Critique La Nuit #1 [2013]

Avis critique rédigé par Richard B. le mardi 19 mars 2013 à 12h23

Problème d'immigration à travers le monde du rêve

Nighfall présentation

Après l'arrivée du premier tome du très bon « Bad Ass », les éditions Delcourt continuent sur leur lancée avec Nightfall, le deuxième titre - très attendu - de leur nouveau label « Comic Fabric ». Une collection de comics « made in France » qui, suivant son élan, proposera aussi le mois prochain, Le cercle, avec Andoryss au scénario et Nesskain au dessin.

Ici nous est contée l'histoire de Donatello Valedino Junior, réfugié avec sa famille à Londres depuis ses deux ans, vivant perpétuellement dans un environnement fait de racisme et de terrorisme. Alors âgé de quatre ans, il vu son père sortir de sa vie. Dix ans plus tard, soumis à l'influence néfaste de son frère, il s'apprête à son tour à suivre une sombre destinée, en ayant pour objectif de poser une bombe dans les sous-sols du premier district. Il ne sait pas encore que cette voie le conduira aussi dans l’univers parallèle d'Asante, lieu des rêveurs, peu propice en dangers et conséquences, mais qui, pour son propre cas, amènera des répercussions dans le monde réel...

Au final, la première impression accompagnant la lecture de Nightfall, est que ce titre puise bien plus ses références dans le monde de la bande dessinée européenne que dans celui des comics américains. Tout d'abord, Nighfall est créé, écrit et dessiné par Fred Fordham, il s'agit donc ici de l'œuvre d'une seule personne. Ensuite, même si on pourrait y trouver une apparentée très lointaine avec Ascension (une série de comics créée par David Finch et Batt éditée sous le label Top Cow), comparaison due à la présence d'un monde parallèle, et d'humanoïdes à l'apparence d'anges et de démons, il en ressort surtout un travail d'écriture et de visuel se plaçant très loin des créneaux du genre. Mais, nous sommes bien d'accord, peu importe si Nightfall tient plus du comics ou de la bande dessinée Franco-Européenne, ce qui compte avant tout, c’est la qualité du produit.

Si les premières pages de Fred Fordham offrent des perspectives intéressantes, avec des thématiques fortes telles que l'immigration ou encore le terrorisme, une fois que l'auteur nous plonge dans le monde de l'imaginaire, l'intérêt se montre bien moindre. Tout d'abord, la quête nous parait trop obscur lors de son entame, avec l'arrivée de personnages qui nous apparaissent peu intéressants, sans réelles motivations, semblant juste là pour expliquer les règles du jeu à notre protagoniste. En parallèle, le texte se montre assez pesant à lire, et on a souvent l'impression qu'on pourrait facilement sauter des informations sans que pour autant cela gène notre compréhension. Au final, c'est lorsque l'on revient dans des situations se déroulant dans le monde réel qu'on retrouve un semblant d'intérêt à suivre les périples de Donattello. Pourtant, Fred Fordham n'est pas le premier à nous inviter dans un monde où un adolescent se retrouve plongé dans l'imaginaire, les aventures vécues ayant pour mission de le faire mûrir. Le Magicien d'Oz, par exemple, évoquait bien cela avec le mal-être d'une adolescente face à la crise américaine, alors pourquoi ne pas utiliser le monde du rêve pour parler du problème d'intégration et aussi des sans-papiers ? L'idée peut même paraître excellente. Pour autant, même si on a conscience que l'auteur a un propos qui dépasse le simple divertissement, la lecture apparait presque comme contraignante tant l'indifférence domine durant un bon nombre de pages.

Nighfall présentation

De plus, visuellement, le dessin n'aide pas toujours à la lecture. Les couleurs apparaissent assez ternes, très sombres - parfois baveuses et particulièrement « photoshopées » - du moins sur toute la partie colorée, car étrangement la partie noire & blanc (le monde réel) est plus agréable à l'œil. Le découpage de cette partie - tout comme la fluidité des mouvements - semble là encore plus inspirée, confirmant - du moins en apparence - que l'auteur se trouve personnellement et créativement plus inspiré par la réalité que par les univers fantastiques. Fred Fordhama aussi particulièrement du mal à illustrer l'action, les cases consacrées étant particulièrement statiques, figées et peu expressives. Pour le reste, vu que l'auteur utilise beaucoup d'aplats noirs, on peut aussi se dire que, si la couleur n'était pas présente pour rendre l'ensemble encore plus étouffante, cela serait peut-être bien mieux passé - même si contradictoire avec certains codes narratifs puisqu'une fois encore, le choix de la couleur apparaît comme non anodin et souligne une approche similaire à Oz.

La conclusion de à propos de la Bande Dessinée : La Nuit #1 [2013]

Auteur Richard B.
45

Le synopsis de Nighfall, intriguait et laissait espérer un ouvrage passionnant. Le résultat est bien en deça et, force est de l’avouer, on ressent une grande déception lors de sa lecture. Construit sur un modèle assez semblable à celui du magicien d'Oz, l'auteur semble mettre plus de cœur à parler du monde réel et apparaît bien moins enthousiaste à nous transporter dans celui du rêve, et comme celui-ci concerne la plus grosse partie de l'ouvrage, autant dire que le lecteur ne profitera pas du meilleur voyage. Dommage, d'autant que les bonnes intentions et idées pertinentes ne manquaient pas.

On a aimé

  • La partie en Noir & blanc.
  • L'idée de base était interessante.

On a moins bien aimé

  • La mise en couleur qui etouffe le dessin.
  • Des personnages pas très attachants.

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