Interview d'Anthony Jean dessinateur du tome 3 de Conan

Profitant de la venue sur Grenoble du dessinateur du troisième tome de la saga Conan le Cimmérien chez Glénat ce vendredi 28 septembre, nous avons pu le rencontrer et lui poser quelques questions. Il nous a montré quelques dessins de son futur projet BD dont un est publié en fin de cette interview et en exclusivité pour nos lecteurs !


SFU : Bonjour Anthony. Merci de te présenter pour nos lecteurs qui ne te connaîtraient pas

Anthony Jean : Je m’appelle Anthony Jean. Je vis à Salon de Provence dans les Bouches-du-Rhône. Lorsque j’étais petit, j’étais bon en mathématiques, aussi en dessin et j’aimais les Lego, alors mes parents ont fait une addition assez logique et m’auraient bien vu ingénieur en aéronautique. Mais lors de l’année de mon bac S, je fis le constat que le dessin artistique me plaisait bien d'avantage que le dessin technique. J’intègre alors une école Lyonnaise spécialisée dans les métiers du dessin. Où j’apprends la bande dessinée, l’illustration, la peinture, la sculpture, le dessin animé…. Pendant ma dernière année d’école, je démarche très tôt les éditeurs en fréquentant les salons avec mon projet de diplôme sous le bras (une adaptation d’Edgar Poe en BD). Les éditions Delcourt accrochent très vite à mon travail et je garde contact avec eux tout au long de cette dernière année d’étude. Ce sont eux qui me mettent en relation avec Mathieu Gabella avec qui je signe mon 1er contrat sur la série « La Licorne ». Une superbe aventure sur 4 tomes. Puis se sont enchainés divers projets, un livre illustré l’Odyssée chez Glénat (avec mes amis Yann Tisseron et Mikael Bourgouin), un tome de la BD « Communardes ! » chez Vents d’Ouest avec Wilfrid Lupano au scénario et maintenant la sortie du 3e tome de Conan chez Glénat : « Au-delà de la rivière noire ».


SFU : Comment es-tu venu à travailler sur le projet de la série DB de Conan et depuis quand ?  Est-ce toi qui a choisi la nouvelle ou était-elle imposée par Glénat ?

Anthony JeanGlénat nous a contacté avec Mathieu [Gabella] pour réaliser un tome de la saga Conan le Cimmérien. Ils nous ont proposé trois nouvelles de Robert E. Howard. « Au-delà de la rivière noire » fut celle qui m’inspirait le plus avec son coté aventure, l’occasion de pouvoir changer d’environnement en dessinant cette jungle tropicale habitée par ces tribus indigènes que sont les pictes, et de mettre en scène des séquence de combats bien dynamiques et violentes [rires].


SFU : Quels sont des sources d‘inspiration ? As-tu (re)lu la nouvelle de la BD ou d’autres de Howard ou au contraire non pour être libre dans ta création et inspiration ?

Anthony Jean : Je ne suis pas un passionné de Conan ni de Howard, et comme la plupart des gens, ma seule connaissance du personnage s’arrêtait au film interprété par Arnold Schwarzenegger. Donc la Fantasy est un monde imaginaire que je connaissais assez mal ou sur lequel j’avais quelques clichés, voir quelques préjugés. Après avoir lu et choisi la nouvelle proposée par Glénat, j’ai essayé de m’approprier le récit et de l’amener vers quelque chose qui me correspondait mieux, quelque chose de plus sombre, plus réaliste, plus crédible, et peut-être en apporter une vision un peu plus moderne du personnage tout en restant fidèle à l’esprit et au message d’Howard.


SFU : Ce fut un projet difficile, long ou compliqué ?

Anthony Jean : Non ce fut un bon projet. Je connais très bien Mathieu Gabella avec qui j’ai fait les 4 tomes de la La Licorne soit quelques années de travaux communs et Glénat a été très correct avec nous, en nous laissant carte presque blanche sur ma création.


SFU : Tu as dessiné sur papier ou sur écran ? Qu’en est-il pour la mise en couleur ?

