John Carpenter, artisan du cinéma > Carpenter, une introduction

Artisan ou auteur ; artisan et auteur ?

Lorsqu’on parle d’artisan, on évoque immanquablement l’amour du travail bien fait, à la main, en opposition aux productions en série. Ce terme va à ravir à l’œuvre de John Carpenter et c’est pourquoi je l’ai choisi pour parler du cinéaste dans ce dossier. En effet, au-delà des modes, le cinéaste a toujours su livrer des films réalisés avec honnêteté et efficacité, tirant le meilleur de budgets souvent malingres. Il a tissé une œuvre constamment cohérente, et toujours centré sur les genres que nous aimons : science fiction et fantastique. Il y resté fidèle, à l’heure ou beaucoup de ces collègues s’essayaient à un cinéma plus grand public et plus reconnu par la critique (comme David Cronenberg ou Wes Craven).
Pour autant, le talent de John Carpenter n’est pas toujours apprécié à sa juste valeur, surtout aux Etats-Unis. Il le reconnaît lui-même avec beaucoup d'ironie :
"En France, je suis un auteur, en Allemagne, je suis un cinéaste. En Grande Bretagne, je suis un réalisateur de film d'horreur. Aux Etats-Unis, je suis un raté".
Alors bien sur, le style Carpenter, on aime ou on rejette. Pour certains, il s’agit d’un des réalisateurs les plus inventifs et les plus intéressants encore en activité. Pour d’autres, c’est un réalisateur de films cheap et mal foutus, au discours limité. Une chose est toutefois certaine : Carpenter est fidèle aux genres qu’il affectionne. Il ne tentera pas d’intégrer le mainstream ni de faire des concessions. Tous ses passages au sein d’un grand studio se sont terminés en demi teinte (demi succès public et critique comme The Thing, ou francs échecs comme Jack Burton dans les griffes du Mandarin).
En presque 30 ans de carrière, Carpenter a signé des classiques presque immédiats de la SF et du fantastique, très souvent plagiés. Ce type a quand même pondu le premier (et le plus regardable) des slashers avec Halloween, le trip horrifique ultime avec The Thing, la série B d'action SF de référence avec New York 97. Dix ans avant tout le monde, il rend un hommage délirant aux films de Hong Kong avec Jack Burton, et il réussit à transcrire à l’écran les visions dantesques et « innomables » de l’écrivain H.P Lovecratf avec L'antre de la Folie. Le tout en restant indépendant.
Un solide artisan, donc, dont je vous propose de dérouler ensemble la riche carrière…
Mais alors, comment expliquer un succès en demi teinte auprès du grand public ? Laissons Carpenter l’expliquer lui-même :
« Spielberg et Lucas ont un sens aigu de ce que recherche le public… Ils savent comment lui faire plaisir. Chose dont je suis totalement incapable, parce que je fais d’abord ce métier pour moi. »