Eldricht Tales : un recueil de nouvelles inédit de Lovecraft bientôt disponible en français

L'éditeur du livre répond à nos questions...

On pensait tout connaître de Lovecraft, avoir à disposition l'ensemble de son oeuvre dans la langue de Molière, et voilà que paf, on se réveille un matin et on apprend qu'il existe des écrits du maître de l'horreur qui n'ont jamais eu le droit à une traduction en français. Cette information, on la doit à OVNI, un éditeur qui propose en précommande sur son site officiel Eldricht Tales - Recueil du Macabre, la traduction d'un recueil de nouvelles inédit signé par Lovecraft. Mince...

Du coup, on a cherché à en savoir plus, et comme nos services de renseignements sont plus efficaces que ceux du KGB, on a trouvé les petits malins responsables de ce projet : Philippe Pinon et Sélène Meynier, les deux fondateurs d'OVNI. Ni une, ni deux, on les a contacté et on les a cuisiné. Il ne leur a pas fallu très longtemps pour cracher le morceau et déballer tout ce qu'ils savaient !

SFU : Avant tout autre considération, qui êtes-vous  et de quoi êtes-vous coupables ?

OVNI :
OVNI, ce n’est ni plus ni moins que notre façon de concevoir l’édition. Publier des textes forts, sortant des sentiers battus, souvent boudés par les maisons d’édition "traditionnelles" et voués à finir noyés dans l’océan numérique, ainsi qu’une volonté de rapprocher deux univers que certaines personnes pensent – à tort – être "incompatibles" : littérature et jeu de rôle. Bref, nous pensons, avec OVNI, avoir des ouvrages qu’on ne voit pas ailleurs. Et notre catalogue en est le reflet. Que ce soit, par exemple, Pagan Pandemia, qui est un croisement "improbable" de polar, de fantastique et de dialogues à la Audiard, ou Divino Sacrum, cette incroyable tranche de vie et ode à l’espoir de la regrettée Franca Maï, ou encore Une camionnette qui servait de volière, de Brice Tarvel, pour ne citer qu’eux, la lecture de ces manuscrits nous a frappés, chacun à leur façon, entre autres par leur style propre, s’éloignant des standards ou du politiquement correct. Et nous devions les éditer, parce qu’il était impensable que de tels bijoux littéraires ne soient pas lus par le plus grand nombre. L’enrichissement vient de la diversité, et il était temps de faire en sorte de sortir de l’ombre ces textes qui méritent très largement leur place sur les rayons des librairies et des bibliothèques.


SFU : Pour en venir à votre nouveau projet : c’est quoi "Eldricht Tales" ?

OVNI :
 Il s’agit d’un des recueils de nouvelles et poèmes écrits par le Maître de Providence, H.P. Lovecraft.  Il regroupe nombre de ses textes, dont certains ne sont pas parmi les plus connus de son œuvre. Il renferme également, dans la version originale, des nouvelles écrites à quatre mains que nous avons pris la liberté de ne pas inclure, pour des histoires très terre-à-terre de droit d’auteur. Mais même sans ces huit textes, le volume est conséquent, on estime à environ six cent le nombre de pages de la version française.


SFU : Qu’est-ce qui vous a motivés pour éditer ce recueil ?

OVNI : L’idée de la publication de ce recueil en version française remonte à plus d’un an. Ma compagne, qui sait à quel point je suis fan de H.P. Lovecraft, a cherché un livre du Maître que je n’avais pas dans ma bibliothèque. Elle m’a donc offert ce tome, en anglais, donc, en espérant avoir débusqué l’ouvrage "rare" du fait de ne pas avoir trouvé la version française. Et c’était exactement le cas.  Suite à cela, nous nous sommes plusieurs fois fait la réflexion qu’il était dommage que le livre n’existe qu’en anglais. Et surtout pourquoi, alors que tant d’œuvres d’H.P. Lovecraft suscitent encore et toujours l’intérêt ? De plus, comme certains des textes publiés ne sont pas parmi les plus connus, nous nous sommes dit que c’était là une seconde excellente raison d’en proposer une traduction et de rendre ainsi disponibles à tous ces textes plus confidentiels. Sans parler du fait que cela collait aussi parfaitement à notre ligne éditoriale, puisqu’il semblait que "personne" ne s’y soit encore intéressé.

​C’est ainsi que le projet est né. Mais à ce moment-là, il y avait d’autres projets en cours, et il fallait donc s’en occuper en priorité. Jusqu’à ce début d’année 2018 où, après des prises de décisions importantes pour OVNI, nous avons finalement décidé qu’il était temps – chose amusante, il semblerait que nous n’ayons pas été les seuls – de nous consacrer pleinement à la traduction de ce recueil. Et cela fait donc plus de deux mois maintenant que l’aventure a commencé.


SFU : Question bête : à qui s’adresse le livre ?

OVNI : À tout le monde ! Aussi bien au nouveau venu dans l’univers de Lovecraft, qui rentrerait ainsi dans son monde par des chemins un peu plus confidentiels que par la lecture d’autres textes plus "classiques", qu’au fan qui cherche à compléter sa collection de recueils et à lire certains textes qu’il n’aurait jamais trouvés ailleurs, en passant par celles et ceux qui – n’étant pas familiers avec la langue de Shakespeare – aimeraient tout simplement pouvoir profiter de ces textes en langue française. En tout cas, ce sera vraiment une grande satisfaction pour nous de participer à faire découvrir au plus grand nombre la plume du Maître de l’Horreur.


SFU : Pourquoi refuser de passer par un financement participatif ?

OVNI : Voilà une question qu’on nous pose souvent. Et voilà un sujet sur lequel, nous ne sommes pas toujours compris. En effet, aujourd’hui, le financement participatif est partout (ou presque), alors il n’est pas rare que certains de nos interlocuteurs ne comprennent pas pourquoi nous refusons de profiter nous aussi de "ce merveilleux outil".

Tout d’abord, parce que pour nous, le participatif, qui était au départ une très bonne initiative pour permettre à de "petites gens" talentueuses mais sans fonds propres de pouvoir faire naître des projets parfois audacieux, créatifs et innovants, est aujourd’hui très largement détourné de sa vocation première au détriment des personnes à qui il devait être utile. Elles se retrouvent donc bien souvent noyées dans la masse de projets lancés par des structures dont la popularité et la visibilité phagocytent déjà très souvent une bonne partie de l’attention de la webosphère en général, et des réseaux sociaux en particulier. Ce qui est pour nous fort dommageable.

Ensuite, le principe même du participatif, celui de ne voir naître un projet que si l’objectif est atteint, va à l’encontre de ce que nous entendons par "croire en un projet". Alors, sans doute que si l’objectif n’est pas atteint on est en droit de penser que le projet n’était pas viable, pas si intéressant que cela, et il se peut que ce soit très souvent le cas. Mais si l’on regarde en arrière, combien de projets auxquels personne ne croyait et qui ont suscité de nombreuses controverses sont pourtant devenus des innovations ayant changé nos vies ? Nous, nous pensons que si l’on croit vraiment en une idée, un projet, ou même en quelqu’un, il faut le soutenir coûte que coûte, prendre des risques pour cela, même si cela implique parfois que cela ne fonctionne pas comme on le voudrait. Mais qu’importe. À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, disait Corneille, et nous sommes bien décidés à continuer à mener ce "combat" quotidien que nous avons engagé il y a près de trois ans maintenant, parce que nous voulons plus que jamais y croire. 

Si le projet vous intéresse, le livre est en précommande sur le site de l'éditeur au prix de 30€. La sortie du livre est prévue au deuxième trimestre 2019.

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