Mysthea.

Le titre, lancé en 2018 sur la plateforme de financement participatif, avait brillamment réussi sa levée de fond en parvenant à récupérer un peu plus de 300 000€. Hélas, en raison d’un malencontreux bug informatique (selon la version des organisateurs), le jeu a été malencontreusement livrée au distributeur avant les bakers. Pour le dire pudiquement, on a connu mieux pour récompenser sa communauté et lancer un buzz positif.

Depuis, fort heureusement, le bug en question a été corrigé et les souscripteurs ont reçu leur joujou. Cerise sur le gâteau, le titre est vraiment excellent et il s’est rapidement taillé une belle réputation. Il bénéficie d’une note de 8.5 sur BoardGameGeek, excusez du peu. ET comme vous allez le voir dans la chronique qui va suivre, il ne s’agit pas d’une note de complaisance et le petit nouveau a de sérieux atouts à faire valoir. Vous êtes prêts ? Alors c’est parti pour la présentation détaillée de la bête :

Une Direction Artistique qui restera dans les mémoires

Premier constat, la boîte de Mysthea contient énormément de matériel, en cohérence avec un prix de vente oscillant entre 90 et 100€. On y trouve principalement :

  • Une zone de jeu centrale composée d’un grand plateau principal, de 5 îles en carton à poser dessus et d’un petit plateau séparé pour la gestion des événements ;
  • 5 tableaux de bord en carton, 1 par joueur ;
  • 150 cartes dotées d’une belle finition toilée ;
  • Moultes marqueurs en bois aux couleurs très flashys ;
  • 74 ‘gurines, dont 40 en 20mm et le reste en 54mm

L’ensemble du matériel est stocké dans un thermoformage noir classieux et de bonne qualité, à l’image de ce qui est proposé dans Black Rose Wars. Le matériel ne bougera pas, y compris si vous décidez de faire une partie chez des amis. Pourtant, au dépuncheage plusieurs figurines étaient victimes du « syndrome de la demi-molle », c’est-à-dire que leurs parties fines (épées, etc.) pendouillaient un peu au lieu de se dresser fièrement. Fort heureusement, c’est réparable avec un mug d’eau chaude et un peu de doigté – sans mauvais jeu de mots, merci.

L’identification des ‘gurines se fait au moyen de socles colorés, réalisés dans un plastique souple facile à clipser et à enlever. Les peintres en herbes seront ravis d’apprendre que cette matière n’écaillera pas leur peinture.

Principal défaut de l’ensemble, la boîte est pleine comme un œuf, au point de ne pas fermer correctement (ou alors je suis un manche, ce qui est possible aussi). Et pour finir sur les reproches, les marqueurs en bois détonnent un peu au milieu du reste. Ils détonnent par leurs formes plutôt simples, déjà, mais surtout par leurs couleurs très saturées. L’avantage, me direz-vous, c’est qu’ils sont facilement identifiables en cours de jeu. En même temps, c’est un peu ce qu’on leur demande. Cependant, des marqueurs un peu plus chiadés en plastique n’auraient pas forcément été de trop.

Hormis cette (très légère) faute de goût, Mysthea s’appuie en effet sur une direction artistique de haute volée. Les artworks, le contexte du jeu et les figurines font preuve d’une grande cohérence et apportent un petit supplément d’âme à l’univers qu’il y a derrière. Personnellement, j’estime qu’il s’agit d’un des plus beaux titres de ma ludothèque, et c’est un avis qui a été partagé par la plupart des personnes qui se sont approchées de la boîte.

Les miniatures sont bien détaillées, avec des poses dynamiques qui flattent la rétine. Etrangement, mes préférées restent quand même les petits trouffions de base en 20mm, dont le rendu mi-grognon mi-cartoon fait fondre mon petit cœur sensible...

