NIFFF Jour 3 : des séries et des films...
Controra, Honeymoon, Zombeavers et une histoire de séries...
Cette année, avec le soutien de l’Office fédéral de la culture et en collaboration avec Christian Ströhle, le NIFFF a proposé une conférence « TV Series Storyworlds - Writer's Room » annimée par Nicolas Dufour, journaliste à Le Temps.
Il faut dire que de nos jours, les séries fantastiques et de genre foisonnent et conquièrent toutes les plateformes de diffusion, atteignant une audience mainstream. Comment cela fonctionne-t-il? Comment fabrique-t-on un récit de série à succès national (voire international) ? Quel est l’héritage de la grande tradition du cinéma de genre et quelles sont les perspectives offertes par les nouvelles technologies de la communication ? Voici quelques questions qui furent abordées ce lundi après-midi de 14h à 17h30 avec un regard porté sur des productions internationales à succès telles que Game of Thrones, Sherlock et Metal Hurlant Chronicles. Les intervenants de cette cession étaient loin d'être des novices, ils étaient même plutôt en pôle position pour parler de ses sujets puisqu'il s'agissait de George R.R. Martin, l'auteur de Game of Thrones, David Varela, auteur de Sherlock the Network ( un jeu mobile pour les appareils mobiles d’Apple, mettant en vedette les acteurs Benedict Cumberbatch et Martin Freeman dans une aventure interactive en parallèle à la série télévisée), Ben Harris, auteur et producteur pour la BBC /Sky et enfin Guillaume Lubrano, réalisateur et créateur de la série Metal Hurlant Chronicles (dont la diffusion de la saison 2 arrive en ce début de juillet sur France 4, et est déjà disponible en DVD et Blu-ray).
Dans cette conférence, nous avons pu ainsi apprendre que George R.R. Martin a énormément été impliqué sur la première saison, qu'il pouvait donné son avis sur beaucoup de choses, des costumes jusqu'au casting et était très présent dans les phases de réunion d'écriture. Sii, aujourd'hui, il écrit encore un épisode par saison et fait acte de moins de présence sur la série, c'est pour mieux avancer à l'écriture du roman lui-même (car il n'arrivait pas à s'occuper de la série et avancer dans son roman). De plus, l'auteur avoue que, de toute évidence, celui qui a toute autorité, tout du moins le dernier mot sur la série, est en fait le producteur David Benioff. Quant à lui, il a toute autorité sur son oeuvre écrite. L'auteur scénariste en a profité aussi pour rappeler qu'il avait déjà travaillé pour la télévision sur des séries comme The Twilight Zone ou Deadly Nightmares, et que le système américain avait depuis beaucoup évolué dans le milieu des séries. Avant, les contenus se devaient d'avoir un contenu quasiment identique avec un schéma bien établi. Aujourd'hui, pour lui, le système est plus ouvert et le fait que plusieurs personnes travaillent à l'élaboration d'idées permet de gagner en productivité. Il ajoute qu'il est content que les réalisateurs deviennent juste des artisans et que les scénaristes prennent plus de pouvoir (à l'inverse du cinéma), et qu'il est bon pour lui que le showrunner ait le dernier mot à dire (il en profitera au passage pour critiquer la nouvelle vague, qui a fait croire que les réalisateurs étaient les créateurs de l'oeuvre). Martin mentionnera aussi que « Le mot le plus sexy à Hollywood est non », que là-bas, ils seront toujours d'accord pour donner plus d'argents plutôt que le contrôle (sauf si on se trouve être l'auteur de Harry Potter).Toujours pour ce qui est de Game of Thrones, l'auteur précise qu'aujourd'hui, c'est HBO qui possède tous les droits, mêmes si elle se doit de respecter quelques vieux contrats qu'il avaient été passés avant avec quelques éditeurs de jeux.
Parmi les autres intervenants, on retiendra que Guillaume Lubrano travaille déjà sur la troisième saison de sa série de science-fiction française Metal Hurland Chronicles, que celle-ci prendra plus de liberté sur les oeuvres originales afin de créer un fil conducteur et que quelques épisodes se suivront – procédé qu'il a commencé à travailler sur la saison 2, mais qui s'amplifiera sur la troisième. Lubrano a aussi avoué que son choix d'adapter Metal Hurlant, bien que né de son amour pour la bande dessinée, était aussi une façon d'attirer des partenaires, car cela demeure une chose plus aisée de partir sur quelque chose de connu qu'un projet nouveau qui ne parlerait à personne, surtout lorsqu'il s'agit de science-fiction.
Tout le monde se rejoindra sur le fait qu'il est important d'estimer son public et ses fans, mais qu'il est primordial de na pas tenir compte de leurs avis puisqu'il est important de le ssurprendre (et que s'ils aiment déjà l'oeuvre, c'est qu'ils ont déjà une certaine confiance en les personnes qui travaillent dessus).
