Interview de Julien B. et Vincent L. auteur et éditeur de Vermine 2047

Vermine 2047 le JdR en foulancement responsable dès ce 05 avril

Vermine 2047 est un JdR post-apocalyptique dans un futur proche sur Terre où la Nature a repris ses droits et a développé des ressources insoupçonnées pour se débarrasser du cancer qu’est l’Humanité et qui la menaçait. La planète et ses plantes ont rasé la société de l’information et de la mondialisation des Hommes. Certaines espèces animales ont muté et de proie elles sont maintenant passées à de terribles prédateurs. L’Humanité a sombré dans le chaos, perdant toute sa civilisation, sa technologie et se retrouve au plus bas de l’échelle alimentaire… De nouvelles symbioses se sont mises en place. L’Homme lutte pour survire. Le chamanisme et l’écologie basiques voir primaires sont d’éventuelles pistes de survie mais rien n’est acquis ou déterminé à l’avance. Tout équilibre est fragile. Tout évolue et tout est à défendre en permanence…
Le foulancement de Vermine 2047 sera sur la plateforme Ulule dès ce 05 avril et proposera de financer trois livres : L’Univers, Les Règles et Le Groupe.

SFU : Bonjour Julien Blondel (auteur) et Vincent Lelavechef (éditeur). Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs qui ne vous connaitraient pas ?
Julien BLONDEL (JB) : Salut tout le monde. Je bosse dans le jeu de rôles depuis 1994, je pense que les rôlistes me connaissent surtout pour Prophecy, Vermine, Backstab, GODS ou les Métabarons. Je suis auteur et scénariste pour le jeu vidéo, la bande dessinée et la série télé. Je m’occupe de l’adaptation d’Elric chez Glénat notamment, et je prépare ma reconversion pour devenir maraicher.
Vincent LELAVECHEF (VL) : Salut Nurthor ! Depuis plus de dix ans, c’était moi qui posais les questions sur Scifi-Universe. Ça change, me voilà de l’autre côté du miroir… Donc pour répondre à ta question, je suis concepteur de jeu, et je travaille depuis quelques années pour le Studio Agate, où je dirige les gammes 7ème mer, Chroniques des Ténèbres et, donc, dans le cas qui nous intéresse maintenant, Vermine 2047. J’écris aussi, je fais le café, je gère la photocopieuse et je paye des coups à Julien Blondel. Franchement, il y a pire comme job.

SFU : Vermine 2047 est un JdR post-apocalyptique original et assez loin du classique Mad Max. Pouvez-vous nous le présenter en quelques mots ?
JB : Vermine, c’est un jeu de rôles post-apocalyptique dans ce pourrait devenir notre monde, d’ici quelques années. On part du postulat que notre modèle de société et de civilisation est voué à sa perte, que la Nature se défend contre les agressions de l’espèce humaine et qu’elle régule l’Humanité comme elle l’a fait pour d’autres – si ce n’est que pour ébranler la civilisation et reléguer l’humanité au rang de simple proie, il n’y pas besoin de grand cataclysme : il suffit de regarder par sa fenêtre pour se rendre qu’on y va déjà tout droit…

SFU : Vermine 2047 est une réédition du Vermine de 2005 édité alors chez 7e Cercle ? Quelles sont les nouveautés et spécificités de cette deuxième édition qui promet d'être une campagne responsable (cf image explicative ci-dessous) ?
JB : Ce n’est pas une « réédition » pour moi, c’est un nouveau Vermine. Tous les textes ont été réécrits de zéro, avec un principe de narrateurs pour décrire l’univers à la première personne, le jeu propose de nouvelles options, de nouvelles façons de jouer, et les règles sont basées sur le nouveau système Totem. Les joueurs de la première version y retrouveront de nombreux ingrédients qui restent emblématiques de Vermine, comme les Totems, les rumeurs, les insectes, le principe de Réserves ou le système au dé 10, mais c’est un nouveau jeu pour moi. C’est le Vermine que j’aurais eu envie de faire aujourd’hui.

SFU : Qui a eu l’idée de relancer ce JdR ? Pourquoi ?
JB : Quand la première gamme s’est arrêtée autour de 2006 / 2007, je me suis un peu retiré du jeu de rôle papier pour fonder un studio de développement de serious games et bosser pour Danone, L’Oréal et le Grand Capital pendant quelques années. Le jeu a continué à vivre de son côté, porté par la communauté et l’ami Fabien « Amatsu » Gest de VerZine, qui est le premier à qui j’ai proposé de me rejoindre dans la nouvelle équipe 2047. Je m’étais toujours promis d’y revenir un jour et d’essayer d’aller « au bout du truc ». Quand Nelyhann est venu me contacter pour me proposer de relancer Vermine, c’était en… 2011 je crois ? Ils venaient de publier Les ombres d'Esteren en collectif, ça n’avait encore rien de ce que le Studio Agate est devenu depuis, mais ils avaient déjà ce côté créatif un peu fou et ce rapport à leur communauté qui me plaisaient, alors on s’est lancés. On a mis « un peu » de temps à démarrer, mais depuis trois ans maintenant, ce nouveau Vermine 2047 est sur les rails, et ça fait bien plaisir !