Anthony Jean : Beaucoup, environ 90%, de mes dessins, peintures à l’acryliques ou encres de chine et feutres, pour Conan sont des « originaux » réalisés sur papier. La mise en couleur des planches en revanche est réalisée à la tablette graphique pour plus de rapidité et d’adaptabilité.


SFU : Comment as-tu travaillé avec Mathieu Gabella le scénariste ?

Anthony Jean : On se connait depuis longtemps du coup on sait comment chacun de nous travaille. En général, je storyboarde le récit en 3 blocs de 15 pages, chaque bloc donnant suite à un débriefing avec Mathieu [Gabella] pour voir si la narration fonctionne ou non, si on a des modifications à apporter ou non aux scènes. C’est l’étape la plus importante dans la réalisation d’un album. Ensuite une fois que nous nous sommes mis d’accord, je passe à la réalisation à proprement parler des pages. En général, j’en mène 3 de front ce qui me permet d’alterner entre le crayonné de l’une, l’encrage de l’autre ou sa mise en couleur au gré de mes humeurs du matin.


SFU : As-tu des regrets sur cette BD ?

Anthony Jean : J’aimais bien mon Conan avec ses deux haches mais Patrice Louinet m’a clairement dit non [rires]. Une hache et une épée, si je voulais mais pas deux haches car l’arme de prédilection de Conan est l’épée. Mais c’est plus pour la petite histoire. Sinon j’ai eu carte blanche sur ma vision de Conan « badass » avec tout son attirail sur lui son épée, sa hache, son arc, son carquois, sa ceinture, son armure, etc… mais aussi sur mon envie de dessiner une jungle tropicale étouffante et bien verdoyante.


SFU : As-tu des lu et échangé avec les auteurs des deux premiers tomes de Conan publiés en Mai en France [La Reine de la Cote Noire et le Colosse Noir) ?

Anthony Jean : Non. Bien que nous disposions d’un groupe Facebook privé et fermé pour échanger entre nous les auteurs, nous nous en sommes finalement assez peu servit. Je pense que chacun de nous ne voulait pas être trop influencé par la vision des autres [dessinateurs et scénaristes] que ce soit sur Conan lui-même ou notre vision du monde de Howard.


SFU : Que lis-tu actuellement ?

Anthony Jean : « Le suspendu de Conakry » de Jean-Christophe Rufin. Un peu déçu…


SFU : Es-tu joueur de jeux de société, de jeux de plateau, de wargame, vidéo, de JdR ou autre ? Si oui des quels, quels sont tes préférés, auxquels joues-tu et à quelle fréquence ?

Anthony Jean : J’ai beaucoup joué étant ado à Warhammer 40 000 avec des figurines et leurs batailles énormes. C’est aussi avec ces jeux que j’ai acquis mes bases de peintures [rires]. J’aime toujours les jeux mais maintenant, je préfère les petits jeux simples et rapides que l’on peut expliquer en 2mn et qui durent 15 à 30mn au maximum.


SFU : Quels sont tes futurs projets « avec » Conan ?

Anthony Jean : Pas de projet en vue avec Conan. Peut-être que Monolith, pour qui j’ai fait les illustrations des boites de leur futur jeu Batman, issu des comics dont je suis hyper fan, aura besoin d’un dessinateur pour son prochain Kickstarter en 2019 pour une extension de leur jeu Conan ? Il faudra alors que j’arrive à coller à leur version de Conan car ils ont déjà créé leur propre visuel qui est assez différent du mien…  Mais ce serait avec plaisir !


SFU : Quels sont tes futurs projets, pour le coup  « sans » Conan ?

Anthony Jean : Je te livre un scoop pour Scifi-Universe ! Avec Mathieu Gabella aux histoires énormes et épiques, un de mes deux comparses l’autre étant Wilfrid Lupano aux histoires plus poétiques et douces, nous venons de signer avec Glénat, une nouvelle série sur le thème du Western « Fantastique » ! On va dire quelque chose entre Sergio Leone et Mad Max… Mais je n’en dirai pas plus ! Seulement un dessin de ma composition et en avant avant avant première pour Scifi-Universe !


SFU : Merci beaucoup d’avoir répondu à cette interview et pour ton dessin exclusif de ta future nouvelle saga BD ! Bonne suite à toi et tes projets !

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