Une deuxième conférence autour de la production télévisuelle en Suisse a suivi avec pour intervenant Sven Wälti (Co producteur SSR), Urs Fitze (qui travaille chez SRF) et enfin Françoise Mayor (productrice de fiction chez RTS). Nous nous pencherons pas trop sur cette deuxième partie puisque le domaine du fantastique ne fut pas réellement abordé, que le contexte des discutions était d'ordre plus national qu'international et qu'il apparaissait clairement que la cible des chaînes suisses n'était pas de vendre des séries à l'extérieur, mais surtout de ce consacrer à une cible déjà acquise et déjà fidélisée.
Maintenant, nous allons parler de cinéma, à commencer par Controra.
Megan, jolie blonde à la peau particulièrement blanchâtre (voici une Irlandaise qui n'est donc pas copine avec le soleil) et artiste, se rend en Italie dans la famille de son mari, qui doit régler le testament de son oncle. Bien que la résidence se dévoile comme très poussiéreuse et bordélique, séduite par l'architecture et le mobilier, Megan persuade son homme de s’installer dans la demeure qui appartenait à un ancien prêtre faiseur de miracles. L’accueil familial plutôt froid et la chaleur dominante amènent Megan à ne pas trop sortir, ce qui a aussi pour conséquence de l'amener à farfouiller et découvrir de terribles secrets sur la famille et aussi à avoir quelques visions fantomatiques.
Comme nous l'évoquions plus haut, Controra ne manque pas de charme et d'éléments pouvant aller en sa faveur. Tout d'abord, le film offre des paysages et des architectures particulièrement bien mises en valeur. Cela permet aux spectateurs de ressentir un certain dépaysement. Et même si un aspect gothique est ouvertement présent - à l'inverse de beaucoup de productions du type « maison hantée » qui se veulent sombres - la réalisatrice tente d'instaurer cette atmosphère dans des ambiances souvent colorées et en journée ensoleillée. Cela fonctionne parfois, et cela à l'avantage de créer quelques touches qui lui permettent de se différencier, même si le schéma global demeure assez classique et que les plus habitués au genre devineront aisément le gros du scénario.
Globalement les acteurs sont plutôt crédibles, même si la similitude à l'écran de Federico Castelluccio avec Jackie Chan dégage quelque chose d'aussi amusant que déstabilisant. Par contre, nous ne pouvons pas pour autant nier les défauts qui apparaissent, cela même si on voudrait être conciliant comme spectateur puisqu'il s'agit là d'un premier film et que le budget de celui-ci doit demeurer assez étroit. Et c'est là la première chose qui se remarque : le scénario réclame par moment un budget que la réalisatrice ne possède pas, du coup, lorsque des accidents ou des meurtres arrivent, ils se veulent aussi spectaculaires sur papier que ratés à l'écran (parfois ridicule dans le cas d'un accident de voiture traité par un simple fondu au blanc).
L'autre souci de Controra est son montage parfois chaotique qui manque d'une certaine fluidité. Du coup on a parfois l'impression de voir des saynètes s'enchainer sans vraiment donner l'impression que celles-ci se suivent. C'est certainement le plus gros défaut du film de Rossella De Venuto, mais ce dernier est particulièrement gênant et empêche à ce qu'on rentre pleinement dans l'histoire.
Richard B. : 5/10
Vincent L. : 3,5/10 Toujours dans le cadre des 14 films en compétition internationale, nous sommes allés voir Honeymoon de Leigh Janiak. Fraîchement mariés, Paul et Béa partent pour une romantique lune de miel aux abords d’un lac, perdu en pleine forêt. Après une belle journée de bonheur intense et de guimauve, alors qu'il s'absente quelques minutes pendant la nuit, Béa disparaît. Après avoir hurlé son nom un grand nombre de fois et avoir cherché longuement dans les pièces de la baraque et divers endroits de la forêt, Paul fini par la retrouver en train d’errer dehors, nue et complètement désorientée. Le lendemain, au réveil, Béa se fait distante et son comportement devient de plus en plus étrange...
Après avoir officié en tant qu’assistante de production pendant plusieurs années, Leigh Janiak signe avec Honeymoon son premier long métrage. Pour celui-ci elle s'accompagne de Harry Treadaway (Hideaways, City of Ember) et de la magnifique rousse Rose Leslie (Ygritte dans Game of Thrones). Le film se doit de tenir 85 minutes principalement sur le couple d'acteurs puisque seuls Ben Huber et Hanna Brown viendront interagir avec eux pour deux scènes. Bref, Leigh Janiak n'avait pas le droit de se planter sur son casting et heureusement, elle a réussi son film sur ce point, les deux acteurs partageant une certaine complicité à l'écran (tout du moins au début). De plus, on ne peut nier que la réalisatrice se montre plutôt efficace et douée lorsqu'il s'agit d'instaurer une certaine ambiance ou de mettre en valeurs ses acteurs et visuellement le film tient plutôt la route.
Après, encore une fois, Honeymoon nous a que partiellement convaincus – mais pour l'instant bien plus que les autres de la sélection. En effet, le rythme assez lent, et le scénario pas toujours convainquant dans ces intentions réelles – simple film à la body snatcher ou réelle analyse sur l'après mariage ? Dans tout les cas le mélange science-fiction et drame conjugal se marie pas toujours avec harmonie et des invraisemblances sur quelques réactions des personnages, tout comme sur l'histoire, apparaissent.
Richard B : 5,5/10
Vincent L : 6/10