Critique Le Club des policiers yiddish [2009]

Avis critique rédigé par Manu B. le mardi 20 janvier 2009 à 08h52

Tsaddik Ha-Dor

Extraits des notes du manuscrit de Pierce Ratcliff sur sa traduction de Le Club des policiers yiddish :
Page 1: "Neuf mois que Landsman crèche à l'hôtel Zamenhof sans qu'aucun des autres pensionnaires ait réussi à se faire assassiner. Et maintenant quelqu'un a logé une balle dans la cervelle de l'occupant du 208, un Yid du nom d'Emanuel Lasker..."
Les premières lignes sont toujours celles qui accrochent le lecteur qui feuillette le roman en bout de gondole chez le libraire. Ici, rien d'extraordinaire, mais Michael Chabon a déjà un style, une façon de conter qui donne envie de continuer. Un détail du titre: "union", c'est plutôt "syndicat" que "club". Avant-propos: voir le glossaire en fin de roman pour l'argot ?
Le pitch principal est une enquête dans une ville de Juifs, les fameux "Yids". Avec l'actualité sur le conflit Israelo-Palestinien, espérons qu'il n'y ait aucun lien entre ce roman et les évènements de ces dernières semaines. On va voir. Recherches sur le net: rien encore sur le CC, pas d'info sur ActuSF, sur Yozone, sur Quarante deux. Michael Chabon est Américain de confession juive (Wikipedia), déjà récompensé par le prix Pullitzer en 2000 pour Les Extraordinaires aventures de Kavalier et Clay (Noosphère). Wiki: premier roman en 1988, six autres depuis. Thèmes récurrents assez autobiographiques: le monde Juif, le divorce de ses parents lorsqu'il avait onze ans, la communauté où il a vécu neuf mois avec sa mère. Son premier roman, les mystères de Pittsburg, a déjà eu du succès. Le Club des policiers yiddish a reçu le Hugo Award 2008, le Nebula Award 2007 et le Locus Award 2008, égalant le record de Vonda N. McIntyre (Le Serpent du rêve), La Grande porte de Frederik Pohl, La guerre éternelle de Joe Haldeman, Ursula K. Le Guin et Les dépossédés, Rendez-vous avec Rama d'Arthur C. Clarke, Les dieux eux-mêmes d'Isaac Asimov et L'Anneau-Monde de Larry Niven. Pas mal alléchant.
[...]
Page 60: je n'arrive pas à entrer dedans. On piétine. On a un mort sur les bras mais pour l'instant, je n'ai pas le sentiment que les inspecteurs aient vraiment envie de résoudre l'affaire. Michael Chabon semble concentré sur son background et l'histoire de ces Juifs exilés en Alaska. Il s'agit d'une enquête mais où est donc le côté SF ou fantasy ?
Page 80: OK. C'est une uchronie. Et puis je n'étais pas dedans, pas dans le ton, car c'est en fait bourré d'humour. Bon, on repart d'un bon pied. Voyons si je peux résumer le début de l'histoire:
Pendant la guerre 1939-1946, l'holocauste a eu lieu (deux millions de morts), mais la bombe atomique sur Berlin a refroidi les ardeurs des Allemands. Les réfugiés juifs ont été placés à Jérusalem, mais ils ont été boutés par le peuple palestinien deux ans plus tard. Ils ont donc été installés de manière provisoire (depuis soixante ans, maintenant) sur une des îles d'Alaska, puis ils ont commencé à construire et étendre leurs villes, mais ils sont contraints de rester dans une zone bien délimitée par les réserves d'indiens. Ils sont maintenant deux millions et sont indépendants depuis quelques années. Mais les Etats-Unis sont au point où ils souhaitent le retour de Sitka dans les Etats-Unis: c'est la rétrocession. Meyer Landsman est inspecteur à Sitka, la plus grosse ville yiddish de ce nouvel Israël en Alaska. Il vit maintenant seul après que sa femme Bina l'ait quitté, après dix-sept ans de vie commune et il le vit très mal, sombrant lentement dans l'alcoolisme. C'est après une intervention de grossesse que le mal a commencé à ronger le couple. Le problème, c'est que Bina est aussi inspecteur et qu'elle a eu de l'avancement: elle revient à Sitka comme chef de Landsman, qui ne le prend pas forcément bien, pour une mission de neuf semaines, au terme de laquelle Meyer et son coéquipier/cousin Berko Shemets, un molosse de deux mètres et cent dix kilos moitié Juif moitié Tlingit (Indien d'Alaska), doivent clore les dix affaires qu'ils ont en cours. Et ce matin, lorsque Landsman se fait réveiller par le gérant de l'hôtel miteux où il vit, c'est pour apprendre qu'un de ses voisins Yid a été trouvé mort, une balle dans la tête. Un onzième cas à élucider...
[...]
Page 230: l'enquête progresse bien et si Landsman est un personnage plein de défauts, ce qui lui donne à la fois ce côté comique et attachant, l'histoire change de ton. Il semble que Michael Chabon ait l'aptitude à dédramatiser des affaires un peu moches. Plus on avance dans l'intrigue, plus c'est sombre et inquiétant. Si l'argot yiddish posait problème pour commencer la lecture, le glossaire en fin de roman m'a aidé à combler mes incompréhensions. Mais qui est ce Mendel en réalité ? Pourquoi n'a-t-il aucun contact avec sa famille si ce qu'on dit de lui est vrai ?
[...]
Page 375: on tient à peu près toutes les ficelles du jeu qu'a joué Mendel Shpilman avant de mourir (c'est la victime). Le fait est que l'histoire est un peu plus complexe que prévue. Elle prend un tour politico-religieux, d'ailleurs. Je trouve Michael Chabon plus acerbe dès qu'on aborde ces questions de fanatisme et ses critiques à ce sujet font plus grincer des dents que réellement rire. La question est: pourquoi tout cela ? Quel est le rôle exact de Mendel ?
Page 475: fin des débats. Le club des policiers yiddish est une uchronie qui tente de ne pas l'être, une sorte de bifurcation historique qui n'aurait pas dû exister. J'en parlerai dans mon développement. Et au bout du compte, ce roman a un rapport avec le conflit Israélo-Palestinien, d'une certaine manière.

La conclusion de à propos du Roman : Le Club des policiers yiddish [2009]

Auteur Manu B.
85

Premières conclusions: ce roman est le premier que je lis de Michael Chabon et cet écrivain est doué, si le reste est du même niveau (Note pour plus tard). Style très agréable à lire, histoire équilibrée entre scènes rythmées (action) et lents moments de réflexions ou d'explications (bien que le début m'a semblé un peu longuet), Michael Chabon n'hésite pas à écorcher des symboles (ex: les religieux Juifs sont appelés "les chapeaux noirs"), il campe des personnages très attachants, et c'est le point fort du roman. Je persiste à penser que sans l'histoire de l'Alaska, ce roman n'a rien à voir avec la SF ou la fantasy dans son sens large, c'est tout au plus un très bon thriller, polar, et ça explique pourquoi il est publié dans la collection Pavillons de Robert Laffont. Ça n'en retire rien à la qualité du roman, mais qu'on lui décerne nos prix Locus, Nebula et Hugo, pour un texte qui n'avait aucune prétention à concourir dans notre domaine, je trouve ça un peu étrange.
Je vais maintenant développer l'intrigue ici...

Fin du manuscrit.

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