Critique Le Meilleur des Mondes [1932]

Avis critique rédigé par Manu B. le vendredi 10 février 2006 à 09h35

Le Chef d'oeuvre de Huxley

"Un batiment gris et trapu de trente-quatre étages seulement. Au-dessus de l'entrée principale, les mots: CENTRE D'INCUBATION ET DE CONDITIONNEMENT DE LONDRES-CENTRAL, et dans un écusson, la devise de l'Etat mondial: COMMUNAUTE, IDENTITE, STABILITE..."
Ce roman, commence par ces quelques phrases, qui constituent le début du roman phare, avec 1984, du genre dystopie, de la science fiction. La dystopie est un genre d'utopie mais où la société n'est pas vraiment le rêve auquel on voudrait aspirer, c'est plutôt la parfaite antithèse de ce à quoi l'on aspire. On l'appelle aussi contre-utopie. Généralement, la dystopie met en scène une société tyrannique où l'individu s'efface devant le 'bien' de la société toute entière, et par la même occasion, le gouvernement en place. Le bien de la société est bien souvent idéologique mais aussi économique. Les oeuvres les plus célèbres sont le meilleur des mondes, 1984 et Fahrenheit 451. Ce sont des oeuvres qui sont, à notre plus grand bonheur étudiés à l'école, ce qui montre que la science fiction n'est pas le parent pauvre de la littérature en général, mais un genre à part entière dans ce milieu.
Le clonage. Aldous Huxley imagine le clonage. Retenez que ce roman a été écrit en 1931 ! Autant dire que cet auteur est tout à fait visionnaire, au même titre que le 1984 de George Orwell ou le Tous à zanzibar de John brunner. Imaginez une société où la sexualité ne serait que divertissement, où la procréation serait une affaire d'industriels, d'entreprises lucratives qui dès l'élaboration des embryons, aiguille l'individu vers telle ou telle profession. Utopie ? Non, ce monde est le nôtre. Du moins, pas tout à fait, mais si l'on réfléchit un peu, la sexualité n'est-elle pas devenu une source de plaisir, plutôt qu'une nécessité de procréer et de perpétuer notre espèce ? Le commerce du sexe est une réalité. Qu'en est il de nos (nombreuses) expériences avec différents partenaires ? On est loin de la vision de Silverberg des monades urbaines où l'on ne pouvait refuser de coucher avec un partenaire, mais la libération sexuelle a bel et bien eu lieu. Quant au clonage, ne sommes nous pas aux portes de ce procédé, qui par la volonté des groupes d'éthique, ne progresse qu'à moitié, dans le monde scientifique connu. Que se passe t-il vraiment dans les laboratoires clandestins privés ? Nul ne le sait vraiment. Le récent scandale du professeur coréen qui avait prétendu avoir réussi le clonage nous rappelle que tout est question de règles, de réglementation. L'expérience de cet homme a été falsifiée, mais nous y sommes presque. Peut-être dans 25 ans cela sera t-il une réalité. 100 ans après l'écriture de l'oeuvre de Huxley. Huxley va plus loin puisque le clonage génétique permet une sélection à la source des futurs hommes et femmes qui vont sortir de la fabrique: les alphas, les betas, puis les gammas, deltas et enfin les epsilons. Il va sans dire que les alphas et betas sont destinés à être les futurs dirigeants et futurs responsables (essentiellement les aplhas, mais disons que les betas ne seront pas mal lotis), et les epsilons seront la main d'oeuvre basique. Le procédé Bokanovski, que l'on appelle la bokanovskication, est le résultat d'un traitement des ovules et spermatozoïdes, puis d'un traitement à l'alcool pour enrayer le développement de l'embryon. Puis un traitement consiste à priver en quelque sorte l'embryon d'oxygène pour diminuer le développement. Quel procédé abject ! Mais il permet la stabilité sociale... Le tout sur une chaîne de quelques centaines de mètres. Voilà le mot stabilité de "Communauté identité stabilité".
L'endoctrinement. l'"éducation" est du même acabit. Activités d'éveil permettant un développement de l'intelligence, de la personnalité sont le quotidien des alphas et betas. Le procédé de l'hypnopédie est aussi au programme pour ces enfants, pendant leur sommeil qui leur inculque le bon savoir vivre entre classes sociales, ce qui assure l'identité du slogan "Communauté identité stabilité". Il va sans dire également que l'apparence permet de dissocier les castes, les classes!
La vie, la vraie. Et dans cette société, des hommes et des femmes, dont Lenina et Henry essaient de vivre une vie déjà sectarisée, au futur déjà pré-établi. C'est un monde où Shakespeare n'est pas lu car c'est une vieille chose et que la société veut que vous aimiez les neuves. C'est un monde où l'epsilon doit se sacrifier au nom de la ligne de moindre résistance. C'est un monde où l'art n'existe plus, remplacé par la propagande artistique. C'est un monde où le soma est pris dès que les choses semblent aller de travers. C'est un monde où la science et la vérité n'ont pas leur place car ils menacent la stabilité.
C'est le meilleur des mondes.

La conclusion de à propos du Roman : Le Meilleur des Mondes [1932]

Auteur Manu B.
95

Un roman culte et visionnaire.

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