SFU : Qui travaille avec vous sur ce projet ?
JB : C’est clairement le genre de projets qu’on ne peut pas faire tout seul, ou qu’on ferait juste moins bien. J’ai écrit le premier Kit de Survie en solo, j’avais envie de m’y remettre et de poser une première pierre pour la suite de la gamme, mais il y a toute une équipe d’illustrateurs, de graphistes, de maquettistes et de relecteurs autour qui font vraiment un taf de malade sur le projet. Au niveau de l’écriture, des tests, du développement des règles et des scénarios, rien que sur les trois premiers livres, je pense qu’on doit être une bonne vingtaine d’auteurs et d’autrices ?

SFU : Vermine 2047 semble présenter une Terre dévastée et presque débarrassée du cancer qu’est l’être humain. Une Terre vers laquelle nous semblons courir tout droit aujourd’hui dans notre monde réel, entre réchauffement climatique, pandémies, carences des matières premières, de l’eau, etc. C’est presque un documentaire, non ?
JB : Ça le devient de plus en plus, et je t’avoue que c’est parfois assez déconcertant. Imaginer notre monde ravagé par les épidémies, l’effondrement, les crises sanitaires et le réchauffement climatique, ça restait de la « fiction » pour beaucoup quand j’ai commencé à travailler sur Vermine début 2000. Les sujets liés à l’environnement étaient loin de faire la une, à l’époque… Aujourd’hui, le jeu a été tellement rattrapé par la réalité, qu’on va bientôt finir par pouvoir le ranger dans la catégorie « contemporain ».

SFU : Par rapport à d’autres jeux, Vermine 2047 est-il plutôt « réaliste » voire « simulationniste » ? Y’a-t-il du fantastique, de la magie ?
JB : Ça dépend de ce que les joueurs auront envie d’y trouver. Le principe des Modes de jeu, c’est de permettre aux joueurs de déterminer eux-mêmes le degré de réalisme, d’horreur et de surnaturel de leur univers de jeu. Certains voudront plutôt jouer sur le côté « survie » dans un environnement réaliste, une projection de notre monde en 2047, sans rien de surnaturel, ni mutants, ni créatures géantes. Et d’autres auront envie de mystères, de fantastique, de chamans, de descentes dans le métro pour exterminer des araignées géantes de trois mètres… Pourquoi imposer une seule vision du monde, quand on peut en proposer plusieurs aux joueurs ?

SFU : Dans ce genre d’univers post-apo, quel type de personnages les joueuses et les joueurs pourront-ils incarner ?
JB : Des nomades, des ferrailleurs, des mercenaires, des explorateurs, des cannibales, des chamans, des exterminateurs, des membres d’une communauté, des survivants adaptés ou des nostalgiques de la civilisation… Au-delà des personnages, le plus important, c’est vraiment le groupe qu’ils vont former et que les joueurs vont créer, en se fixant leurs propres objectifs, leurs quêtes qui serviront de moteurs à leur campagne. C’est pas le genre d’univers où on peut survivre seul. Ou alors, pas longtemps…

SFU : Quels types d’aventures allons-nous pouvoir jouer dans cet univers ? Vermine 2047 se prête-t-il aux one shoot ou est-ce avant tout un jeu de campagne ?
JB : Why not both ? Je pense que c’est un jeu qui se prête bien au one-shot – un village, un incident, une rencontre – et même à des parties de découverte, puisqu’il se déroule dans « notre » monde et qu’il permet aux joueurs de se projeter facilement. Après, je reste convaincu que le jeu prend tout son intérêt en campagne sur le long terme, en faisant progresser le groupe des personnages, et en laissant les joueurs explorer, découvrir l’univers et le faire évoluer via les options de vote et les rumeurs.

