Critique The Collector [2010]

Avis critique rédigé par Vincent L. le lundi 7 mars 2011 à 08h51

Loin d'être un collector...

La saga Saw aura été juteuse pour ses producteurs ; en effet, passé un premier opus sympathique - même si très perfectible - se sont succédés six séquelles aussi médiocres que financièrement très rentables. Le concept qui motive ces films est d'offrir au grand public des tortures-porn très light, mais emballés dans des paquets cadeaux les faisant s'apparenter à des objets terriblement transgressifs (à l'image des deux opus de la saga Hostel). Certes, pour tout le pan du (jeune) public peu habitué à ces productions, l'illusion peut à la rigueur fonctionner, mais l'amateur de cinéma d'horreur, celui qui aura déjà subit un Serbian film, aura tôt fait de gentiment ricaner devant ces longs-métrages, ironiquement moins violents que ce qui pouvait se faire dans les slashers dans années quatre-vingt. Peu importe, finalement, car le public aime visiblement avoir la sensation de regarder quelque chose de trash, même si ce n'est pas le cas, en témoignent les bénéfices inversement proportionels à la qualité de ces divers films.

Au sein de l'industrie Saw, Marcus Dunstan et Patrick Melton sont deux petits soldats très efficaces qui ont offert à la saga les scénarios de ses opus les plus rentables (du quatre au six). Il n'en fallait pas plus pour qu'ils réussissent à convaincre les producteurs de se lancer dans une nouvelle franchise basée sur de grands principes similaires : pièges mortels chiadés dans leur conception, visuel crade et faussement trash, tueur vicieux aux motivations peu esquissées, configuration selon les principes d'un huis-clôt et twist final. Ainsi, lorsque The collector s'ouvre sur un générique emprunté à celui de Se7en, et qu'il se poursuit en reprenant presque scolairement l'ensemble des techniques formelles qui font l'identité visuelles des Saw (éclairages fluos, montage à base d'images rapides, look clipesque de l'ensemble), on comprend que l'on est face à un film de pure exploitation dont l'objectif n'est absolument pas de proposer quelque chose de neuf. Pourquoi pas, après tout, si c'est bien fait, ça peut être distrayant.

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Seulement voilà, The collector est loin d'être réussi, s'avérant même globalement assez peu passionnant à regarder. Passé une introduction poussive, destinée à s'étaler un maximum possible pour permettre au film d'atteindre les quatre-vingt dix minutes conventionnelles, on entre dans le vif du sujet alors que le gentil cambrioleur va s'introduire dans une maison aux mains d'un terrible serial killer, bien decidé à tuer tous les occupants de la demeure. Un petit jeu du chat et de la souris commence alors entre le psychopathe et le héros, ce dernier, bienveillant dans le fond malgré son passé criminel, ayant décidé de sauver cette famille en difficulté (chose à laquelle il va lamentablement échouer, tous allant de toute façon passer de vie à trépas petit à petit). Par hasard, entre temps, on apprendra quand même que ce tueur collectionne les gens, un mobile intrigant, certes, sauf qu'en pratique, pendant le film, il les assassine, tout bêtement.

D'une façon plus générale, on a de toute façon l'impression d'être pris pour des demeurés. Ainsi, l'argument "pièges" est amené dans le film de manière on ne peut plus stupide. Le collector, fils caché de McGyver et de Mr Bricolage, a donc décidé de truffer la maison de pièges tous plus mortels les uns que les autres ; n'ayant visiblement pas prévu de se faire cambrioler (il ne devine la présence du héros que très tard), et ayant déjà capturé et emprisonné les occupants de la barraque, on se demande quand même à qui peuvent bien être destinés ces divers traquenards, et, surtout, à quel moment il a pu avoir le temps de les mettre en place. Par extension, de toute façon, tout dans le scénario de The Collector n'est qu'incohérences et facilités, le but avoué et visible n'étant que d'aligner un maximum de scènes chocs, et ce en dépit de toute notion de logique et de cohérence. Conséquence, on se désintéresse bien vite que ce qui peut bien être raconté.

Vu que ce qui est raconté n'a aucun semblant d'intérêt, l'attention se reporte donc logiquement sur l'aspect horreur du film. Et à ce niveau, également, il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent. En effet, à l'instar des opus de la saga Saw, l'argument violence/trash est une nouvelle fois très surévalué. Ainsi, si quelques séquences gores s'avèrent tout de même assez amusantes (les pièges à loup, l'attaque du chien), les autres oscillent entre le grotesque (la scène du chat) et l'inexistant (la scène de couture, où l'on ne nous montre finalement rien). L'illusion pourra peut-être fonctionner vis à vis du pan de spectateur peu habitué à ce type de cinéma (mais ceux-ci regarderont-ils un film comme The Collector ?), il s'avèrera cependant bien inoffensif pour tous les autres (même ceux qui se sont limités aux Saw auront déjà vu pire, c'est dire !). Etant donné que le film est ouvertement vendu sur cet argument, on a le droit d'être légitimement déçu vis à vis de la pauvreté de l'ensemble.

Derrière la caméra, Marcus Dunstan duplique scolairement le cahier des charges propre à la saga Saw. On y retrouve ainsi l'utilisation de divers filtres (l'éclairage fluo, notamment, qui permet ne pas rendre le sang rouge), les images quasi-subliminales, la mise en scène des pièges et la représentation du tueur. Ce dernier, échappé d'un porno SM, est d'un ridicule souvent consternant, alternant phases de pure loose (notamment quand il se fait mettre minable par le héros) et passages tout simplement hallucinants (lorsqu'il s'improvise lanceur de couteaux) ; en contre point, Josh Stewart, dans le rôle du héros, livre une prestation somme toute assez convaincante (malgré un petit côté mou du genou parfois agaçant), suffisamment, en tout cas, pour que l'on arrive à s'intéresser un minimum à son personnage. Le tout se concluant sur un twist final aussi prévisible que profondément stupide, autant dire que globalement, The Collector fait finalement bien peine à voir.

La conclusion de à propos du Film : The Collector [2010]

Auteur Vincent L.
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The Collector ne fait rien d'autre que piller les recettes mises en place dans Saw et ses diverses séquelles, s'adressant ce faisant aux fans acharnés de cette franchise globalement très médiocre. On y retrouve donc tout ce qui a fait le succès du film de James Wan (et de ses successeurs) : les pièges retords, la violence faussement granguignolesque, le tueur aux allures surnaturelles, le twist final... Ici, cela s'inscrit dans un scénario qui multiplie facilités et incohérences dans le seul but de montrer au spectateur un maximum de séquences (faussement) chocs. Le tout, mis en scène assez pauvrement, n'est donc pas terriblement passionnant, au mieux épisodiquement intéressant, et se trouve donc plombé par de grosses chutes de rythme et un final ridicule.

On a aimé

  • Concept de base intrigant,
  • Quelques scènes amusantes,
  • Acteur principal correct.

On a moins bien aimé

  • Un Saw-like qui ne se cache même pas,
  • Beaucoup de facilités et d'incohérences,
  • Un film qui traîne en longueur,
  • Un final aussi débile que convenu,
  • Une mise en scène assez pauvre,
  • Un méchant ridicule.

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