L'Etrange Festival : la clôture

L'ultime week-end

Avec Europa Report on découvre un film en found-footage (oui encore un) dans lequel une équipe de 6 astronautes se voit envoyée sur la quatrième lune de Jupiter suite à des analyses prouvant qu'il pourrait y avoir de l'eau sur cette dernière. Comme souvent l'expédition se déroule malencontreusement mal, mais heureusement des archives vidéo ont pu être retrouvées et vont permettre de reconstituer ce qui a bien pu se passer.

Poulain d'un certain Guillermo Del Toro qui avait produit Rabia et Investigations, Sebastien Cordero s'aventure à filmer une expédition spatiale via des caméras de surveillances tout en s'inspirant d'un documentaire nommé All Mankind (1989) d’Al Reinert. Pour son projet il s'accompagne de deux acteurs qui montent avec d'un côté Sharlto Copley (District 9) et de l'autre Michael Nyqvist (la saga Millenium). Le budget de l'entreprise apparaît comme modeste, mais visuellement le film n'a rien de déshonorant, bien au contraire ce dernier tient plutôt bien la route.

Mais les protagonistes viennent à disparaître bêtement un à un et surtout l'ensemble est particulièrement froid et manque quelque peu d'émotion. Au demeurant, tout est loin d'être noir et on retiendra quelques bonnes idées, comme le côté exploration, ou l'équipe s'extasie sur la simple découverte d'une algue ou encore sur la multiplicité des angles de caméra qui confère un certain dynamisme.


Au final, on a l'impression que Europa Report aurait été un meilleur film s'il s'était contenté de raconter une exploration qui en elle-même aurait pu être extraordinaire plutôt que de jouer sous les sempiternels faux suspenses et clichés du genre.

Jonathan C a un avis beaucoup plus enthousiaste sur Europa Report :

Une odyssée spatiale en found-footage ? Voilà qui est excitant. En effet, Europa Report adapte ingénieusement à la sauce found-footage le genre de l'expédition spatiale (à savoir des survivals dans l'espace comme Les Naufragés de l'espace, Apollo 13, Solaris, Moon, Sunshine, Mission to Mars, Event Horizon ou récemment Gravity) ou même sous-marine (Sphère, Abyss…), dont on retrouve ici les codes et certains passages obligés (les problèmes techniques, la sortie risquée dans l'espace pour réparer le vaisseau, l'astronaute à la dérive laissé pour mort, les moments de complicité entre les astronautes, la visite de la planète inconnue, la découverte extraterrestre…) mais filmés d'une façon assez inédite, même si le médiocre Apollo 18 avait déjà tenté le mélange, sans succès et plus orienté épouvante/horreur que pure science-fiction.

Si la structure narrative est assez maladroite et hasardeuse (une première partie inutilement bordélique, des témoignages face caméra pas nécessaires, l'intense séquence de l'accident spatial casée n'importe comment…) là où le récit aurait gagné à se dérouler de façon plus linéaire, Europa Report propose une immersion aussi saisissante que réaliste dans l'espace, immersion renforcée par une bande-son soignée et par une esthétique found-footage ici aussi justifiée que bien exploitée. Étonnamment pour un petit budget, cette aventure spatiale est très crédible et donc très prenante. Le réalisateur équatorien Sebastián Cordero (auquel on doit Investigations avec John Leguizamo et Alfred Molina, et le thriller romantique Rabia, deux films que soutenait déjà Guillermo Del Toro) créé des effets saisissants avec trois fois rien. La forme semi-documentaire, par ailleurs très maitrisée et toujours d'une parfaite lisibilité en dépit des nombreuses caméras utilisées (on en oublie même qu'il s’agit d'un found-footage), n'empêche pas d'être émerveillé par l'aspect conquête de l'espace, l'exploration scientifique et la découverte extraterrestre, même si le suspense prédomine sur le reste. Europa Report est un vrai survival spatial en huis-clos, chaque astronaute de cet équipage international périssant un à un. Malgré les codes bien présents qui rendent le récit assez prévisible, la réalisation maintient une sacrée tension mêlée à un parfum de mystère angoissant, et certaines séquences sont de très efficaces poussées d'adrénaline (la sortie pour réparer le vaisseau, la première sortie sur la planète inconnue, la tentative de redécollage, le final bien stressant…).