SFU : Vermine 2047 est-il un jeu de rôle à secrets ? On parle beaucoup du principe des « rumeurs ». Les aventures et les actions des personnages ont-elles des conséquences sur l’univers ?
JB : Le propre d’un univers où personne ne sait vraiment ce qui est vrai, c’est que rien n’est vraiment « vrai » tant que les joueurs ne l’ont pas décidé. Mettons que les personnages trouvent un enfant blessé, en état de choc, qui leur dit que sa famille a été « massacrée par une veuve noire géante ». Est-ce qu’elle existe ? Est-ce qu’il l’a vue ? Ou est-ce qu’il s’agissait juste d’un ours, d’un colosse, du véhicule d’une horde de cannibales ? Les joueurs votent à bulletin secret, ils décident si la Rumeur est vraie ou fausse, et la Rumeur deviendra vraie ou fausse. Mais tant que leurs personnages ne seront pas allés voir par eux-mêmes, seul le meneur de jeu saura ce qu’ils ont réellement décidé…

SFU : Vermine 2047 dispose de sa propre mécanique nommée Totem. Julien, peux-tu nous présenter son système et ses règles principales ? Quelles ont-été tes sources d’inspiration ?
JB : Totem, c’est un peu la synthèse des mécaniques de jeu sur lesquelles je travaillais déjà pour Prophecy. Le côté « groupe » de personnages, les mécaniques de jeu collectives, le lien entre les personnages et les grands principes de l’univers… Un « bon » système de jeu doit être directement lié aux points forts de l’univers – comme le principe des Anneaux à L5R, le dé 666 à INS/MV, le Chapitre de fin de partie à Miles Christi. Les mécaniques de jeu, c’est ce qui relie les joueurs à l’univers, et ça passe concrètement par leurs fiches de personnages. Le principe des « dés de Totem » vient clairement du concept de « Tendances » de Prophecy, et les huit grands Totems de Vermine ne sont pas si éloignés des Grands Dragons – ils incarnent des principes avant tout, et ça doit se retrouver dans les concepts de jeu. Le reste, c’est juste des dés qui roulent.

SFU : En parlant des Totems, vous seriez plutôt… Bâtisseur ? Ruche ? Symbiote ?
JB : Hmmm… Solitaire ascendant Rick dans Walking Dead : Passé Décomposé, ça t’irait ?
VL : Moi je suis plutôt un Bâtisseur, avec mes collègues du Studio. On est là pour créer. :)

SFU : La campagne de financement sur la plateforme Ulule va démarrer le 5 avril. Où en est l’écriture des trois livres, et quel volume feront-ils à peu près ?
VL :
À ce jour, les trois livres (Univers, Règles et Groupe) sont écrits. Nous sommes en train de valider et corriger les textes, et surtout de commander les illustrations qui seront dans les livres. Chacun des livres fera 128 pages, ce qui nous amènera à un beau bébé de 384 pages au final. Une belle base pour aller explorer la France de 2047 !

SFU : En plus des livres et une boite collector de rangement magnifique (visuel en exclusivité pour SciFi-Universe ci-dessous), on imagine que d’autres éléments seront proposés, comme un écran ou des dés spécifiques ?
VL : Bien vu ! Nous allons proposer, en plus des trois livres de base, quelques accessoires. L’écran du meneur pour commencer. Que serait un jeu de rôle sans son écran ? Il y aura également des dés personnalisés, de trois couleurs différentes pour utiliser toutes les options du système, ainsi qu’un deck de Rencontres qui proposera une cinquantaine d’antagonistes à opposer aux joueurs, de la colonie de fourmis rouge à la horde de rats en passant par des humains cannibales. Et puis, pour celles et ceux qui vont pledger dans les premières quarante-huit heures, un poster A1 de la France de 2047 sera offert. Nous avons également quelques autres surprises dans la manche. N’hésitez pas à aller consulter la page Ulule, vous pourriez bien y trouver une ou deux autres petites choses intéressante (hou, le vil teaser !).
JB : Yep. Et de la bière.

SFU : Qu’allez-vous proposer comme bonus pendant ce foulancement ?
VL : Il y aura deux sortes de bonus. Il y a tout d’abord des paliers dont le déblocage sera lié à la somme récoltée. Le projet Vermine 2047 sera financé à 20.047€, et à partir de 30.047€, nous ajouterons aux contreparties un nouveau supplément: La Route. La Route sera le cinquième livre de la gamme (après le Kit de survie, l’Univers, les Règles et le Groupe). Il proposera des scénarios et des rumeurs, bref, du matos pour jouer. Chaque nouveau palier va upgrader La Route, ajouter encore plus de matériel de jeu : des cartes, des prétirés, etc. Au final, si ça se passe bien, les souscripteurs pourront repartir avec quatre livres pour le prix de trois. Mais ce n’est pas tout, on a aussi des Défis…
JB : … et de la bière !

