Critique Le Réveil de la Force #7 [2015]

Avis critique rédigé par Bastien L. le mardi 22 décembre 2015 à 12h00

Le Réveil d'une Licence.

Attention, cette critique contient de légers spoilers. Si vous voulez des critiques qui ne spoilent pas, je vous invite à consulter les excellents avis de Vincent comme David.

Comment beaucoup d'entre-vous, je suis un passionné de science-fiction (et d'imaginaire en général), et ce grâce à cette licence mythique qu'est Star Wars. Etant né à la fin des années 1980, j'ai été biberonné aux VHS de la trilogie originale et la vision de Un Nouvel Espoir au cinéma en 1997 est un choc dont je ne me suis toujours pas remis. Et que dire ensuite d'avoir découvert la prélogie au cinéma, pendant la fin de mon enfance et mon adolescence avec ces excitations et ces grands moments cinématographiques dans cette galaxie si lointaine ? Comme beaucoup, je pensais que La revanche des Sith en 2005 serait la dernière fois qu'on aurait l'occasion de voir un film Star Wars au cinéma, d'où l'excitation qui m'a gagné et qui est devenue insoutenable entre 2012 et ce mois de décembre 2015. Bref, voici la critique du fanboy...

L'histoire est connue mais revenons quand même dessus rapidement. Star Wars nait en 1977 au cinéma grâce à l'imagination, l'abnégation et la clairvoyance d'un homme : George Lucas. S'en suit, jusqu'en 1983, la création d'une des trilogies les plus populaires du cinéma et la création d'un véritable pilier de la pop culture occidentale (voire mondiale). Après plus de quinze ans de silence au cinéma, George Lucas décide de nous proposer la genèse de son œuvre culte avec la sortie de La Menace Fantôme en 1999, qui fut le début d'une nouvelle trilogie (appelée Prélogie). Tout en étant toujours aussi populaire, cette prélogie souffre d'un désamour profond de beaucoup de fans de la première heure, dotée d'une réputation plus que bancale (à raison pour de nombreux griefs qui lui sont reprochés). Cet accueil parfois violent faisait penser que jamais Lucas ne replongerait, mais ce n'était pas dramatique puisque les comics, dessins animés et romans prirent la suite souvent avec une grande qualité. La surprise vint quand même en 2012 quant Disney annonça le rachat de Lucasfilm et la préparation d'une nouvelle trilogie dont le premier épisode arriverait trois ans après. Après quelques hésitations, départs manqués et rumeurs, le casting "coulisse" de ce premier film fut dévoilé : l'expérimentée Kathleen Kennedy à la production, le retour de Lawrence Kasdan comme scénariste (après avoir travaillé sur les scénarios de l'Empire contre-attaque et du Retour du Jedi) et enfin le plébiscité J.J. Abrams à la réalisation.


Les choix de Kasdan et d'Abrams semblait donner le ton à ce qu'allait être la direction prise par Disney. Un retour au source en prenant un des scénaristes du mythe originel et en donnant la réalisation à celui qui est souvent vu comme l'héritier de George Lucas et Steven Spielberg. Un créateur de séries et un réalisateur doué à qui l'on doit les excellentes séries Alias ou Lost, ou des films dans lequels le réalisateur montrait qu'il était capable de relancer de mythiques licences. Il l'a prouvé avec Mission Impossible III, qui fut une réussite ou sa relecture de Star Trek, qui a fait mouche autant auprès des critiques que du public. Même quand il s'attaque à un projet plus personnel, il réinvente le film d'aventure mettant en scène un groupe d'enfants/adolescents propres aux années 1980 avec l'excellent Super 8 (produit par Spielberg). L'annonce de la venue d'Abrams sur le projet, comme les premières images, furent bien accueillies et Disney pu mettre en place son approche de la licence : suppression complète de l'univers étendu (sauf les séries animées The Clone Wars et Rebels) afin de le relancer et prise de distance très remarquée avec la Prélogie. Si la première décision est vraiment logique, la seconde s'avère par moments préjudiciable...

