Critique Les faucheurs sont les anges [2012]

Avis critique rédigé par Vincent L. le jeudi 28 juin 2012 à 10h24

Un premier roman prometteur...

« Elle traverse d'autres villes, mais toujours aucun signe de vie normale. Elle commence à s'imaginer qu'elle est la dernière personne vivante sur la Terre, au milieu de tous ces sacs à viande. Elle dénicherait une carte et sillonnerait le pays pour profiter du panorama. »

Premier roman d'Alden BellLes faucheurs sont les anges arrive en France précédé de critiques particulièrement flatteuses reçues outre-Atlantique. Surfant sur la vague des zombies et des survivals post-apocalyptiques, le roman ne s'avère pourtant pas très passionnant au premier abord, souffrant d'un pitch basique, d'une histoire possédant un fort arrière-goût de déjà-vu et de premières pages qui ne parviennent pas à réellement captiver. Cependant, passés ces premiers a priori, on finit malgré tout par se laisser porter par le récit ; c'est à partir de ce moment que l'on découvre toute la richesse de ce roman.

Ainsi, le traitement apporté à l'histoire s'avère finalement peu courant : le langage utilisé,  la saleté du monde et la description des grands espaces et des personnages font s'apparenter le récit à une sorte de western, impression amplifiée par tout ce qui concerne la rivalité entre l'héroïne et son adversaire. En effet, cette histoire de vengeance étrange - car dénuée de tout fondement sensé - s'apparente à une quête sur le sens de la vie ; au delà d'une histoire de vengeance classique, c'est la relation de respect mutuel et de compréhension entre les deux personnages qui donne véritablement cette teinte au roman.

Alden Bell réussit, de plus, à ne pas se cantonner à un simple survival, mais parvient à créer un roadtrip poétique possédant une coloration judéo-chrétienne bien particulière. Le plus étonnant reste que cet aspect religieux n'est pas préjudiciable au récit, et que le roman ne donne jamais l'impression d'être prosélythique. En effet, on ne se sent pas oppressé par ces croyances, mais au comprend au contraire le besoin humain de se raccrocher à un être supérieur pour avancer, cela s'apparentant finalement à une nécessité pour survivre. On notera cependant que les nombreuses références bibliques sont parfois tellement superflues qu'elles finissent par alourdir le texte.

Pour raconter cette histoire, l'auteur a pris le parti de ne pas sombrer dans le glauque gratuit et inutile, mais tente au contraire d'insérer de la beauté dans ce monde dévasté par la mort en s'attachant à nombre de petits miracles de la nature. Ce faisant, il livre au lecteur un message plein d'humanité et d'une forme particulière d'espoir, chose finalement plutôt originale dans un livre traitant des zombies. Malheureusement, il ne réussit pas à éviter le travers de l'agaçante moralisation, sous-entendant ainsi fortement que notre société actuelle ne sait pas apprécier la beauté du monde.

Enfin, l'un des gros points forts de ce roman repose sur la construction du personnage principal. Il est ainsi rare qu'une héroïne soit aussi nuancée, notamment sous la plume d'un auteur masculin. Son personnage est une projection plutôt juste d'une jeune-fille ayant subit un certain nombre de traumatismes ; ainsi, le côté sombre et violent de sa personnalité reste vraisemblable face à son vécu, de même que sa sexualité et son rapport à la féminité ne sont ni malsains ni stéréotypés, mais semblent être une évolution probable par rapport à son histoire.

Cependant, les autres protagonistes de l'histoire ne sont clairement pas aussi riches ; bien au contraire, ils sont souvent caricaturaux et ne présentent que peu d'intérêt. L'ensemble des personnages qui gravitent autour de l'héroïne semblent seulement servir de faire-valoir ou de caution au récit, et ne bénéficient pas de la même qualité de traitement. Seuls, peut-être, l'adversaire de l'héroïne ou encore son compagnon handicapé peuvent trouver grâce aux yeux du lecteur, et ce bien que l'histoire se servent d'eux pour justifier des incohérences parfois grotesques.

En effet, l'histoire s'avère parsemée de péripéties improbables (à l'image de la halte de l'héroïne dans une demeure coloniale dans laquelle les habitants vivent encore comme au XIXème siècle, qui n'a jamais été attaqué par qui que ce soit alors même que la Terre est complètement ravagée) ou incohérentes (le passage avec les mutants, malgré une idée qui peut se défendre, finit par sombrer dans le grotesque). Le récit oscille donc entre idées innovantes et irréalités/incohérences proches du ridicule, ce qui tend malheureusement à amoindrir l'impact des meilleurs passages.

La conclusion de à propos du Roman : Les faucheurs sont les anges [2012]

Auteur Vincent L.
70

Les Faucheurs sont les anges est un premier roman plutôt prometteur. En effet, malgré les nombreuses faiblesses dont souffre l'histoire, ainsi qu'une palette de personnages secondaires pas vraiment intéressants, on se laisse aisément porter par la puissance du récit du fait de la qualité de l'écriture, de l'ambiance bien particulière qui ressort des diverses descriptions ainsi que de la construction du personnage principal. Si Alden Bell n'a pas su éviter tous les pièges, il s'impose pourtant comme un auteur à surveiller, capable à l'avenir de nous surprendre.

On a aimé

  • Un survival original ;
  • Un style d'écriture sympathique ;
  • Une héroïne très bien construite ;
  • De la poésie et de l'humanité ;
  • Un roadtrip qui rappelle les vieux westerns.

On a moins bien aimé

  • Des situations improbables ;
  • Des personnages secondaires bâclés ;
  • Un côté parfois moralisateur.

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