[Bifff 2013 1er jour] Byzantium fait l'ouverture et signe le retour de Neil Jordan chez les vampires
Vampire Vous Avez dit Vampire ?
Pour cette édition 2013, c'est avec un certain regret que nous avons quitté Tour & Taxis en nous demandant si le nouvel antre de la folie du Bifff allait se montrait à la hauteur. Un antre situé désormais au Palais des Beaux-Arts, plus dans le centre ville de Bruxelles. Sur le principe, nous retrouvons quasiment tout de la formule qui a fait le succès du Bifff, les animations, les maquillages, les films, et le verre de l'amitié.
Désormais les spectateurs peuvent même profiter de deux salles, dont une bien plus grande en nombres de places et à l'acoustique bien meilleure (sans parler des sièges). Reste qu’hier soir s'est dégagé une certaine nostalgie, que les lieux ont paru plus divisés et étroits. Mais c'est toujours un plaisir de retrouver le Bifff, et l'animation de ces 12 jours de festival s'annonce énorme et pleine de découvertes, comme l'intronisation de Neil Jordan par Georges Delmote en tant que Chevalier de l'Ordre du Corbeau.
Nous sommes donc prêts pour les 12 jours de folie du Bifff 2013. Longue vie et prospérité !
Le film d'ouverture de cette 31e édition était très attendu, puisqu'il s'agissait du nouveau film de Neil Jordan (qui était présent pour l'ouverture), Byzantium, qui marquait le retour du réalisateur chez les suceurs de sang presque 20 ans après l'excellent Entretien avec un Vampire (1994). Certes, le genre "vampire" (un peu comme celui du zombie) a engendré tellement de films et de séries ces dernières années qu'on n'est pas loin de l'indigestion. Si Buffy fut un précurseur dans le domaine, la saga Twilight aura conduit les vampires à devenir un pur produit pour midinette. Reste que dans des mains expertes, les histoires de vampires peuvent donner lieu à des pépites cinématographiques telles qu'Aux frontières de l'aube, Cronos ou plus récemment Morse. On attendait donc à ce que Neil Jordan ramène le genre à un niveau un peu plus adulte et moins linéaire; Mission accomplie.
Byzantium s'éloigne des clichés aseptisés du genre afin de nous parler de maternité - lien du sang assez unique - et des derniers moments d'une vie humaine, le tout dans une Irlande froide et dépravée. Les adeptes de filles en cuirs pratiquant l'art de tuer seront certainement déçus, le rythme étant sciemment lent et posé pour refléter une certaine poésie. À l'inverse d'Ondine, cette fois Neil Jordan épouse la thématique du fantastique, même si une approche "contes et légendes" pourrait marquer une similitude de thématique entre les deux films. D'ailleurs le "Il était une fois..." figure comme l'une des répliques de Byzantium. Le scénario – de Moira Buffini (Tamara Drewe) - offre cependant quelques passages d'humour noir sanglant autour du personnage de Gemma Arterton qui, très loin de ses derniers rôles aseptisés, prouve qu'entre de bonnes mains elle peut-être une vraie actrice et pas juste un corps de rêve (utilisé dans le film à bon escient). La course poursuite d'Arterton en tenue légère et affriolante et la tête arrachée du début du film ne doivent pas vous induire en erreur, le film traite surtout des rapports humains, un sujet que maîtrise bien le réalisateur qui aime décidément depuis quelques années mettre en avant des femmes fortes face à des hommes souvent faibles.
L'autre femme, ou jeune fille de 200 ans – je vous laisse le choix – est Saoirse Ronan, à la prestation remarquable et surtout au regard sidérant. La demoiselle avait déjà fait ses preuves dans des films comme The Lovely Bones ou Les Chemins de la liberté et offre une simplicité naturelle pour son jeune âge assez sidérante. Elle apporte un rapport mère/fille avec Arterton totalement crédible cela même si seulement 8 ans séparent les deux actrices.
S'il s'agit ici de la première collaboration entre Neil Jordan et son directeur de la photographie, Sean Bobbitt (dont vous pouvez voir actuellement son travail en salle sur le très bon The Place Beyond the Pines), le travail est de bonne qualité. On reste surpris de voir que le réalisateur, à l'inverse de beaucoup, ne travaille pas souvent – voir jamais – avec le même directeur de la photographie, reste que le résultat demeure toujours très pro.
Tout n'est cependant pas irréprochable dans Byzantium, et Caleb Landry Jones est un peu le point faible du casting. Déjà ennuyeux dans Antiviral, l'acteur demeure aussi soporifique à tel point qu'on aurait presque envie de lui donner des claques par moment pour le réveiller. On a donc un peu de mal à entrevoir pourquoi Saoirse Ronan s'entiche de son personnage (bien qu'une réplique d'Arterton, non dénuée d'humour, pourrait apporter la réponse). Déception aussi de ne pas retrouver Stephen Rea, ce dernier était un peu devenu une forme de signature du réalisateur à l'instar de Bruce Campbell pour Sam Raimi.
Pour conclure, Byzantium est un très bon film sur le thème des vampires qui prend à contre-pied les productions bling-bling, pseudo-gothiques à l'eau de rose de ces derniers temps en redonnant à ces êtres immortels toute la noirceur qui fait partie de leurs personnages torturés par une existance de tueurs. Merci Neil !