Critique Vampyr, ou l'étrange aventure d'Allan Gray [1932]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le vendredi 3 novembre 2006 à 07h27

Vampyr, vous avez dit Vampyr ?

Allan Grey est un jeune chasseur de phénomènes paranormaux qui arrive au village de Courtempierre. Accueilli dans une auberge, il reçoit la nuit venue (coté paranormal, il est servit car la clé tourne seule dans la serrure !) la visite d’un vieil homme en chaussons qui lui apprend que sa fille est victime d’une malédiction. Il lui laisse alors un mystérieux paquet qui ne doit être ouvert qu’une fois sa mort annoncée. Un peu effrayé mais surtout intrigué, Allan Grey décide de mener l’enquête (en gros, il va rentrer chez les gens sans prévenir pour fourrer son nez partout)… Le réalisateur danois Carl Theodor Dreyer, réalisateur du superbe La Passion de Jeanne D’Arc, se lance en 1932 sur le traces de Murnau et du cinéma fantastique et expressionniste allemand. Avec le financement d’un jeune baron qui prend également (et hélas !), sous le pseudo de Julian West, la place de premier rôle, le cinéaste récupère librement un texte gothique et en profite également pour construire son premier film véritablement parlant. Il ne pourra s’empêcher cependant, de glisser entre certaines séquences les traditionnels cartons d’intertitre indispensables à la compréhension des films muets, et qui ne servent ici qu’à ralentir encore plus une narration pachidermique. Au niveau du scénario, Vampyr est plus une sorte de patchwork scénique avec un certain nombre de séquences ayant du mal à s’enchaîner logiquement. Mélange d’histoire de vampire et de fantômes, le film nous présente une galerie de personnages folkloriques (le plus drôle est le sbire du vampire, véritable sosie d’un Einstein halluciné !), plongées dans des situations qui ne sont guère justifiées par le script. Le résultat obtenu est un absolu manque de rythme et une narration complètement décousue. Pourtant, le film contient de nombreuses bonnes idées, comme ces jeux d’ombres représentant les fantômes (hommage au Nosferatu de Murnau ?) et ces pointes d’humour qui démontrent que ce film peut même voir sa vision orientée du coté de la comédie (Allan Grey qui chasse les fantômes avec un filet à papillons…). A noter un excellent twist final à la Sixième Sens qui démontre, s’il en était encore besoin, que Night Shyamalan n’a décidemment rien inventé.

Tout compte fait, il faut l’admettre, - et même si on peut lui accorder le bénéfice de l’age et des multiples remontages subits-, Vampyr ne brille guère par sa mise en scène et sa narration, et pour en retirer satisfaction, mieux vaut se tourner vers les performances techniques. Et sur ce plan, le film de Dreyer est très intéressant. Choix de caméra surexposée qui donne cette impression graphique sale et cauchemardesque, décors glauques à souhait (mais où ont-il bien pu trouver un papier peint aussi horrible ?), alternance de plans avec des différentes profondeur de champ qui donne une sensation de rêve éveillé, nombreux plans d’exposition. Bref, un véritable festival photographique que n’aurait sûrement pas dédaigné Fritz Lang. Et, je vous l’avoue, c’est uniquement cet aspect technique qui m’a encouragé à regarder jusqu’à son terme cette inégale adaptation d’une nouvelle de Sheridan Le Fanu.

La conclusion de à propos du Film : Vampyr, ou l'étrange aventure d'Allan Gray [1932]

Auteur Nicolas L.
75

Vampyr est considéré par beaucoup comme un grand classique, voir un chef d’œuvre, du cinéma fantastique. Je serais d’un enthousiasme plus modéré. C’est certains, visuellement, le film de Carl Dreyer m’a convaincu, tant du point de vue artistique que purement technique. Par contre, je trouve le scénario trop souvent décousu, voir confus, et le jeu de Julian West vraiment mauvais. Heureusement, quelques bonnes idées viennent agrémenter cette narration bien trop imparfaite. A voir et à juger sur pièce…

On a aimé

  • De bonnes idées scénaristiques Réalisation technique remarquable Photographie très efficace

On a moins bien aimé

  • Scénario maladroit et décousu Interprétation médiocre (surtout Julian West)

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