Critique Océanique [2009]

Avis critique rédigé par Manu B. le vendredi 9 avril 2010 à 23h59

Univers parallèles et société

"En début d'après-midi, le quatrième jour après être sorti de sa mélancolie, alors qu'il rentrait tranquillement chez lui après une promenade dans les jardins du centre de Noether, Jamil entendit des cris en provenance du terrain de sport derrière la bibliothèque. Sur un coup de tête, sans même demander à la ville quel jeu était en cours, il décida de s'y joindre..."

Et voilà le troisième (et dernier ?) volume des nouvelles complètes de Greg Egan. Y sont rassemblées les six dernières nouvelles déjà parues dans les magazines Bifrost ou Galaxies, chez Pocket ou sur le site Quarante-deux. Les six autres sont toutes inédites. Après Axiomatique et Radieux, Océanique paraît aux éditions Le Belial' et explore toutes les problématiques que Greg Egan aime aborder. A savoir: les univers parallèles via la physique quantique, l'immortalité, le génie génétique, l'intelligence artificielle, la religion et la politique sociale.

La première nouvelle, gardes frontières, prix Locus 2000, est aussi la plus incroyable du recueil puisqu'il y est question dans une grosse partie d'un match quantique où les joueurs s'affrontent à coups d'harmoniques. La réflexion s'articule ensuite autour de l'immortalité et la difficulté de la vivre. La description du match seule vaut l'achat du recueil.
Dans les entiers sombres, on retrouve Alison et Yuen, les héros de la nouvelle radieux (Radieux), devenus des sortes de gardiens de la discontinuité qu'ils avaient découverts précédemment. Puisqu'ils avaient compris que c'était une frontière avec un autre univers parallèle, ils vont comprendre que le rapport de force est nécessaire pour éviter l'invasion.
Mortelles ritournelles s'inscrit dans la critique de la publicité à outrance et des moyens des publicitaires à nous faire devenir fous. Un peu d'humour. Si, si.
La nouvelle suivante est une autre variation d'une idée déjà évoquée dans Axiomatique (plus près de toi), mais sous un angle différent. C'est la question du siège de l'âme et son interaction avec le corps. Si dans plus près de toi, le basculement de la conscience se faisait dans le cristal, dans le réserviste, c'est le cerveau qui est transplanté. La chute est troublante.
Poussière est la nouvelle à l'origine du roman La Cité des permutants. Un scientifique spécialisé dans les réalités virtuelles est obsédé par l'idée de pouvoir numériser un esprit. Il décide de faire l'expérience sur lui-même et d'en faire tourner le résultat dans un univers numérique. C'est par le biais d'expériences qu'il pourra ou non valider la réussite. La nouvelle décrit les états d'âme de la copie numérique. Une fois encore, la chute en vaut la chandelle.

Quand on lit que Greg Egan est un excellent nouvelliste, ce n'est pas une légende. Et ses nouvelles sont autant d'idées pour de futurs romans. Les tapis de Wang fait partie de Diaspora (inédit en Français) et racontent la conquête, entre autres, de la galaxie par des copies numériques d'êtres humains stockées dans des vaisseaux. Il y est question de contact avec des entités extra-terrestres, thème rarement traité par l'écrivain, et celles-ci peuvent avoir des formes très étranges.
Le thème de la religion est de nouveau central dans la nouvelle océanique, prix Locus et Hugo 1999. Il est intéressant de noter que, bien qu'athée, Greg Egan s'interroge une nouvelle fois sur la Foi. Il essaie d'atteindre quelque chose mais on voit bien qu'il n'y comprend toujours rien.
Fidélité revient sur le concept d'implant. Ici, une femme tente de persuader son mari de porter un implant de fidélité absolue. C'est la plus inintéressante nouvelle du recueil. 
Dans la nouvelle suivante, celle-ci une des plus intéressantes du recueil, un détective mène son enquête suite à la mort mystérieuse d'une femme. Après la clôture de l'enquête des autorités, la fille de la victime reste persuadée que l'implant qu'elle porte a contribué à sa mort. Le dispositif, conçu pour aider à instruire plus complètement que la réalité virtuelle s'appuie sur une formation intuitive à l'aide de mots. La théorie de la fille est que sa mère est morte à cause d'un mot qui tue. Lama est une réflexion sur le langage à un niveau plus "reptilien", au même titre que Le Samouraï virtuel ou Vélum, et mériterait bien que l'auteur développe un peu plus sa théorie.
Yeyuka et le continent perdu sont des textes illustrant l'engagement de l'auteur en faveur des réfugiés australiens; il dénonce aussi les maigres moyens de la médecine en Afrique. Si c'est plaisant à lire, c'est assez pauvre sur les plans scientifique et fictif.
Enfin, singleton et oracle se suivent et sont liées par un personnage commun. L'auteur construit ses intrigues au travers de la mécanique quantique et en particulier de la notion de réduction du paquet d'onde. Très pointue, la première nouvelle fait un constat des théories et courants de pensée du moment et laisse le néophyte au bord du chemin de la compréhension pendant quelques pages. Ce qui n'empêche pas de lire avec plaisir le reste, et en particulier la deuxième nouvelle qui s'apparente à la robotique d'Isaac Asimov, en un peu plus quantique. Avec un drôle de R. Daneel Olivaw.

La conclusion de à propos du Recueil de nouvelles : Océanique [2009]

Auteur Manu B.
75

On trouve d'excellentes nouvelles dans ce recueil. On y trouve d'autres un peu moins intéressantes, mais l'auteur australien s'y montre talentueux, dans les concepts vulgarisés ou les sujets de société abordés. Libre ensuite au lecteur d'adhérer aux théories ou non.

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