Critique Phénix, l'Oiseau de feu [2005]

Avis critique rédigé par Bastien L. le dimanche 6 janvier 2013 à 20h28

La chasse à l'oiseau de feu

Critique de la VOST

Osamu Tezuka est sans conteste l'un des plus grands noms du manga, si ce n'est le plus important du XXème siècle ;  il joua ainsi un rôle important en ce qui concerne l'animation dite à la japonaise, faisant notamment figure de pionnier dans le domaine des séries animées. De fait, quand Tezuka décide de créer un film d'animation ambitieux sur son œuvre la plus personnelle, Phenix, on s'attend à quelque chose de grand. Phenix, L'oiseau de feu est une œuvre importante dans la bibliographie de Tezuka, et ce dans la mesure où il s'agit d'un projet s'étalant sur trente ans (des années 1950 jusqu'aux années 1980, le dernier tome parut en 1988 soit un an avant la mort de l'auteur). L'œuvre propose différentes histoires, se déroulant du Japon médiéval à un futur lié à la conquête spatiale, liées les unes aux autres par le mythique Phénix, dans lesquelle l'auteur y exploite les thèmes de la vie, de la mort, mais également de l'écologie et de l'évolution de l'être humain.

Ce sont les épisodes se déroulant dans le futur qui ont été adaptés ici par Tezuka lui-même, qui assure ici la caquette de producteur (à travers son studio Tezuka Production) et de scénariste. La réalisation fut quant à elle confiée au peu connu Taku Sugiyama. Dans une époque lointaine où les hommes se sont exportés partout dans l'univers, rencontrant un nombre incalculable d'autres espèces, les planètes habitables et les ressources commencent à manquer et l'humanité a besoin d'une solution pour ne pas subir des cataclysmes importants. Parallèlement, on suit pendant un prologue totalement muet (mais rythmée par la musique magnifique de Yasuo Higuchi) l'enfance de Godo, qui finit par rejoindre l'académie des pilotes dans un système où chaque destin professionnel est dessiné à la naissance ; Godo va se voir confier la mission de chasser et ramener l'étrange créature 2772, un Phénix immense faisant sa loi dans le cosmos...

On le sait, Tezuka a été très influencé par les productions occidentales tout au long de sa carrière, notamment par les celles de Walt Disney. On peut donc trouver une influence directe des films d'animations de la firme aux grandes oreilles dans cette production : le métrage se fait ainsi plutôt familial (avec ces extra-terrestres mignons qui ponctuent le film d'humour), et les passages musicaux y sont important, à la manière d'un Fantasia (beaucoup de passages sont muets, la musique collant et réagissant parfaitement avec ce qui se passe à l'écran). D'une manière générale, cela fonctionne plutôt bien, notamment dans l'introduction, qui nous plonge littéralement dans ce monde étrange (même si l'on pourra trouver une théâtralité exagérée pour la musique, et que les personnages mignons ralentissent parfois un peu trop le film et gâchent quelque peu un peu le sérieux avec lequel le film est amené).

Évidemment, faire un film de science-fiction en 1980, c'est se confronter à la folie Star Wars, et cela se sent clairement quand on voit le film. Alors que la réflexion et les étendues cosmiques pouvaient se rapprocher d'un 2001, l'odyssée de l'espace, le film s'oriente vers une approche space-opera riche en séquences de combats spatiaux à grande vitesse, et de méchants faisant penser aux films de George Lucas. Au travail graphique réaliste (notamment dans les proportions des personnages) et à l'univers cohérent (les vaisseaux sont impressionnants de beauté) s'oppose la vraie folie instaurée autour des aliens (qui ont des formes et particularités physiques assez surprenantes, preuve de la grande créativité de Tezuka et de ses artistes). Malgré la relative faiblesse de l'intrigue, le film nous emporte dans un univers de science-fiction assez riche, doté de bonnes réflexions et de ce qu'il faut d'action (et ce même si le film aurait gagné à être plus court).

Au niveau de l'animation, Tezuka a bien entendu voulu avoir un rendu beaucoup plus travaillé que dans ses productions télévisuelles. Néanmoins, il faut bien avouer qu'elle a pris un coup de vieux trente ans après, et que, même à l'époque, les productions américaines se situaient bien au-dessus en terme de qualité. Cela se vérifie notamment avec les mouvements de caméras les plus ambitieux, qui font parfois tache. Sinon l'ensemble reste plus que correct, notamment lors des séquences de combat et d'entraînement de Godo, pendant lesquels une bonne sensation de vitesse se fait ressentir. On peut également reprocher au métrage des décors parfois un peu vides, et plus de gros plans que nécessaire.

Néanmoins, il faut saluer l'incroyable soin qui a été apporté aux animations des personnages, qu'il s'agisse des humains ou des aliens. Tous les personnages bénéficient tous d'un character design de haute qualité, avec l'utilisation de la rotoscopie pour rendre réalistes leurs mouvements. Le soin le plus important semble avoir été apporté sur le personnage d'Olga qui peut se transformer, avec une grande fluidité, en différents véhicules impressionnants. On notera aussi les nombreuses et magnifiques transformations du Phénix, évoluant soit avec grâce, soit avec fougue selon des comportements radicalement différents. Si elle n'est pas sans faille, l'animation a au moins le mérite d'apporter une véritable poésie et mélancolie douce au métrage qui réussit donc à nous toucher par moments.

La conclusion de à propos du Film d'animation : Phénix, l'Oiseau de feu [2005]

Auteur Bastien L.
70

Phénix, l'Oiseau de Feu est au final un long-métrage plutôt sympathique, et ce même s'il ne peut guère se hisser à un meilleur niveau tant il souffre de passages inutiles qui gâchent quelque peu le propos assez sérieux de l'histoire. Il est de plus dommage que le temps consacré à certains passages musicaux ou comiques n'ait pas pu rester dans la réflexion plutôt intéressante de Tezuka, avec des thèmes assez forts sublimés pas le final. On retiendra cependant l'univers riche qui nous est proposé, relativement bien mis en scène quand on s'intéresse aux nombreux personnages présents.

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