Niveau règles, tout est propre et carré. L’ensemble n’est pas parfait – le manuel aurait par exemple gagné à comporter un peu plus d’exemples et de mises en situation – mais il demeure d’excellente facture. Point essentiel pour un jeu expert, l’iconographie est facilement compréhensible passé les deux premières heures. Même si le début de partie est franchement difficile, les différentes pièces du puzzle s’assemblent progressivement et le recours à l’aide de jeu est rare passé la première partie

Au niveau de la complexité et pour vous donner un point de comparaison, le titre joue dans la même cour qu’un Blood rage, un Rising Sun ou un Scythe. En revanche, il est de mon point de vue plus difficile à sortir que ces derniers, en raison de l’investissement qu’il demande. Car soyons clair : bien que le manuel soit bien écrit, la première lecture des règles est particulièrement frustrante (pour être poli). Elle peut laisser l’impression que l’on n’a pas tout compris mais rassurez-vous, c’est exactement le cas. Certaines mécaniques fondamentales, comme l’harmonisation, ne sont pas évidentes à appréhender. Surtout, les 150 cartes du jeu débordent d’interactions dans tous les sens. Mysthea s’apprend sur table, à la dure et au fil des parties. La présence d’un joueur confirmé lors de la partie d'initiation est un gros plus, même si c’est aussi la garantie de se faire dérouiller.

Voici donc quelques petits conseils pour commencer dans les meilleures conditions. Tout d’abord, prenez le temps de vous imprégner du background, il apporte vraiment quelque chose à l’expérience de jeu.

Ensuite, la lecture des règles peut prendre deux heures s'il faut tout expliquer de A à Z. N’hésitez donc pas à parcourir plusieurs fois la version PDF avant la première partie, le fichier est disponible juste ici.

Pour votre première partie, n’hésitez pas à utiliser le setup simplifié proposé par un des auteurs du jeu. Il va la raccourcir et la fluidifier, ce qui va nettement améliorer votre expérience de jeu :

« Durant la mise en place, commencez la partie avec 2 troupes et 1 golem en plus, ces unités additionnelles étant placées sur la même région que votre champion ;
Durant la première phase de l’ère I, incorporez la moitié des cartes de l’ère II à la pile ;
Sautez complètement l’ère II et passez directement à la III ;
Durant la première phase de l’ère III, incorporez les cartes de l’ère II restantes ;
Utilisez seulement 2 monstres. »

Et pour finir dernier conseil : il est vraiment important de refaire une passe détaillée sur les règles sitôt le premier match terminé histoire de voir lesquelles n’ont pas été respectées. Mysthea est en effet un jeu délicat, chaque altération du gameplay pouvant changer considérablement l’équilibrage du titre.

Fort heureusement, les auteurs ont eu conscience de cette complexité et ont décidé de mettre les moyens en face. Mysthea dispose en effet de sa "companion app" officielle (Android et iOs), et ça c’est la classe ! Celle-ci contient à la fois une aide à la mise en place, une version interactive des règles et un résumé des effets des cartes. Je ne sais pas quel peut être le coût de développement de ce genre de bijou, mais c’est clairement un gros plus pour faciliter la prise en main. Le moteur de recherche intégré permet de trouver immédiatement l’info dont on a besoin, ce qui évite de ralentir inutilement le rythme des parties. Tout simplement indispensable autour de la table de jeu ! Au passage, en cas de divergence entre l’appli et les règles, privilégiez toujours l’appli… J’ai détecté au moins une carte mal traduite dans le manuel. Après vérification, le texte du programme était totalement conforme à la VO.

Peu d'actions disponibles, mais la complexité ne vient pas de là

Pour commencer, voici un bref résumé du contexte du jeu :

« Il y a bien longtemps un mystérieux cristal percuta la planète d’Icaion avec une force incroyable. La violence de l’impact modifia la morphologie de la planète à jamais. Des morceau se détachèrent de la surface et restèrent en suspension au dessus d’elle. Ces îles célestes baignent dans une brume perpétuelle et sont appelées Mysthea.