SFU : Un petit scoop pour SciFi-Universe ?
JB : Désolé, j’ai promis de pas parler de la bière Vermine, et je peux rien dire non plus sur les stages de survie dans les bois, les sorties Urbex avec l’équipe, les soirées dégustation d’insectes, les projets d’actual play et les packs d’assets pour les VTT. J’ai promis.

SFU : Un suivi de gamme est-il déjà prévu pour Vermine 2047 ? Si oui, sous quelle forme et avec quel agenda idéal ?
VL : Alors déjà, on va attendre de voir quel accueil est réservé à Vermine 2047. Pour l’instant, nous avons des idées, mais rien n’est mis en chantier. Si l’accueil est bon, si la communauté souhaite un suivi, nous avons des projets…
JB : Ce qui est sûr, c’est qu’on ne partira pas sur une gamme à la Donj’ avec des gros bouquins qui servent à rien. Des scénarios, des rumeurs, des régions, du bac à sable : du matériel de jeu qu’on peut développer avec notre communauté de joueurs, et pour notre communauté de joueurs.

SFU : À quel public s’adresse Vermine 2047 ?
VL : Vermine 2047 est un jeu protéiforme. On peut y jouer de bien des manières, du survivalisme très simulationniste (et mortel) à l’actionner bourrin (et mortel aussi) à la Aliens où on castagne des scarabées géants. Chacun pourra le personnaliser en fonction de ses envies, et y mettre le degré de noirceur et de réflexion politique qu’il le souhaite. À mon sens, il peut donc s’adresser à toute sorte de public, d’autant que le livre ne sera pas graphiquement « trash ». Après, si vous avez une peur panique des insectes, ce n’est peut-être pas pour vous… ou peut-être que si, si vous voulez vous faire quelques frayeurs.

SFU : On vous sait tous les deux rôlistes. À quels jeux de rôle jouez-vous et à quelle fréquence ? Quels sont vos univers de JdR ou autres préférés ?
VL : Depuis un an, je ne joue malheureusement plus beaucoup. Le jeu online, ce n’est pas du tout ma came. Moi j’aime voir des potes, boire des bières, causer en vrai. J’attends avec impatience notre remise en liberté. Mes univers de jeu de rôle préférés, je te dirais bien Les ombres d'Esteren, Dragons, 7e mer et Vermine 2047, mais ce serait un peu trop corporate pour moi. J’aime beaucoup le taf des autres éditeurs aussi. Là, dès qu’on peut rejouer en vrai, je me lance dans Pax elfica qui est, sur le papier, la meilleure campagne que j’ai lue ces dernières années.
JB : Écoute, ça doit bien faire quinze ans que j’ai pas fait une partie à l’ancienne avec un groupe de potes. Quand on arrive à se réunir, on est plutôt en mode barbeuc, grosse soirée et whisky aux Furieux. Je profite des conventions pour m’asseoir à une table l’air de rien et jouer avec des inconnus, ou je débarque carrément chez des joueurs que je rencontre sur le net et que je trouve cool, comme ça, hop.

SFU : Vos dés de MJ ne servent-ils qu’à faire du bruit derrière votre paravent ?
VL : Jamais. Je suis un con de MJ qui joue by the book. Et je vais même aller plus loin (si, si, j’ose) : pour moi, le système est au moins aussi important que l’univers. Allez-y, jetez-moi des cailloux !
JB : Je suis du genre à lancer des parties à l’improviste, sans matos ni scénar, donc j’ai rarement d’écran. J’aime pas ce côté « MJ », de toute façon. Je lance toujours les dés devant les joueurs, si possible en prenant leurs dés fétiches pour bien les faire stresser quand une de mes bestioles sort d’une vieille grange en faisant KkrkrkK… Après, est-ce qu’inventer les règles, c’est tricher ?

SFU : Travaillez-vous sur d’autres projets, ensemble ou séparément ?
JB : J’ai pas mal de gros trucs en chantier en BD et en série télé, dont le Conan le Cimmérien chez Glénat qui sort en fin d’année, la suite de l’adaptation d’Elric ou le projet Vanikoro avec Xavier Gens. Après, là c’est le printemps, donc je suis plutôt à fond au jardin sur mes buttes et mes semis de tomates...
VL : Et on travaille ensemble sur le barbecue estival de sortie de crise. Le projet le plus important de 2021 pour moi !

SFU : Merci à vous deux pour cette belle interview fleuve, spécialité de notre Nécroman Nurthor assité cette fois de Stéphane Chapus. Vous souhaitant tout le meilleur pour… la Terre ou les survivants de Vermine 2047… Euh en tout cas, on vous souhaite un beau succès pour ce financement participatif qui se déroulera par !

 

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