Critique Comte zéro #2 [1986]

Avis critique rédigé par Manu B. le lundi 16 octobre 2006 à 06h32

Comte zéro

«Ils flanquèrent un pistard aux trousses de Turner, dans les vieilles rues de Delhi, calé sur ses phéromones et sa couleur de cheveux. Il le rattrapa dans une rue nommée Chandni Chauk et se précipita vers sa BMW de location à travers une forêt de jambes nues et brunes et de pneus de vélos-pousse. En son coeur : un kilo d'hexogène recristallisé et de TNT en paillettes...»
Turner est mercenaire et spécialisé dans les opérations comme l'exfiltration et il est embauché par un certain Conroy pour débaucher un ingénieur du nom de Mitchell de la très fameuse société Maas Biolabs, dont l'importance économique prend des dimensions titanesques. Il est prévu que Mitchell s'enfuit de son employeur dans l'Arizona, où l'attend Turner et son équipe. A Paris, Marly est galeriste, dont la dernière galerie a fait un flop, et se voit confier une mystérieuse mission par le mécène richissime Virek : retrouver l'artiste qui a conçu une des boîtes "poétiques" responsable de sa faillite et qui fascine tant le multimilliardaire. Bobby, jeune hackeur, un "Wilson", à proximité de New York, teste un nouveau biogiciel, en vue de craquer un système, et manque de se faire cramer le cerveau. Trois vie, trois lieux sans rapport en apparence, et pourtant...
Et si les dieux étaient numériques ?
Suite du chef d'oeuvre Neuromancien, comte zéro prend les mêmes personnages, le même cadre que le précédent roman avec une intrigue peut-être un peu plus barrée. Encore une fois, il y est question de ces groupes de contre-culture, de la jeunesse parfois désoeuvrée ou vivant peut-être bien cette situation de mise au ban de la société. "Enfin, vingt gothiks se pointèrent dans la salle principale, comme un troupeau de bébés dinosaures, avec leur crête de cheveux laqués qui ondulait et se tortillait. La majorité d'entre eux approchait l'idéal gothik : grands, minces, musclés, mais avec une vague touche d'émaciation crispée : de jeune athlètes au premier stade de l'épuisement. La pâleur cadavérique était de obligatoire et le cheveu noir par définition" William Gibson a toujours cette plume magique, ce style inégalable pour décrire ces milieux "à part": les gothiks, par exemple.
Dans les bas-fonds des cités, on trouve de tout, y compris de la piraterie informatique. On est plongé jusqu'au cou dans ce milieu si particulier des hackers, les crackers de glace, le monde souterrain de ces petits génie de l'informatique dont le but est non seulement de vivre de ces hacks, mais aussi pour la gloire de pouvoir se faire une de ces multinationales réputées pour être inviolables. On y recherche aussi la célébrité. Des noms deviennent légendaires. Des mythes sont créés. Une religion aussi. Et c'est ainsi que William Gibson nous glisse dans les interstices de la martice en plein dans la religion numérique. On avait déjà lu dans Neuromancien que les dieux vaudous se baladaient dans les tunnels de cuivre du réseau. On retrouve dans ce volet les mêmes entités logiques mais flottant comme des ombres sur la planète virtuelle. Les intelligences artificielles libres sont elles bienveillantes ou non ? Telle est la question puisqu'elles ne sont pas si présentes et n'ont pas forcément envie de conquérir le monde virtuel. Elles sont loin de l'archétype habituel des IA prenant le contrôle du monde (cf le cobaye au cinéma).
C'est dans ces univers virtuels que sont bâtis de vrais empires où le propriétaire peut établir le monde qu'il désire. Et comme souvent, ce pouvoir virtuel est bien fondé sur un immense empire financier dans le monde réel. Or nos héros/anti-héros son fondamentalement en guerre contre ces multimillionnaires. L'histoire se répète donc.

La conclusion de à propos du Roman : Comte zéro #2 [1986]

Auteur Manu B.
90

Comte zéro nous plonge en apnée dans le monde virtuel le plus étonnant, en même temps que dans le monde réel le plus noir, parmi les hackers les plus barrés. Un vrai pur plaisir.

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