« C’est décidé, je me lance sur Gloomhaven »
Tous nos conseils pour bien débuter
Gloomhaven fait partie des légendes du jeu de plateau… On parle quand même du meilleur jeu du monde selon BoardGameGeek, le site de référence de la communauté. Certes, c’est toujours un statut à prendre avec des pincettes. On a tous en tête une tonne de jeux / films / séries que les fans (sur)vendent comme le chef d’œuvre absolu, et qui suscitent au mieux un ennui poli une fois devant son écran…
Mais ici, le titre mérite sans l’ombre d’un doute sa position sur le podium. Gloomhaven est une tuerie ludique, un chef d’œuvre, une pièce maîtresse du jeu de société, un titre qu’il FAUT avoir pratiqué au moins une fois dans sa vie de joueur. Les avis sont (relativement) unanimes là-dessus. Au passage, ce n’est pas que le jeu soit parfait. D’une certaine manière, c’est comme pour la personne qui ronfle sous la couette à côté de vous : on arrive à s’accommoder de ses petits défauts, et finalement on se rend compte qu’ils participent même à son charme.
Le problème, c’est que la disponibilité du bousin était jusqu’à présent très limitée, au point où il fallait VRAIMENT être très motivé pour se frotter à la bête. Le jeu était uniquement disponible en VO, au travers de campagnes Kickstarter hyper limitées dans le temps, et à un prix franchement prohibitif une fois qu’on y avait ajouté les frais de port…
Les choses se sont arrangées en 2020, puisque Asmodee a eu l’excellente idée de commercialiser en boutique une édition localisée dans la langue de Jul et PLS PNL. La première vague est partie comme des petits pains, mais il reste encore quelques exemplaires de la seconde arrivée en boutique courant septembre. Dans l’absolu, c’est donc le moment idéal pour passer la commande Kivabien™ au Père Noël.
On ne va pas se mentir, le titre demande quand même un peu de passion et de motivation. Si le jeu de société rime pour vous avec « Monopoly » ou « La Bonne Paye », vous pouvez allégrement passer votre chemin. Si vous me pardonnez l’expression, ce serait comme vouloir perdre son pucelage en soirée échangiste. C’est possible, en théorie, mais déconseillé et probablement douloureux.
Pour les autres, en revanche, la marche est loin d’être insurmontable. Oui, Gloomhaven est un titre expert jusqu’au bout des ongles. Oui, le système de jeu est très riche. Oui, c’est un gouffre à temps. Mais les choses se mettent en place plutôt naturellement au bout de quelques parties. Et surtout, encore une fois, l’expérience vaut son pesant de cahuètes !
L’objectif de cette série d’articles est simple : vous aider à franchir le pas, et pourquoi pas convaincre les réticents de le faire. Vous y trouverez donc quelques informations sur ce qui vous attend (garanti sans spoilers), ainsi que de petits conseils pour faciliter les choses. Yapluka, comme on dit.
On parle de quoi, en fait ?
A la base, Gloomhaven appartient à la grande famille des « portes-monstres-trésors ». La base du jeu est donc archi-classique : on explore des donjons, on tape tout ce qui bouge jusqu’à ce que ça ne bouge plus et on se jette voracement sur la moindre piécette qui traine. Ensuite, direction la boutique pour dépenser tout ça dans des objets de plus en plus puissants. Wash, rince, repeat.
Le genre est déjà hyper encombré, avec beaucoup d’excellentes réalisations. Pourtant, Gloomhaven parvient à les enterrer toutes. Loin d’être une pâle copie de Descent, Zombicide et consorts, le titre propose au contraire une expérience radicalement différente.
Premier point qui le démarque nettement de la concurrence : le jeu n’est pas centré autour des héros, mais autour du collectif. En effet, les personnages vont et viennent pendant l’aventure. Au bout d’un moment, ils partent même à la retraite sans que vous puissiez les garder plus longtemps. Vous pourrez même rencontrer votre ancien avatar plus tard au détour d’un évènement, et croyez-moi ça arrache une petite larmichette d’émotion… La ville qui donne son nom au titre est également un personnage à part entière. Pour ceux qui connaissent, on y retrouve une ambiance très proche de la Compagnie Noire qui vous happe pendant l’intégralité de la campagne.
Cette dernière est d’excellente facture. Il s’agit d’une campagne à embranchements qui s’étale sur une bonne cinquantaine de scénarios. Une certaine lassitude s’installe à la fin, notamment en raison d’objectifs trop répétitifs : « trucidez les monstres », « tuez tout ce qui bouge », « nettoyez le donjon », « massacrez tout le monde », etc. Cependant, on y revient sans cesse car l’auteur Isaac Childes a développé un système « à la Blizzard » hyper addictif. Le jeu dose subtilement les récompenses : on gagne un petit quelque chose (nouveau perso, nouvel équipement, scénario bonus, etc.) quasiment à chaque partie. Le contenu offert est tout simplement dantesque ! Vous verrez : on y met le doigt, et avant qu’on l’ait vu venir une soixantaine d’heures de sa vie ont disparues mystérieusement dans un trou noir.