Située 35 ans après les événements du Retour du Jedi, l'intrigue du Réveil de la Force nous explique que l'Alliance Rebelle a recréé la République mais n'a pas tout à fait éliminer l'Empire dont les cendres ont vu naître un nouveau régime : Le Premier Ordre. Face à cette nouvelle menace, la République est aidée par un groupe appelée la Résistance menée par la Générale Leia Organa. Les deux organisations sont sur la même piste : une carte leur permettant de localiser Luke Skywalker, représentant un espoir pour les Résistants et une menace pour le Premier Ordre dirigé par le Leader Suprême Snoke. Les Résistants envoient leur meilleur pilote, Poe Dameron, sur la planète désertique de Jakku afin qu'il rencontre quelqu'un capable de lui fournir la carte mais il arrive quasiment en même temps que Kylo Ren, un Jedi Noir masqué et bras droit de Snoke. Avant d'être capturé, le pilote réussit à confier la carte à son droïde BB-8 qui s'enfuit. Pendant cet épisode, un stormtrooper semble très affecté par cette mission violente. Plus tard, BB-8 est recueillie par une pilleuse d'épaves qui semble coincée sur cette planète malgré un don pour la débrouillardise hors du commun. Il appartient donc à cette pilleuse, Rey, Poe et ce stormtrooper de trouver un moyen de sauver la situation seuls. A moins que de vieux héros leurs viennent en aide...


Le connaisseur de Star Wars ne peut s'empêcher de penser à une chose en lisant ce synopsis : ça fait quand même vachement penser au début de l'intrigue de Un Nouvel Espoir... Et c'est bien là le plus gros problème de ce film qui est coincé entre la suite, l'hommage et quelque part un mélange entre un remake/reboot de la prestigieuse licence. Les scénaristes ont véritablement calqué la structure narrative de l'Episode IV... Les mêmes situations s'enchaînent et les références évidentes sont surlignés à gros trait pour faire plaisirs aux fans. Le fan service fonctionne donc ici à plein régime. Les personnages sont d'ailleurs les mêmes archétypes que ceux de l'Episode IV. On a, pêle-mêle, l'équivalent d'un Luke Skywalker, d'un R2-D2, d'un Obi-Wan Kenobi, d'un Dark Vador ou d'un Tarkin... Est-ce un défaut ? Oui. Est-ce que cela veut dire que le scénario est mauvais ? Non, un peu feignant, mais pas mauvais... Regarder Le réveil de la Force c'est un peu retrouver la sensation qu'on a en regardant la trilogie Le Hobbit où des passages semblent copier/coller du Seigneur des Anneaux... D'autant plus que le film pullule de références plus ou moins subtiles mais qui fonctionnent souvent histoire de caresser le fan dans le sens du poil. L'histoire est donc plaisante à suivre offrant un condensé d'action, de suspense, d'humour et d'émerveillement très efficace qui fait que les 2h15 du film se savourent sans temps mort.

Pourtant il en aurait fallu des temps morts... Ne serait-ce que parce qu'on a du mal à comprendre les enjeux galactique de ce qu'il se passe. Qui est vraiment le Premier Ordre ? Comment la République s'est elle organisée depuis Le Retour du Jedi ? Les Résistants sont-ils une branche de la République ou une organisation externe ? Le rythme très soutenu du film empêche de répondre à ces questions que le fan se pose pourtant. On aurait aimé aussi que le film sache se poser afin que l'on digère correctement ses événements dramatiques et un dernier acte un peu tiré par les cheveux par moments. Disney avait compris que beaucoup n'avaient pas aimé la partie géopolitique de la prélogie avec cette montée en puissance de l'Empire et les magouilles de la bureaucratie républicaine. Il a été décidé de reprendre l'idée d'une aventure à taille plus humaine de la première trilogie qui se concentrait sur un seul petit groupe de personne. Cela fonctionnait car c'était nos simples premiers pas dans un univers plus vaste. Un univers qu'on a bien mieux exploré maintenant. Si on attendait Star Wars VII c'était pour savoir ce qui se passait pour nos personnages favoris, mais aussi pour cette galaxie si chère à notre cœur. Le background n'est donc pas assez travaillé, du moins à l'écran car on sait que les produits dérivés seront aussi là pour répondre à nos questions.

Mais il s'agit évidemment du point de vue du fan qui connaît les films quasiment par cœur. L'amateur de science-fiction (tendance space opera), de blockbuster ou le néophyte apprécieront sans aucun doute le film. Le scénario réussit à tenir la route car il reste sur un chemin balisé propre à ce genre de productions mêmes si toutes ne réussissent pas à être aussi propres. Le spectacle est donc de qualité avec un action trépidante, un suspense bien dosé, une dramaturgie bien exploitée et de quoi satisfaire vos mirettes qui ont soif d'effets spéciaux. Les dialogues se suivent avec plaisi,r avec un humour qui fonctionne souvent et des personnages qui réussissent à sortir du lot. C'est un spectacle familial sans jamais être enfantin ni cartoon ce qu'on avait beaucoup reproché à La Menace Fantôme, à raison... Le droïde BB-8 est clairement une des réussites du film, comme la courageuse Rey (l’impeccable débutante Daisy Ridley) qui devient une véritable héroïne au passé mystérieux. Poe Dameron (excellent, comme toujours, Oscar Isaac) est très classe et Finn (John Boyega convaincant) s'en sort bien en stormtrooper désorienté. On apprécie bien évidemment les retours tant attendus de Han Solo (Harrison Ford toujours aussi bon), Leia (digne Carrie Fisher) ou Chewbacca qui donne une saveur toute particulière au film. Malgré ses défauts donc, Le réveil de la Force est une satisfaction d'un point de vue divertissement. Le reste du casting s'en sort tout aussi bien comme Adam Driver jouant l'énigmatique Kylo Ren.


