Bifff : de la science, de la fiction et du disco
Notre avis sur The Machine et Discopathe
À peine le temps de poser les bagages, le timing est serré, très serré : allons-nous arriver à temps pour le premier film ? Du moins pour nous, car pour les autres, le public et quelques confrères, cela a débuté depuis mardi soir ; ouf, mission accomplie, nous arrivons pile pour la présentation du film The Machine en présence du réalisateur Caradog W. James et de l'actrice Pooneh Hajimohammadi (qui, avis aux adeptes des potins people, se trouve être aussi la femme du cinéaste).
Puis, avouons-le, on ne pouvait pas trouver mieux pour introduire notre séjour que The Machine, puisque nous sommes dans de la pure science-fiction avec au programme du film d'anticipation à la sauce cyborg.
Nous revoilà en pleine guerre froide, non pas avec les Russes, mais cette fois avec les chinois. Il ne s'agit plus ici de savoir qui le premier enverra un satellite dans l'espace ou ira sur la lune, mais de surpasser l'autre dans la recherche militaire afin de confectionner le cyborg parfait, ou plus simplement l'arme ultime. Le professeur Vincent à donc pour mission de surpasser la concurrence dans ce domaine, et dans cet objectif il dispose d’une armada de militaires estropiés pour en faire des cyborgs sans pitiés et surtout facilement contrôlables. Alors que ce docteur Frankenstein 2.0 cherche une assistante, il va trouver bien plus en la brillante et jolie Ava qui, en plus de répondre à ses critères, va lui apporter un prototype idéal d’Intelligence Artificielle. Banco ! Entre ses avancés et ce cadeau comme venu du Ciel, il se pourrait que Vincent révolutionne d'un grand coup le monde de la cybernétique.
The Machine c'est une sorte de croisement entre Universal Soldier, Terminator, Blade Runner et, d'une certaine manière, de la récente version télévisée de Battlestar Galactica. Non pas qu'il y ait des batailles spatiales ou des cyborgs traquant des humains, mais on y trouve une réflexion sur l'avancement technologique et le fait qu'une machine pourrait être amenée à développer une âme et des sentiments. Avec ce film confectionné avec un budget modeste, Caradog W. James optimise toujours au mieux celui-ci et, bien qu'il ne puisse cacher ses références autant scénaristiques que de mise en scène, il arrive parfaitement à s'en accommoder pour créer un univers qui reste au final assez personnel au film (l'avantage parfois de devoir faire avec un petit budget). La seule chose qu'on pourrait reprocher à Caradog W. James serait peut-être juste d'hésiter entre le film de divertissement avec des personnages stéréotypés. Ainsi nous aurons des méchants très méchants à l'instar de celui de Denis Lawson et un gentil au grand coeur comme pour le professeur Vincent, campé par Toby Stephens qui au final fait tout pour soigner sa pauvre fille malade. Sans oublier la parfaite blonde aussi intelligente que physiquement divine, Caity Lotz (promis, la créature de rêve par excellence !) .
Après il ne faut pas se tromper : ces stéréotypes sont ancrés sciemment dans un hommage aux films des années 80 dans lesquels on cherche à positionner des sentiments de manière simple et d'amener en fond une portée philosophique autour d'un sujet, certes ici une thématique pas vraiment nouvelle, mais faite de manière si bien rodée que The Machine pourrait être considéré - presque - comme un prequel à Blade Runner, d'ailleurs il y a même un peu comme une impression d'écouter du Vangelis dans la musique de Tom Raybould.
La lumière du film est aussi travaillée, avec un soin particulièrement méticuleux, arrivant à jouer parfaitement avec les décors, de même que les effets spéciaux sont soigneusement choisies : pas question d'esbroufe et de surdose ni d'avoir ainsi des résultats bâclés. Tout ce qui apparaît à l'écran est remarquablement fait. The Machine n'est pas une démo technique, mais il démontre plutôt que Caradog W. James est un réalisateur qui sait jouer avec les maigres moyens qui lui sont offerts et profiter du talent de chacun de ses collaborateurs. Bref, vous l'aurez compris, The Machine nous a conquis, certes il ne va pas révolutionner en quoi que ce soit le cinéma, mais il est assez atypique pour capter l'attention et se démarquer de la masse.
Passons de la science philosophique au sang et au disco avec, comme son titre l'indique si bien, Discopathe.
La ville : New York. L'époque : 1976. Duane serait presque un chic type un peu timide, si ce dernier n'avait pas quelques soucis avec le son et plus particulièrement le disco. Du coup, plutôt qu'aller tirer son coup avec une bombe atomique brune, pris par le rythme musical, il préfèrera exercer ses talents de charcutier sur la belle. Pris au dépourvu et par peur de se faire enfermer, il n'a pas d'autres choix que de prendre la poudre d'escampette pour le Canada. Puis, prise de bonne conscience, histoire de s’éloigner quelque peu des outrances musicales, Duane trouve un job tranquille d'homme-à-tout-faire dans un pensionnaire catholique pour jeunes filles. Mais ne croyez pas que les demoiselles soient omnibulées par le seigneur, et il se trouve que, dès que l'occasion se présente, elles en profitent pour se passer du Plastic Bertrand pour « Stop Ou Encore ».
Après avoir oeuvré dans la série web comme scénariste, réalisateur et acteur sur Inspector Bronco, Renaud Gauthier se lance dans le long-métrage tout en perdurant sa fascination pour les années 70. Ne cherchons pas midi à quatorze heures, le scénario de Discopathe ne va pas très loin et opte pour la bonne humeur avant toute chose. Le film surfe vaguement sur quelques idées qui ne sont pas sans rappeler Maniac ou L'Eventreur de New-York, mais le ton ouvertement décalé en fait quelque chose d'assez unique. La première chose que l'on retient du film est le travail effectué sur le son, alors que d'habitude on ne va pas forcément prêter attention à cela dans un film. Ensuite on appréciera quelques idées de cadrage bien senties et le travail accompli pour restituer une lumière rappelant celle du cinéma des années 70.
Reste que si l'on rigole régulièrement, que l'on prend son pied à mater toutes les jolies filles du film toutes plus affriolantes les unes que les autres (mais ne se déshabillant pas pour autant) ou à apprécier quelques passages sanguignolant mémorables, Discopathe souffre d'un problème de rythme malgré sa courte durée, ce qui est certainement dû à un scénario qui ne s'implique pas assez à nous faire aimer ses personnages, puisqu'on nous propose de découvrir tout un tas de portraits sans pour autant que le réalisateur ne prenne le temps d'instaurer une complicité. Mais on ne peut qu'admirer le travail de Renaud Gauthier qui, en plus de cumuler plusieurs étiquettes, investit le film de sa personnalité. En gros, il s'agit là d'un bon amusement, un film correspondant parfaitement à l'ambiance du Bifff, même s'il ne faudra pas espérer plus que ce que vend ce dernier.