La vie a poursuivi son chemin au contact des éclats de cristaux résultants de l’impact, entraînant avec elle la création de civilisations sur ces îles mouvantes. Mais les humains ne sont pas les seuls à profiter des effets des cristaux, des créatures gigantesques et terrifiantes se sont développées et parcourent à présent la surface de Mysthea. »

Une partie de Mysthea est divisée en trois manches, appelés les Eres. Au début de chacune d’entre elles, un nouveau monstre est posé sur le plateau et sa carte est ajoutée dans la pile des événements. Cette pile a deux fonctions principales. Elle va tout d’abord servir à déterminer la valeur des différentes zones du plateau à la fin de l’ère en cours. Il existe 5 types de terrains différents (Montagne, Rivière, Forêt, Terre Brumeuse et Champ Cristallin) auquel se rajoute en plus une tempête qui ne rapporte aucun point. La seconde fonction consiste à marquer l’écoulement du temps, puisque chaque tour commence par la pioche d’une carte événement. L’ère prend fin dès que le cinquième terrain est pioché, peu importe s’il reste encore des cartes dans la pile. Cela signifie que les parties ne feront pas toujours la même longueur, et pourront comporter entre 15 et 24 tours.

Une fois que la carte événement est révélée, le premier joueur joue l’intégralité de ses actions, on passe au joueur suivant et ainsi de suite. A son tour, un joueur doit réaliser une action obligatoire, plus éventuellement une action de support.

Il existe 3 actions obligatoires différentes. La première, le Développement, permet d’ajouter une carte de commandement de l’ère en cours à sa main. Ces cartes sont au cœur du jeu, et elles peuvent servir absolument à tout : booster vos unités, renverser le déroulement d’une bataille, vous apporter un bonus permanent, etc.

Pour jouer ces cartes, il vous faudra dépenser de l’énergie. Et pour récupérer de l’énergie, il vous faudra Méditer. Cette action permet de récupérer une petite quantité d’énergie, plus on bonus en fonction des cases occupées par vos différentes unités.

Une fois bien équipé, il vous sera plus facile d'Agir. Pour cela, vous allez devoir jouer une carte de votre main. Cette action vous permettra tout d’abord d’utiliser son score de commandement pour gérer vos unités sur le terrain (c'est le nombre inscrit dans le cercle noir en haut à gauche). Il faudra 1 point de commandement pour recruter un trouffion de base, et 2 points pour un golem un peu plus puissant.  Attention, car les unités n’apparaissent pas directement sur le terrain , mais sur votre plateau. Il vous faudra dépenser des points de commandement supplémentaires pour les faire apparaître au côté de votre champion. En plus de ce premier effet, il est également possible de dépenser de l’énergie pour appliquer le pouvoir de la carte en question. Les cartes rouges vous donnent principalement des actions bonus afin de prendre vos ennemis par surprise. Les cartes jaunes vont vous rapporter des points de victoire. Les cartes vertes vous offriront des effets permanents, activables une fois par tour. Et les bleues, enfin, vont venir renforcer vos différentes unités.

Les actions optionnelles sont également plutôt réduites, puisqu’il y en a 4 différentes. Il est tout d’abord possible d’Activer un accessoire, une carte verte préalablement posée sur son plateau individuel

Il est ensuite possible de déplacer une île et de s’Harmoniser. L’harmonisation permet de gagner un petit bonus immédiat, c’est toujours bon à prendre mais l’intérêt de l’action n’est pas là. En changeant la configuration du terrain, on peut complètement bouleverser le déroulement de la partie. Vous pouvez placer vos adversaires sur le passage du gros monstre de service, en espérant qu'il s'occupe de faire le ménage un peu plus tard. Vous pouvez éloigner vos adversaires des zones les plus intéressantes, puisque les déplacements coûtent très chers en points de commandement. Les possibilités sont infinies, et c’est la bonne maîtrise de cette mécanique qui permettra la victoire…

Il est possible de réaliser une Rencontre. Pour cela, on dépense un certain nombre de points d’expériences (1 point pour la première rencontre, 2 pour la deuxième et ainsi de suite) et on gagne la récompense indiquée sur la carte. Petite originalité : il existe deux manières différentes d’aborder la rencontre, avec à chaque fois une récompense différente à la clef. On choisit d'abord, et on regarde après... 

