Philip K. Dick : Le génie halluciné ! > Les Débuts de l'indépendance ?

1950/1955

Pendant cette période, Dick délaisse la science-fiction pour la littérature classique et la philosophie. Il perd sa virginité avec une cliente du magasin (ce qui le rassure, il craignait que sa timidité maladive avec les femmes ne le conduise à l'homosexualité). Une semaine plus tard il l'épouse. Le mariage ne dure pas longtemps. Il se rend vite compte qu'il n'a aucune affinité particulière avec son épouse et divorce rapidement. (Impossible ici de parler de toutes les femmes qui traverseront la vie de l'écrivain, la solitude lui était littéralement insupportable, je me contenterais de parler de ses épouses).
En 1950, il rencontre sa deuxième femme, Kléo, qu'il épouse au mois de juin. Il a vingt-deux ans. Ils achètent ensemble une maison délabrée à BERKELEY. Kléo est une jeune femme érudite et révoltée, aimant lire et s'indigner, adhérent à peu près à toutes les causes qu'elle puisse découvrir. Elle fait des études de Science Politique et exerce des petits boulots. Dick, lui, travaille toujours dans la boutique du disquaire.
C'est en 1951 que la destinée de Philip K. Dick va se trouver changée : il fait la connaissance d' Anthony Boucher, écrivain de romans populaires policiers et de science-fiction. Au mois d'octobre, Dick publie sa première nouvelle « professionnelle » de science-fiction : Roog (elle lui est payée 75 $). On y voit un chien poursuivre de ses aboiements des éboueurs parce qu'il a deviné que ce sont des extra-terrestres. Ce texte lui est payé et il pense pouvoir dorénavant vivre de ses écrits tout en ménagent ses phobies. Il quitte son travail de disquaire et s'établit comme écrivain à plein temps. Il prend un agent. En 1952 il vend 4 nouvelles, 30 en 1953, 28 en 1954 et en 1955 son premier roman. En tout, dans les années 50 ce sont quelque 80 nouvelles et 7 romans qu'il publia. Devenu écrivain véritable, il apprend les choses de la vie dans le ghetto de la science- fiction et lutte désespérément pour en sortir. Mais c'est justement là qu'il écrit ses meilleurs textes : ses romans « Meanstream » ne seront jamais publiés de son vivant.
Dick travaille la nuit et passe ses journées à lire et à faire le tour des bacs des disquaires. Ses lectures : littérature classique, psychologie, poésie allemande et bien sûr science-fiction. Philip n'a pas de style propre dans ses premiers récits. Il sacrifie, pour des raisons pécuniaires, au style Space opéra vanté par Van Vogt et Hubbard, ou à la science-fiction "Technologique" de Asimov. Au milieu des années 50, se fait jour un nouveau « style » : Des auteurs comme Richard Matheson publient des romans à l'humour noir très sec. L'anormalité des situations naît du quotidien. Dick est emballé par ce style de récits.