Critique Les affamés [2018]

Avis critique rédigé par Vincent L. le dimanche 10 juin 2018 à 16h00

Du zombie sauce érable...

Si la figure du zombie au cinéma m'ennuie de plus en plus, je reste tout de même curieux de voir les déclinaisons qu'elle peut avoir dans différentes cultures. Il ne faut pas croire, il n'y a pas qu'aux États-Unis qu'il y a des morts-vivants ! Et celles et ceux qui ont par exemple vu Dernier train pour Busan savent que les derniers vrais bons films de zombies ne viennent pas de territoires anglophones. Du coup, lorsque Netflix a proposé Les Affamés, un film de contaminés produit et tourné au Québec, j'ai été curieux de voir à quoi pouvait ressembler le résultat final. Est-ce que le cinéma canadien parviendrait à s'approprier les codes ultra-balisés du genre pour offrir une oeuvre sensiblement différente ?

La réponse est un petit "ouais"... Effectivement, Les affamés s'inscrit dans une ambiance bien particulière, quelque chose que l'on n'a pas l'habitude de voir chez les ricains. Le film ose les changements de tons brutaux : une scène commence dans une atmosphère anxiogène et se poursuit dans la comédie (parfois potache) avant de retourner dans le film d'horreur. Cette façon de passer d'une tonalité à l'autre, Robin Aubert la maîtrise bien : les passages comiques arrivent assez naturellement, ne semblent jamais forcés, et renforcent finalement la noirceur dans laquelle baigne le film. Le parti-pris était osé, mais force est de reconnaître qu'il fonctionne plutôt bien.

Derrière la caméra, Robin Aubert propose un traitement qui s'éloigne du survival pour aller vers le surréalisme (parfois à la limite du contemplatif). Les affamés baigne dans une ambiance ethérée qui détonne avec les canons du genre (une bonne chose !), mais qui installe un rythme très calme qui, souvent, empêche le suspens de s'installer efficacement. Les images sont belles, les cadres lêchés, et, globalement, le film s'avère agréable à suivre. J'ai toutefois eu l'impression, en bout de course, que Robin Aubert n'était pas plus intéressé que ça par son sujet : lui voulait mettre en boite un long-métrage tarkovskien, et que peu lui importait le flacon, pourvu qu'il ait l'ivresse...

En effet, si Les affamés se demarque du tout venant par son ton et son atmosphère, il n'en demeure pas moins - structurellement parlant - un film de zombies comme il en existe des centaines. Le parcours des survivants est balisé, les rencontres assez prévisibles, le destin de chacun ne réserve pas beaucoup de surprise. Le sentiment de déjà-vu est malheureusement bel est bien là. Si le traitement des contaminés est original, il reste malgré tout beaucoup trop opaque pour contrebalancer ces faiblesses de fond : comme on se place du point du vue des survivants, on ne comprend pas grand chose à ce qui se passe (ce qui m'a pas mal rappelé le traitement sur Les Revenants de Robin Campillo).

La conclusion de à propos du Film (Direct to Vidéo) : Les affamés [2018]

Auteur Vincent L.
60

Les affamés est une proposition de cinéma bien particulière dans le genre hyper codifié des films de zombies. Porté par une mise en scène atmosphérique plus proche de Tarkovski que de Romero, le long-métrage fait de constants aller-retour entre sérieux et comédie, ce qui lui confère une identité appréciable. Ceci dit, si on retire ces oripeaux, il ne reste tout de même qu'un film de zombies comme il en existe beaucoup...

On a aimé

  • Une mise en scène chiadée, loin des canons du genre,
  • Des ruptures de tons réussies,
  • Des comédiens solides.

On a moins bien aimé

  • Plus intéressant dans le forme que sur le fond,
  • Un suspens qui ne s'installe jamais vraiment.

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