La dernière action optionnelle est le Combat. Habituellement, c’est une composante clef des jeux de conquête de territoire mais Mysthea fait le choix de les mettre en retrait. Chaque joueur dispose en effet d’un artéfact utilisable une fois par ère seulement. Cerise sur le gâteau, cette artefact est utilisé à la fois pour s’harmoniser et pour combattre, ce qui veut dire que vous devrez choisir entre l’une ou l’autre de ces actions. De fait, le combat se provoque et il est souvent plus fun de se demander s’il ne serait pas mieux de balancer un gros monstre là-dedans plutôt que de risquer des troupes.

Le déroulement du combat est assez classique. Chaque combattant commence, s'il le souhaite, par choisir secrètement une carte de commandement. Cette dernière sera défaussée, seule sa couleur entre en ligne de compte. Une carte jaune va permettre d’exfiltrer ses soldats et d’éviter la bataille, une carte bleue va permettre de marquer des points de victoire, une carte verte va rapporter de l’énergie et une carte rouge va doper la puissance de ses troupes. On additionne la valeur des unités en présence, plus éventuellement les bonus actifs, et le gagnant est celui qui a la plus grosse armée. Le perdant perd autant d’unités que le différentiel entre l’attaque et la défense, et le gagnant marque ce différentiel en point de victoire.

Lorsque la cinquième carte terrain est retournée, c’est la fin de l’ère en cours… Chaque terrain rapporte alors des points de victoire à celui qui est majoritaire dessus. Les monstres en jeu sur le plateau peuvent également attaquer, uniquement si leur carte a été tirée dans la pile d'évenement. Pour finir, l’ordre des joueurs est modifié en fonction des scores. Le joueur en tête passe premier, ce qui est particulièrement vicieux car cela va lui donner l'avantage sur toutes les égalités à venir. En effet, si deux joueurs sont ex-aequo (lors d’un affrontement ou face à un monstre, par exemple), c’est le premier à jouer dans l’ordre du tour qui l’emporte. Un bien bel effet « boule de neige », qui peut réserver quelques surprises…

Un combo deck-building et conquête de figurine fait pour des joueurs aguerris

Stratégiquement parlant, Mysthea ne cherche pas à réinventer la roue et rappellera énormément des titres comme Blood rage. Cependant, il serait dommage de crier au simple plagiat. Le petit nouveau comporte en effet suffisamment d’ajouts pour disposer de son identité bien à lui et pour qu’on ne puisse absolument pas parler de simple copié-collé.

Le jeu dispose pour commencer de tout un pan de gameplay tourné autour de la gestion de ressources. Il y a en effet 3 composantes à gérer dans la partie : les valeurs de commandement des cartes de votre main, l’énergie et l’expérience. Chacune d’entre elle a son utilité bien à elle, et ne se gère pas du tout de la même façon.

Ensuite, les rencontre offrent une manière plutôt sympathique de marquer des points. Au début, le système est assez perturbant : on a le choix entre deux comportement parmi 4 (découvrir et explorer, accumuler des richesses, communiquer et comprendre ou combattre) et la récompense associée n’est pas toujours hyper logique. Il est possible d'ignorer cette mécanique qui peut être frustrante en choisissant parmi les deux récompenses de la carte, mais je conseillerai de la conserver car elle apporte une composante de roleplay assez rafraichissante…

Plus original, le système d’harmonisation et de déplacement du plateau permet de tenter des coups de billard à trois bande. Ce n’est pas l’aspect le plus facile du jeu, mais c’est celui qui va vous permettre d’optimiser les déplacements de vos unités et de préparer les attaques de monstres plusieurs tours à l’avance. C’est également une mécanique bien fourbe, car on ne peut se déplacer que sur les îles adjacentes, et encore on ne peut pas changer de type de terrain. Il est donc tout à fait possible de catapulter un adversaire à un endroit bien pourri, où il faudra qu'il dépense énormément de points de commandement pour redéployer ses troupes.