Un peu comme dans Sunshine, l'équipe est ici composé d'un casting international de qualité : le suédois Michael Nyqvist (le détective des Millénium, le méchant de Mission : Impossible 4), la roumaine Anamaria Marinca (la révélation de 4 mois, 3 semaines, 2 jours, remarquée ensuite dans La Comtesse de Julie Delpy), le sino-américain Daniel Wu (Gen X Cops, Naked Weapon, Le Tour du monde en 80 jours, New Police Story, Protégé), le sud-africain Sharlto Copley (le héros de District 9, le bad guy de Elysium et Murdock dans L’Agence tous risques), l'américain Christian Camargo (Guns 1748, K-19, Démineurs, Benjamin Gates et le livre des secrets, Twilight : Révélation et Dexter) et la très jolie polonaise Karolina Wydra (une top model remarquée dans Soyez sympas rembobinez, Crazy Stupid Love, True Blood et Dr House, et surtout la pub Nespresso avec George Clooney), tandis que Dan Fogler (un type rigolo vu dans Fanboys, Charlie les filles lui disent merci, Balles de feu, Une Soirée d'enfer et Hôtel Woodstock) et Embeth Davidtz (inoubliable dans Evil Dead III : l'armée des ténèbres, vue ensuite dans La Liste de Schindler, Matilda, Le Témoin du mal, The Hole, 13 fantômes, L'Homme bicentenaire, le Millénium de David Fincher, The Amazing Spider-Man et Californication) fournissent quelques explications sur Terre.

Alternant péripéties, quotidien, découvertes, interviews et flash info, Europa Report avance à un rythme nerveux et intrigue quant à la probabilité d'une existence extraterrestre sur la planète visitée. Emballant et bien foutu. Entre ça, V/H/S 2 et Frankenstein's army, cet Etrange Festival cru 2013 aura fourni une bonne tournée de found-footage.

 

Arrive enfin le moment de la remise des prix, avant le film de clôture (le Haunter de Vincenzo Natali) :


- PRIX NOUVEAU GENRE
(compétition Long Métrage en partenariat avec Canal+Cinéma) :
THE MAJOR de YURY BYKOV – Russie – 2013 – 1h39 – Polar
représenté par la société M-Appeal.

Bernard Maltaverne (distributeur français du film via la société Zootrope
Films) et Olga Alayrova ont reçu le prix sur scène au nom de Yury Bykov.


- Pour sa deuxième occurence, le *PRIX DU PUBLIC*
(compétition Long Métrage) récompense "WHY DON’T YOU PLAY IN HELL?" de SONO SION.


- GRAND PRIX CANAL+ compétition Court Métrage :
THE VOICE THIEF
d’ADAN JODOROWSKY – France / Chili / Etats-Unis – 2013 – 24’ – Fiction


- PRIX DU PUBLIC compétition Court Métrage :
Coup du hasard pour un coup de maître, le PRIX DU PUBLIC de L’Etrange Festival 2013 récompense également : THE VOICE THIEF d’ADAN JODOROWSKY qui a reçu cette double consécration sous les applaudissements du public.

Jonathan C a ensuite pu découvrir le nouveau film de Vincenzo Natali :

Avec Haunter, Vincenzo Natali plonge de nouveau ses personnages dans un labyrinthe sans sortie, comme il l'a fait dans Cube, Nothing ou, dans une moindre mesure, Cypher. L'héroïne (la Little Miss Sunshine Abigail Breslin, moyennement convaincante) doit ici résoudre l'énigme afin de sortir de ce cauchemar qui commence comme une sorte de Un Jour sans fin à la sauce fantôme. En raconter plus risquerait de déflorer une intrigue mouvante à la Twilight Zone qui repose justement beaucoup sur ses rebondissements, peut-être même un peu trop (ça devient un brin fatiguant dans la dernière partie). Mais Natali, toujours aussi malin, mène son récit d'une main de maitre avec son style précis, privilégiant cependant l'émotion aux frissons (ça ne fait pas très peur, à deux ou trois sursauts près) tout en révélant une sordide histoire de serial-killer (incarné par le toujours aussi inquiétant Stephen McHattie). Le cinéaste joue encore une fois beaucoup avec les symboles, les indices et les détails, parvienant à se démarquer du genre épuisé du film de maison hantée. Rien de transcendant, mais du bel ouvrage et un joli conte fantastique.

Lire la critique de Vincent L.

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