Critique Le Bon Gros Géant [2016]

Avis critique rédigé par Vincent L. le lundi 25 juillet 2016 à 11h47

Le géant de fer...

Cela faisait près de cinq que Steven Spielberg n'était pas revenu sur les sentiers de l'imaginaire. Depuis Le secret de la Licorne, il s'était ainsi aventuré dans la fresque de guerre (Cheval de Guerre), le biopic (Lincoln) et le film d'espionnage (Le Pont des Espions), laissant de côté tout ce pan de sa filmographie pour se consacrer à des projets que les critiques bien pensantes ont qualifié de "plus adultes". Moins d'un an après la sortie de son dernier long-métrage, il revient avec un film à destination du jeune public, une adaptation d'un roman de Roald Dahl écrite par Melissa Matheson (scénariste d'E.T.) : le B.G.G. (ou Bon Gros Géant).

Adapter Roald Dahl au cinéma est un exercice compliqué sur lequel bon nombre de réalisateurs chevronnés se sont cassés les dents. Pour quelques réussites (James et la pêche géante), on trouve en effet nombre de ratages (Matilda en est l'exemple le plus parlant). Il faut dire que l'univers de l'écrivain est particulier, assez naïf, et suppose une véritable maîtrise (tant dans l'écriture que dans la mise en scène) pour s'approprier le matériau. En cela, la collaboration entre Spielberg et Matheson semblait, sur le papier, être un gage de qualité. Il n'en est malheureusement rien, car si l'esprit de Dahl souffle bien sur le long-métrage, la personnalité du réalisateur s'avère quant à elle complètement écrasée par celle de l'écrivain.

« Entre deux passages remarquables et inspirés, le souffle retombe et le rythme chute brutalement. On passe ainsi du chaud au froid, d'une séquence géniale à une autre très ennuyeuse. »


Le B.G.G. bénéficie des qualités propres aux travaux de Roald Dahl (histoire pleine de poésie, mélange étonnant entre le monde réel et un univers fantasmagorique,...), mais souffre également de défauts qui se marient mal avec le média cinématographique (trop grande naïveté de l'ensemble, personnages fonctions,...) ainsi que de caractéristiques qui ne supportent que très difficilement le passage de l'écrit à l'image (les subtilités langagières). En conséquence, on peine à s'intéresser un tant soit peu à l'histoire de cette petite fille sans grande personnalité (l'interprétation catastrophique de la jeune Ruby Barnhill n'aidant clairement pas), on ne parvient pas à sentir le danger incarné par des antagonistes en carton-pâte (rigolos certes, mais jamais crédibles dans leur rôle de méchants) qui rendent la progression dramatique quasi-nulle (parce qu'on ne ressent pas vraiment le danger des situation, il n'y a pour ainsi dire aucune montée en puissance penant le film).

Si l'adaptation s'avère bancale au niveau de l'écriture, elle l'est tout autant d'un point de vue visuel. En dépit de qualités techniques indéniables (motion-capture de qualité, superbe photographie de Janusz Kaminski, bonne musique de John Williams), force est de constater que le mélange entre CGI et de prises de vue réelles ne fonctionne pas du tout (franchement, un film intégralement réalisé en motion-capture aurait probablement été plus efficace). Le B.G.G. souffre ainsi d'un côté très artificiel qui n'aide pas à impliquer émotionnellement le spectateur : le film est ainsi un superbe tableau, souvent réjouissant d'un point de vue strictement esthétique, mais dont les nombreux petits défauts (surtout le décalage réel/synthèse) rappellent sans arrêt à la réalité.


Cela s'avère d'autant plus dommage que prises indépendamment, certaines séquences s'avèrent très réussies (la représentation fantasmogorique de Londres, la fabrication des rèves ou l'hilarant acte final chez la Reine d'Angleterre), parfois poétiques, parfois drôles, parfois émouvantes. Le personnage du Bon Gros Géant est par exemple l'une des vraies réussites du film, la technique mettant parfaitement en valeur le travail de Mark Rylance (déjà vu dans Le Pont des Espions de Spielberg) ; en dépit de la barrière numérique, le personnage parvient parfois à émouvoir et attendrir, réussissant à faire naître une étincelle d'émotion dans un objet cinématographique globalement très froid.

Enfin, si, derrière la caméra, Steven Spielberg tire le meilleur parti des possiblités formelles que lui donne la motion-capture et les CGI, il peine malgré tout à correctement rythmer son film, un peu comme si lui-même ne croyait pas beaucoup au résultat global. Entre deux passages remarquables et inspirés, le souffle retombe et le rythme chute brutalement. On passe ainsi du chaud au froid, d'une séquence géniale à une autre très ennuyeuse. Le tout, mit bout à bout, donne un film bancal, pas extraordinaire à regarder mais pas dénué d'intérêt non plus. Le B.G.G. est-il un mauvais Spielberg ? Sans nul doute, mais au regard de la production habituelle, il s'agit tout de même d'un film très correct qui devrait réjouir les plus jeunes d'entre nous.

La conclusion de à propos du Film : Le Bon Gros Géant [2016]

Auteur Vincent L.
50

Plein de défauts mais non dénué de qualités, Le Bon Gros Géant est un film bancal, l'un des plus faibles de la filmographie de son réalisateur. Visiblement écrasé par le poids de l'oeuvre de Roald Dahl, Steven Spielberg ne parvient pas à apposer sa vision à un récit qui, sur le papier, semblait pourtant être fait pour lui. Au final, le B.G.G. est un film qui saura sans problème ravir les plus jeunes, mais qui peinera à véritablement capter l'intérêt du public adulte. Dommage, car prises indépendamment, certaines séquences méritent sacrément le coup d'oeil.

On a aimé

  • Un film rempli de beaux moments,
  • Esthétiquement somptueux,
  • Une dernière partie fun et amusante,
  • Le comédien principal, vraiment très bon.

On a moins bien aimé

  • Un rythme très décousu,
  • Dramaturgie quasi-inexistante,
  • Un mélange réel/synthèse peu convaincant,
  • Une comédienne principale agaçante.

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