Critique Les Fontaines du Paradis [1980]

Avis critique rédigé par Manu B. le lundi 20 février 2006 à 01h18

L'ascenseur spatial

"La couronne devenait plus lourde avec les années. Lorsque le vénérable bodhidharma mahanayake Thero l'avait - avec tant de réticence - posée pour la première fois sur sa tête, le prince Kalidasa avait été surpris par sa légèreté. A présent, vingt ans plus tard, le roi Kalidasa se débarrassait avec plaisir de ce cercle d'or incrusté de joyaux chaque fois que l'étiquette de la cour le lui permettait..."
Hugo en 1980 et Nebula en 1979, Folio Sf nous propose une réédition ce roman de A. Clarke, Quelle riche idée !
En 2142, Vannevar Morgan est un ingénieur ambitieux aux idées plein la tête. Il vient de terminer un pont au dessus du détroit de Gibraltar. Tout serait parfait s'il portait son nom, hélas... Sa dernière idée pour définitivement entrer dans les manuels de l'histoire est de construire une tour qui relirait la terre ferme à l'espace... Le projet est ambitieux, d'autant plus que le lieu de construction se situe sur la montagne où se trouvait trois mille ans plus tôt le vénérable Kalidasa, au Sri Kanda, où maintenant les moines ont leur temple et lieu de pèlerinage...
L'hommage au Sri Lanka.Le bouddhisme Comme l'explique très bien Arthur Clarke dans sa postface, ce roman a lieu en un des endroits qu'affectionne particulièrement l'auteur, puisqu'il y avait une de ses maisons secondaires. C'est pourquoi il a un respect infini envers cette île, ses habitants et ses traditions religieuses. C'est en quelque sorte en hommage qu'il présente la montagne sacrée où l'histoire de Kalidasa a lieu, et ses fontaines du paradis. "La Sri Pada, le Pic d'Adam, est une montagne impressionnante en forme de cône, sacrée pour les bouddhistes, les musulmans, les Indous et les Chrétiens" nous explique t-il, une montagne qu'il a d'ailleurs monté et qu'il décrit dans son roman. C'est aussi pourquoi il a juste changé les noms tout en respectant au plus près l'histoire, grâce à de nombreuses recherches dans les archives de l'île. Il a aussi vu ce lever de soleil qu'il décrit avec force poésie, et c'est avec une forte émotion que l'on lit ces quelques paragraphes d'un moment apparemment fascinant et inoubliable. On sent le respect, je me répète, dans ces chapitres historiques, évoquant le passé, qui entrecoupent les passages du présent où l'ingénieur met en place son projet. Ces écrits sont d'ailleurs chargés d'une atmosphère de plénitude et de zen propre à l'esprit bouddhiste. C'est très reposant, malgré le destin tragique de Kalidasa. On est comme sur du coton.
L'ascenseur spatial. Le passé revient par intermittence pour calmer les ardeurs de l'ingénieur dont l'ambition est de voir son projet d'ascenseur spatial, de tour ascensionnelle, de son vivant. Il est vrai que cette idée a germé dans la tête d'océanographes en 1966, déjà évoquée par un russe en 1960. Néanmoins, Arthur Clarke lui-même a sa part dans l'élaboration de cette idée puisqu'il en avait émis l'idée dès 1963 au travers d'un article à propos d'"un satellite géostationnaire à basse altitude". L'extension d'un tel projet serait une couronne tout autour de la Terre ! Pourquoi l'ascenseur ? Les fusées coûtant extrêmement cher, et détériorant l'atmosphère, un tel dispositif utilisant la force centrifuge de la rotation de la Terre serait extrêmement économique !
Lorsque le futur rencontre le passé. Ce qu'il faut retenir de ce roman est cette incroyable rencontre entre la tradition et la technologie. Ils n'ont jamais fait bon ménage, et ceci confirme la règle. Le bras de fer entre cet homme et ces moines en sont un poignant témoignage. C'est donc entre ces deux tendances que balance le coeur de A. Clarke, donnant raison à l'une des parties puis l'autre. Une telle cohabitation est elle possible ? Aller de l'avant, dans le progrès de la technologie, tout en respectant la tradition pleine de sagesse ? Arthur Clarke nous décrit également un futur proche assez peu différent de ce qu'on l'imagine à court terme, avec un élément extraordinaire: la rencontre avec l'entité extra-terrestre, qui va mettre à bas la religion. Là aussi, ce roman pose la question de la confirmation de la vie ailleurs dans l'espace: une telle confirmation mettrait elle vraiment un terme aux questions de la religion. Benford nous montrait le regain de l'esprit religieux dans Dans l'océan de la nuit. Qui a raison, qui aura raison ?
J'ai vraiment éprouvé beaucoup de plaisir à lire ce roman, qui concilie hard-science et religion zen.

La conclusion de à propos du Roman : Les Fontaines du Paradis [1980]

Auteur Manu B.
80

Ce roman est un plaisir à lire: un style très fluide, des moments de poésie touchante avec un sujet très hard-science n'en font pas un cocktail explosif mais très humain et plaisant à lire.
Prix Hugo 1980 Prix Nebula 1979.

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