La grande réussite du film est incontestablement sa direction artistique qui se distingue de bout en bout grâce à une continuité exemplaire avec la trilogie originale. Les décors, les objets comme les costumes sont vraiment dans l'esprit de ce qui avait plus au départ. Les fans de la licence comme de science-fiction retrouveront avec plaisir différentes planètes peuplées de robots et races extraterrestre étranges avec des scènes reprenant celles iconiques de la saga comme des races dangereuses sur la planète désertique ou une cantina remplie de créateurs étranges. On retrouve aussi cette armée de soldats anonymes dans leurs armures blanches immaculées et toute l'ambiance régime totalitaire qui les entoure. On retrouve aussi ces vaisseaux impressionnants et leurs chasseurs fascinants... L'aspect visuel est ainsi une réussite, avec quelques prises de risque comme une arme dévastatrice au fonctionnement incroyable où le sabre laser de Kylo Ren au fonctionnement différent et à la garde toute aussi meurtrière. Avec la puissance de feu de Disney et l'attrait de Star Wars, on sait que la licence a pu s'entourer des meilleurs pour créer de tels décors. Le studio a aussi pris la décision de limiter les fonds verts et l'usage du numérique ce qui fonctionne ici parfaitement donnant plus de consistance aux décors, ce que n'arrivait pas toujours à faire la Prélogie. On est d'autant plus dans l'ambiance que le design sonore est toujours assuré par Ben Burtt et la musique toujours signée John Williams. Des gages de qualité.

Les effets spéciaux sont tout aussi réussis mais s'avèrent finalement moins impressionnants. L'effet révolutionnaire en la matière des Star Wars précédents n'est pas au rendez-vous. L'habitude des productions Marvel et autres films de super-héros fait qu'on est moins ébahi qu'à l'accoutumée. L'ensemble est très propre et bien fait mais finalement rarement surprenant. On est plus aussi estomaqué que lors de l'attaque de l'étoile noire de l'Episode IV, la bataille de Hot de l'Episode V, la course de pods de l'Episode I ou le duel final de l'Episode III. A ce titre, les quelques duels au sabre-laser s'avèrent assez décevant tant la prélogie nous avait offert de tels grands moments... Néanmoins, les batailles spatiales ou sur entre soldats sont magnifiquement réalisées à tout point de vue. De même, la capture de mouvement aide à rendre plus crédibles les races extraterrestres. La réalisation de J.J. Abrams tient d'ailleurs la route de bout en bout et s'avère la plus efficace quand il a le loisir de s'éloigner un peu du référencement comme l'introduction qui nous plonge avec maestria dans le film où toute la partie qui suit la rencontre avec Han Solo. Le réalisateur maintenant expérimenté fait donc son travail consciencieusement en dirigeant correctement ses acteurs, en sachant rendre lisible l'action tout en réussissant à nous offrir des images parfois somptueuses. Mais il ne fallait pas s'attendre à ce que sa mise en scène soit très ambitieuse ou que Disney le laisse imprimer sa personnalité sur la pellicule. J.J. Abrams le savait et nous aussi. Il a le mérite de nous offrir un blockbuster réussi qui sonne comme le doux réveil d'une licence dont nous suivrons la carrière avec un grand intérêt...

La conclusion de à propos du Film : Le Réveil de la Force #7 [2015]

Auteur Bastien L.
78

Le Réveil de la Force est un bon blockbuster doté d'une réalisation soignée, d'un casting convaincant et d'un aspect technique irréprochable. C'est un film bien rythmé sachant proposer toutes les palettes d'émotions qu'on attend de lui. Et puis c'est aussi le retour de Star Wars, une licence qui provoque un plaisir comme aucune autre ne sait le faire. Mais c'est finalement un Star Wars un peu feignant qui applique, en les suivant à la lettre, les préceptes de la première trilogie. Un peu trop d'ailleurs... Il reste quand même bien loin de la qualité de cette première trilogie voire de La revanche des Sith. Un défaut peut-être nécessaire pour faire renaître correctement cette galaxie lointaine, très lointaine...

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