Mais les amateurs de réflexion peuvent se rassurer : les interactions entre les joueurs sont globalement limitées, à l’inverse des titres dont on a parlé plus haut où les combats sont au centre des mécaniques. Il est possible préparer ses actions plusieurs tours à l’avance, et c’est même recommandé si vous voulez assurer un bon rythme aux parties. Mysthea est en effet hyper agréable lorsque les tours s’enchaînent avec fluidité. Mais même dans ces conditions, le format des parties est loin d’être contenu et il n’est pas rare qu’elles prennent entre 3 et 4 heures (hors explication des règles, prenant facilement 2 heures à elles toutes seules).

En revanche, si vous avez un optimisateur fou autour de la table (le genre de type qui commence à réfléchir une fois que c’est à lui de jouer), je vous garantis que vous allez tout simplement détester Mysthea. Vous pensez que j’exagère ? Alors faisons un peu de calcul : une partie peut durer entre 15 et 24 tours, comme on l’a dit plus haut. En considérant que le gros lourd en question met 5 minutes à jouer son tour, cela représente entre 1 et 2 heures de jeu juste pour lui. Il a besoin de 10 minutes ? On passe à 3 heures, et encore sans forcer. C’est un contrariant, et plus vous lui dites d’accélérer plus il ralentit ? Ne niez pas, on en connait tous des comme ça… D’une certaine manière c’est cool, parce que vous aurez probablement le temps de finir un épisode de Call of Duty entre deux tentatives d’immolation par le feu.

Ce défaut mis à part, le jeu est vraiment excellent. Ce qui frappe le plus, c’est son équilibrage au quart de micropoil. Toutes nos parties ont été très disputées et il m’est arrivé de revenir au score et dans le match même  j'avais commencé à prendre du retard. Et sur un jeu expert de ce calibre, c'est une performance remarquable...

Résumé

Public cible : joueur expert confirmé
On est dans le jeu expert pur jus. Si vous êtes à l’aise avec des titres comme Rising Sun, Blood rage ou Scythe, et que vous recherchez quelque-chose qui aille un cran plus loin en termes de possibilités stratégiques, alors Mysthea est fait pour vous. Mais ce n’est pas le genre de titre que j’irais conseiller pour démarrer dans le jeu expert qui pique.

Nombre de joueur : 2 à 5
Les mécaniques sont bien scalables en fonction du nombre de joueurs. Plus on est sur le plateau, moins on fait de points et plus on devra se battre pour défendre son petit pré carré. Testé à 3, 4 et 5 joueurs avec un plaisir de jeu identique.

Durée de partie : 3 bonnes heures, et encore si tout le monde réfléchit pendant le tour des autres
Le jeu comporte potentiellement un grand nombre de tours. Couplé à une multitude de choix et de stratégies, c’est la voie royale vers l’analysis paralysis et les parties interminables. Même en essayant au maximum de réfléchir pendant le tour de ses petits camarades, la durée de partie tutoie allégrement les 3 heures. Avec un optimisateur fou autour de la table, on passe à 5 heures sans forcer. Avec plusieurs, vous vous serez suicidé avant la fin.

