Critique Siege of the Dead

Avis critique rédigé par Nicolas L. le mercredi 2 février 2011 à 00h25

Loser of the dead

Michael n'est pas un mec en veine. Il aurait dû s’appeler Murphy. Comme si cela ne lui suffisait pas se faire larguer par sa copine, quand il se rend à Berlin pour, sous prétexte de lui rendre ses clés, tenter de se rabibocher avec elle, non seulement il ne la trouve pas à son domicile mais, en plus, il se retrouve coincé dans un appartement, avec une horde de morts-vivants qui tambourine à la porte. Quand à son téléphone, merde, il est tombé dans les escaliers... La loose

Siege of the Dead est un film de zombies. Encore un, vous allez me dire. Oui, c'est vrai, d'autant plus que son scénario ne propose rien de bien révolutionnaire, du moins quand l'on prend son fond en considération. En effet, on se retrouve à nouveau avec un groupe de personnages qui fait face à une invasion de morts-vivants en se retranchant dans une « enceinte fortifiée". Donc, que cela soit, un pâté d'immeubles - comme ici -, un supermarché, une base militaire ou même une maison dans les bois, les enjeux sont les mêmes: réussir à faire cohabiter et, surtout, interagir des personnages qui jusqu'alors, dans des conditions normales, s'étaient royalement ignorés. On se retrouve donc avec des individualités devant se plier à un code de survie et qui, contre toutes attentes, peuvent adopter des comportements héroïques et irréfléchis, voire suicidaires.

Cette exploration humaniste est le sujet de la plupart des films de zombies, l'effondrement des codes sociaux étant un excellent terreau pour ce faire. Chaque artiste en a été de sa méthode. Certains l'ont abordé de manière très dure, d'autres de façon plus cérébrale, nombreux ont choisi la voie du burlesque. L'originalité du film de Marvin Kren et Benjamin Hessler (le scénariste) est qu'ils n'ont emprunté aucune de ces pistes, ils les ont brassées, faisant de Siege of the Dead une comédie dramatique où l'humour caustique et l'émotion sont au rendez-vous - principalement grâce à la belle construction du personnage principal, Michael. Il faut dire que dans leur film, ils ne l'épargnent pas ce pauvre Michael, véritable loser un peu bedonnant, souffrant de calvitie et vêtu de fringues ringardes. A tant s'acharner à retrouver son amour perdu, il en est même pathétique et certaines séquences, comme lorsqu'il est alité avec un lapin domestique sur le bide, respirent un humour cruel qui fait vraiment mouche (la scène de retrouvailles, où après avoir subi mille épreuves pour rejoindre sa dulcinée, il se fait jeter comme une merde, vaut aussi son pesant de cacahuètes). De plus, comme les gags sont distillés avec parcimonie dans un environnement sombre et grave (on est loin des comédies à la Bienvenue à Zombieland ou Shaun of the Dead) et qu'ils plongent souvent les personnages dans des situations calamiteuses, on rit souvent, mais toujours jaune, comme quand l'arme improvisée de Harper (une fronde) se brise dés le premier essai alors qu'une vague de zombies se rue sur lui. Le ridicule ne tue pas ? Pas toujours…

Avec son flux narratif bien densifié par un format assez court (un peu plus d'une heure), Siege of the Dead se pose comme une œuvre au climat bien tendu, chaque situation en entrainant une autre, plus dramatique, sans digresser. Concentrant le récit dans l'essentiel, visant à rendre l'intrigue la plus serrée possible, Marvin Kren a pris pour option de se consacrer à l'instant présent, qui voit des assiégés en manque de provisions se retrouvant le dos au mur (un mur que, dans une séquence très amusante, les personnages explosent avec un bélier bricolé). Cependant, si l'on ne sait rien des personnages entourant Michael, les cinéastes, par quelques petites touches, ont trouvé le moyen de nous les rendre attachants (le coup de téléphone, trois mots, de Harper à sa mère; la discussion entre le voisin et sa femme infectée, l'humiliation de Michael, etc.). Les méthodes employées ne sont pas renversantes d'originalité, mais elles sont efficaces.

Cette efficacité, on la retrouve dans les effets spéciaux et la réalisation. Marvin Kren aurait pu céder à la facilité: shaky cam, faux docu, jump scare, bref tous les artifices utilisés par les cancres pour tenter de masquer la médiocrité conceptuelle d'une œuvre. Culotté, il a choisi la méthode totalement inverse avec des séquences posées, aux assises dramatiques, beaucoup de cadres très larges (de superbes plans en plongée sur une cour intérieure infestée de zombies) et une mise en scène traditionnelle ; tout cela au risque d'accoucher d'une œuvre en manque de rythme et affichant ses limites budgétaires, notamment dans le domaine des effets spéciaux. Heureusement, il n'en est rien tant le réalisateur était bien conscient de ses capacités et de ses moyens techniques. Sans faire dans l'esbroufe, les plans s'enchainent à un rythme bien calibré et les séquences d'attaques de morts-vivants sont très convaincantes, principalement grâce à des maquillages discrets mais réussis. Bref, du travail bien fait.

La conclusion de à propos du Film : Siege of the Dead

Auteur Nicolas L.
65

Siege of the Dead est une bonne surprise. Malgré un budget ridicule, Marvin Kren parvient à construire une œuvre efficace qui fait honneur au genre, même si elle ne le révolutionne pas. Conscient de ses possibilités, et surtout de ses limites, le cinéaste nous offre là une comédie dramatique horrifique efficace et qui le fruit d’une réalisation excellemment bien maitrisée.

On a aimé

  • Une réalisation efficace
  • Un scénario simple mais accrocheur
  • Une comédie dramatique qui fonctionne
  • Des effets spéciaux discrets mais réussis

On a moins bien aimé

  • Ne révolutionne pas le genre
  • Peu spectaculaire
  • Des personnages peu approfondis

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