Critique Limitless [2011]

Avis critique rédigé par Vincent L. le mercredi 22 juin 2011 à 10h44

Scénario débile pour drogue intelligente...

Principalement connu pour s'être cassé les dents au box-office avec son premier long-métrage, L'Illusionniste, Neil Burger avait tout de même réussi à démontrer qu'il n'était pas qu'un simple yes-man à la solde des producteurs hollywoodien, et que son travail de réalisateur pouvait révêtir des qualités artistiques assez remarquables (L'Illusionniste était finalement plus plus qu'un simple clone fadasse du Prestige de Christopher Nolan, et ce même si la comparaison entre les deux films ne se faisait pas forcément à son avantage). Quatre ans et un long-métrage - toujours inédit - plus tard, nous étions donc heureux de le voir revenir dans un petit blockbuster estival, Limitless, un thriller au postulat SF mettant en scène l'une des valeurs montantes d'Hollywood, Bradley Cooper, tout juste auréolé des succès de Very Bad Trip et de L'agence tout risques.

Si le point de départ de Limitless n'était a priori pas franchement original (la drogue qui décuple les capacités, combien de fois avons-nous déjà vu ça ?), son traitement semblait être accès sur une optique assez fun. Mettant en scène un vrai tocard comme personnage principal, le film raconte ainsi l'ascension fulgurante d'un écrivain raté qui va devenir le roi de la finance, non sans que cela aiguise jalousie, convoitise et curiosité dans son entourage. Rien de nouveau sous le soleil, en somme, mais un postulat apte à accoucher d'un blockbuster pop-corn assez sympathique. Et si, au final, Limitless s'avère être on ne peut plus bancal, il n'est pourtant pas si mauvais que ça, souffrant avant toute autre chose d'un manque de sérieux dans l'écriture du script. Heureusement, pour palier à cela, réalisateur et acteur s'en sont donné à coeur joie !

En effet, avec ce second long-métrage à sortir en France, Neil Burger confirme qu'il a plus d'un tour dans son sac, et qu'il est capable d'appliquer une mise en scène ingénieuse sur un scénario plus que moyen. On pourra certes y voir une réalisation clinquante, presque "bling-bling" pour reprendre un terme à la mode, mais force est de constater que cela s'inscrit dans une démarche logique vis à vis de l'histoire racontée. Ainsi, les fameux comprimés de NZT-48, au coeur du scénario, ne se contentent pas de rendre plus fort et plus intelligent, ils dotent également ceux qui en prennent de goûts vestimentaires impeccables, en font (autant que faire se peut) des gravures de modes, les rendent plus beaux et plus attirant... Un postulat qui prête à rire, mais que Burger a pris au pied de la lettre pour créer son film, lequel devient visuellement plus beau lorsque le personnage principal est sous les effets de la drogue (la photo de Jo Willems exploitant impeccablement ces différences).

Les choses passent même à la vitesse supérieure lors des passages où le personnage principal est totalement stone. On pense notamment ici à Enter the Void avec lequel Limitless partage quelques points communs : couleurs saturées, mouvement de caméra rapides, vitesse des images. Si le travail de Gaspar Noé était inconstablement plus ambitieux, Neil Burger parvient cependant à imposer à son film une atmosphère particulière, qui a pour elle ne pas ressembler à celle du commun des blockbusters. Si l'on pourra malgré tout reprocher à Burger de finir par se perdre dans les méandres de son film (Limitless devient de plus en plus ennyeux au fur et à mesure de son déroulement, comme si toutes les cartouches avaient été tirées dès la première heure), notamment lors d'un épilogue trop riche en péripéties inutiles, il parvient tout de même à confirmer les bonnes premières impressions nées de L'Illusionniste. En espérant que, pour la prochaine fois, il ait enfin un scénario à la hauteur.

Parce qu'il faut bien reconnaître que le scénario de Limitless est on ne peut plus médiocre. Sur la forme, sa structure en flash-back et sa voix-off omniprésente rendent le tout particulièrement bancal (comme bien souvent lorsque ce type d'artifice est utilisé). Sur le fond, alors là, c'est le festival de la nullité : aucun véritable enjeu dramatique (le héros se fait juste poursuivre par deux camés qui veulent lui voler son médicament), des incohérences à la pelle (le plus drôle étant quand le spectateur comprend plus vite que le personnage principal, censé être génial !), des facilité scénaristiques grossières (la plus belle étant la manière dont le héros met la main sur le NZT-48), des intrigues secondaires qui ne se terminent pas (le meurtre du top-model), des passages intrigant qui ne sont jamais expliqués (mais pourquoi les blackouts ?), des personnages secondaires sans aucun relief (à quoi sert la petite-amie déjà ?) et un final gratuit et ridicule (surtout quand Bradley Cooper se transforme en Steve Carrell).

Devant la caméra, Bradley Cooper a heureusement ce qu'il faut en talent et en charisme pour faire passer la pillule, et ainsi permettre au spectateur de passer un moment relativement agréable. Présent à chaque minute du film, l'acteur déploie un jeu décontracté, imposant très correctement sa presence à l'écran pour parvenir à être crédible, aussi bien en looser sans avenir qu'en golden-boy adepte de l'auto-statisfaction, et pour réussir à ne jamais agacer le spectateur malgré le côté hautement mégalomane de ce type de rôle (Cooper étant également producteur du film, on pourrait presque en déduire qu'il s'agit d'un long-métrage à sa propre gloire). Face à lui, la totalité des seconds rôles sont fades, lisses et effacés, qu'il s'agisse de vieux briscards (Robert De Niro, qui ne se cache même plus quand il cachetonne) ou des petits nouveau (Abbie Cornish, complètement transparente face à son partenaire).

La conclusion de à propos du Film : Limitless [2011]

Auteur Vincent L.
45

Pour un film traitant d'une drogue qui rend intelligent, il est dommage que le scénariste n'ait décidé d'utiliser que 5% de ses capacités intellectuelles... Conséquence : le scénario de Limitless est paré d'enjeux dramatiques plutôt minces, est fait de grosses coïncidences faciles, est bourré d'incohérences, ne prend même pas la peine de résoudre les intrigues secondaires et se trouve plombé par un final interminable. Dommage, parce que derrière la caméra, Neil Burger livre un travail de réalisation tout à fait honnorable, et que le film est correctement porté par un Bradley Cooper très en forme.

On a aimé

  • Une réalisation efficace,
  • Bradley Cooper, plutôt charismatique,
  • Postulat de base sympathique.

On a moins bien aimé

  • Un scénario très médiocre,
  • Manque sérieusement d'enjeux dramatiques,
  • Des seconds rôles effacés,
  • Un final interminable.

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