Interaction : compétitif, mais moins agressif que les autres jeux avec ce type de mécanique
Il s’agit d’un jeu de contrôle de territoire, où l’on place des unités sur le plateau avant de déclencher des batailles. Mais leur issue est rarement fixée d’avance. Et ce n’est pas le seul moyen de gagner les parties. Dans ces

Rejouabilité : excellente
Le joueur n’est pas noyé sous une tonne d’actions à faire ou de stratégies potentielles. Avec 3 actions principales et 4 actions optionnelles, c’est même plutôt l’inverse. Pourtant, il y a énormément d’approches différentes à expérimenter (batailles, défense, rencontres, monstre, points de victoire via les cartes jaunes, synergies entre les cartes, etc.). Tout va donc être affaire de choix, de synergies et d’optimisations. C’est le combo idéal pour offrir une très forte rejouabilité au titre.

Courbe de progression : « la route est droite, mais la pente est rude ». Si si, très rude.
L'objectif de votre première partie sera la maîtrise des différentes composantes du jeu. Comptez 1 ou 2 parties en plus pour faire le tour des différentes cartes, et ensuite vous pourrez vous intéresser à la stratégie. La boîte demande donc un certain investissement, mais rien d’outrancier non plus.

La conclusion de à propos du Jeu de société : Mysthea [2019]

Auteur Gaetan G.
85

Sans aucun doute, Mysthea est un excellent titre. Il s’appuie sur un système de jeu robuste et efficace qui vous rappellera forcément quelque chose si vous avez déjà posé vos paluches sur des titres comme Blood rage, Rising Sun ou Scythe. Cependant, il serait dommage de le réduire à un simple plagiat de ses illustres ancêtres…

Car sur cette base qui tourne comme une horloge, les auteurs ont su rajouter pas mal de petites subtilités qui enrichissent sensiblement la formule. Citons en vrac un plateau qui se transforme au fil de la partie, une composante de gestion de ressource bien fichue, une diminution de la place des combats au profit de la planification et l'intégration d'une mécanique de deck-building. Le titre n'est pas parfait, on pense notamment à un manuel bien écrit mais difficile à assimiler ou à des durées de partie qui atteignent sans forcer les 3 heures. Mais si vous êtes prêts à passer au-dessus de ces petits défauts, vous trouverez un excellent jeu de contrôle de territoire, un cran au-dessus de ses modèles en termes de complexité comme de profondeur stratégique.

Les fans des jeux précités auraient donc torts de ne pas se procurer Mysthea, il n'y aura pas de doublon avec les titres de leur ludothèque. Mais de manière plus étonnante, ce titre pourra également séduire ceux qui préfèrent les mécaniques posées où les coups s’anticipent plusieurs tours à l’avance. Il y aura régulièrement des affrontements, certes, mais ceux-ci ne tiennent pas une place prépondérante et il y a moyen de gagner autrement. Les autres, en revanche, risquent d’être un peu rebutés par l’investissement demandé à l’entrée. N’hésitez donc pas à tenter l'expérience si vous le voyez passer, mais ne cherchez à le juger à la première partie et persévérez un peu, il en vaut le coup.

On a aimé

  • Une direction artistique flamboyante
  • Des figurines magnifiques, y compris les mobs de base
  • La base des mécaniques est classique et efficace…
  • … Mais le jeu comporte suffisamment de points originaux pour avoir son identité bien à lui
  • Rejouabilité monstrueuse
  • La companion app, qui facilite vraiment les premières parties
  • Quelques mécaniques bien fourbasses (comme l’harmonisation)
  • Un jeu de conquête de territoire qui ne met pas le combat au centre du jeu, c’est original

On a moins bien aimé

  • Un côté "patchwork de mécaniques prises ici ou là" qui pourra déranger
  • Demande un certain investissement. Le manuel est bien écrit, mais pourtant on a énormément de mal à l’assimiler. De fait, la première partie est difficile.
  • Durée de partie entre le long (si tout le monde s’efforce de réfléchir pendant le tour des autres) et l’interminable (dans le cas contraire)
  • Du jeu expert pour joueur confirmé. Evitez de passer directement de Kingdomino à Mysthea, ou on va vous ramasser par terre, en train de baver en position fœtale

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