La mécanique est également un petit bijou de précision. On commence avec une dizaine de cartes en main, qui représentent grosso modo votre réserve d’actions disponibles. Chaque carte comporte 3 zones : l’initiative, au milieu, indique dans quel ordre vont jouer les héros et les monstres. La partie du haut est en général relative au combat, la partie du bas aux déplacements. A chaque tour, vous devez choisir deux cartes parmi celles qui vous restent en main. On révèle toutes les cartes en même temps (gentils comme méchants) et c’est à ce moment-là que vous devez choisir comment les utiliser. Pour récupérer vos cartes défaussées, vous devrez en mettre une de côté jusqu’à la fin de la partie. Les pouvoirs les plus puissants impliquent également souvent de détruire la carte. Bref, plus la partie avance et moins vous aurez de carte à disposition. Si vous n’en avez plus, votre personnage est épuisé et ne peut plus rien faire pendant le reste du scénario. A vous de bien doser votre progression si vous voulez garder votre coup spécial de la mort qui tue pour le boss final ! A l’usage, le système est d’une richesse folle, d’autant qu’on acquiert régulièrement de nouvelles cartes permettant de se faire un personnage à sa main.
Ce système de jeu permet à Gloomhaven d’atteindre l’arlésienne des « portes-monstres-trésors » : je veux bien sûr parler de l’équilibrage. Le titre offre plus de 130 objets, 17 classes de héros avec énormément de builds différents, 47 classes de monstres, 96 scénarios. Pourtant l’ensemble parvient à rester équilibré malgré ce déluge de contenu ! Tout n’est pas parfait pour autant, et il existe certaines combinaisons bien pétées qui retournent le jeu. Mais si vous trouvez votre scénario trop facile ou trop dur, le suivant aura la plupart du temps un déroulement comparable. Il suffit donc d’ajuster le curseur de difficulté à la hausse ou à la baisse pour que tout revienne à la normale.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur le jeu – ne vous inquiétez pas, il fera l’objet d’une critique en bonne et difforme – mais arrêtons-nous là pour aujourd’hui. Vous savez maintenant pourquoi Gloomhaven est un titre culte.
Tout est affaire de préliminaire
Le dépuncheage de Gloomhaven n’est pas à prendre à la légère. Pour information, il nous a demandé une soirée complète à deux – et nous sommes loin d’être des perdreaux de l’année. Là encore, le jeu fait dans la démesure : de mémoire, il y a 18 planches grand format, avec dessus plus de 500 éléments en carton pas tous clairement identifiés dans le manuel.
Vous l’avez compris, tout cela va nécessiter du calme et de la méthode. Si vous rangez tout en vrac dans la boîte, votre première partie virera au cauchemar intégral et il est probable que vous ne ressortiez plus jamais Gloomhaven …
De plus, et ce sera probablement une mauvaise nouvelle pour un jeu à 150€ : vous devrez vraisemblablement repasser à la caisse pour vous procurer quelques accessoires. Regardons de quoi on parle, afin de vous donner la possibilité d’estimer à la grosse l’investissement que cela représente.
- Pochettes de protection des cartes : entre 10 et 35€
- Sachets plastiques : 5 à 10€
- Autocollants : entre 2 et 15€
- Boites de rangement : de 5€ à beaucoup, beaucoup trop cher…
- Fichiers à télécharger : c’est gratuit, mais il faut se créer un compte sur BoardGameGeek
Maintenant, on peut attaquer le déballage
Ça y est, c’est le grand moment. Vous avez la boîte et tous les accessoires nécessaires. Les enfants sont couchés, vous avez sorti le thermos de café et mis le portable en silencieux. Cette fois, on peut attaquer les choses sérieuses.
Premier point évident, dépunchez précautionneusement tous les jetons en carton, en regroupant tout de suite les jetons identiques. Les jetons argent, dégâts, invocation et objectifs s’identifient facilement. Direction les sachets plastiques ou la boîte de rangement.
Reste le cas des monstres… Il y en a 47 types différents, comme on l’a dit plus haut. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’à chaque monstre correspond :
- 1 paquet de 8 cartes (avec le nom de la créature inscrit au dos)
- Entre 4 et 10 figurines en carton (en général il y en a 6) représentant la créature
- Une carte au format format 6x6 qui permet de relier le tout, puisqu’elle comporte à la fois le nom de la créature et son illustration. Sans cette dernière, pas moyen de faire le lien entre les deux précédentes ! C’est là où les cartes intercalaires vont vous être utiles, car elles sont bien plus lisibles que les cartes au format 6x6. C’est vraiment pratique quand vous devrez rechercher les 6 ou 7 méchants du scénario en cours.
Si votre monstre dispose d’une ou deux figurines seulement, il s’agit d’un boss. S’il y en a 4 ou plus, il s’agit d’une créature normale. Mais attention, car il y a quelques pièges :
- Certains types de monstre (par exemple les « diables » ou les « archers ») partagent tous le même paquet. Ainsi, les « archers bandits » et les « archers inox » utilisent tous les deux le paquet « archer ». Mais ce n’est pas toujours le cas : chaque type de démon, par exemple, est complètement indépendant.
- Tous les boss utilisent le paque « boss ».
Mon conseil est simple : séparez les monstres par type. Mettez les 8 cartes pilotant son comportement, les figurines en carton et la ou les cartes 6x6 dans le même sachet. Rajoutez l’intercalaire en le laissant bien visible, histoire de faciliter les recherches ultérieures. Et voilà : en début de scénario, vous n’aurez qu’à trouver et sortir les 5 ou 6 sachets de monstres Kivonbien™.
Ça y est : vous êtes prêt à vous lancer dans l’aventure ! la prochaine fois, nous évoquerons les bases du système de jeu. J’espère que cet article vous aura plu et rendez-vous bientôt pour la suite.