Rencontre avec : Lamberto Bava
interview de Lamberto Bava lors du NIFFF 2008

Lamberto Bava est un réalisateur qui vit dans l’ombre d’un père (Mario Bava) qui a apposé à jamais son empreinte dans l’histoire du cinéma italien. Pourtant, Lamberto Bava reste le réalisateur d’un bon nombre de films. Pour les amateurs de cinéma d’horreur, il est celui qui a signé la saga « Demoni », pour le grand public il est derrière l’une des séries de téléfilms comptant parmi les plus populaires de la télévision : « La Caverne de la Rose d'or ». Lors du Nifff 2008, nous avons eu la chance de le rencontrer et lui poser quelques questions.


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Vous avez débuté comme assistant-réalisateur sur « Ringo del Nebraska », quel souvenir gardez-vous de cette expérience ?
En fait, je pense que j’ai commencé comme assistant au côté de mon père, Mario Bava ! Pour « Ringo del Nebraska », j’étais venu avec mon père qui était arrivé pour superviser le film du réalisateur espagnol Antonio Román. Il est vrai que j’ai fait beaucoup de films comme assistant après celui-ci, mais celui sur lequel j’ai réellement fait mes premiers pas comme assistant-réalisateur est « terreur dans l’espace (Terrore nello spazio) » un film réalisé par mon père.
Quel impression cela donne, sur son premier film, d’assister son père sur un tournage ?
Je me rappelle sur « Terrore nello spazio » la façon dont mon père avait bâti l’univers du film sur son imagination. Nous tournions à Cinecittà (immense complexe de création cinématographique européen) dans un étage complètement vide. Il y avait seulement le sable, un morceau de la navette et des rochers répartis dans l’espace de la pièce. L’expérience fut extraordinaire, car j’ai vu comment l’imagination de mon père a créé toutes les autres choses. Il y avait seulement les acteurs et le brouillard (rire).
On sent une énorme admiration vis-à-vis de votre père. Vous a-t-il beaucoup influencé dans ce que vous faites aujourd’hui ?
Je crois tout simplement qu’il était un grand « père » et un grand « réalisateur » et j’espère avoir pris quelque chose de lui.
Vous avez aussi assisté Ruggero Deodato, ou encore Dario Argento sur « Tenebrae », vous pouvez nous raconter votre collaboration avec ses 2 réalisateurs ?
En Italie, le travail d’assistant, c’est un gros travail… puis tous les assistants aimeraient devenir réalisateurs. J’avais déjà travaillé pour Deodato sur 2 ou 3 films et pour Argento j’ai travaillé sur « Inferno » et « Tenebrae » , donc 2 films. Je crois qu’avec Dario Argento notre intérêt pour le fantastique est commun. J’ai connu Dario en tournant avec Daria Nicolodi (mère d’Asia Argento) sur « Schock », un film de mon père. C’est comme ça que nous sommes devenus très amis et qu’il m’a demandé d’être son assistant sur son prochain film. J’étais vraiment très heureux !
Après vous en êtes venu à la réalisation. Lequel est votre premier film ? « La Venere di Ille » ou bien « Cani arrabbiati » ?
« La Venere di Ille » est une collaboration avec mon père qui voulait que je devienne réalisateur. J’avais écrit le scénario avec un grand scénariste italien qui s’appelle Cesare Garboli. J’ai donc réalisé ce film avec mon père qui est une petite histoire adaptée d’une nouvelle de Prosper Mérimée. Je suis assez content d’avoir fait ce travail-là. Mais mon premier film réalisé uniquement par moi-même se nomme « Macabre».
La différence entre assistant-réalisateur et réalisateur fut-elle grande ? Et surtout quel poste possède-t-il plus de pression ?
Je crois aujourd’hui qu’il est plus facile d’être réalisateur que d’être assistant. Parce que l’assistant, il doit penser avec la tête d’un autre. Le réalisateur, lui, pense avec sa tête (rire) ! Et parfois c’est très difficile de deviner ce que pense un réalisateur comme Dario Argento (rire) !
Justement, au sujet de « Macabre». J’ai lu que vous aviez un attachement particulier à ce film. Est-ce parce qu’il est votre premier film, ou le considérez-vous comme votre meilleur film ?
Je ne pense pas, je considère tous les films que j’ai faits comme « mes fils ». Parce qu’ils sont faits par moi-même. « Macabre» est né d’un scénario que j’ai fait avec Pupi Avati, Antonio Avati - qui a aussi produit le film - et Roberto Gandus. Nous étions donc 4 à écrire l’histoire et nous l’avons fait en 20 jours ! Le matin nous étions 4 à réfléchir ensemble sur le film et l’après-midi Roberto Gandus écrivait le script ! C’était facile, nous parlions de tout et tout venait spontanément ! Nous voulions décrire une atmosphère très palpable, très oppressive, ce n’est pas facile d‘exprimer en français le ressentiment exact.
Ensuite, vous avez signé 2 films sous pseudonymes qui sont : « Shark: Rosso nell'oceano »et « Blastfighter », pourquoi cela ?
Parce que mon univers est ancré dans le fantastique, or ces deux films-là ne font pas vraiment partie de moi. Il faut que tu comprennes que j’aime beaucoup le fantastique, que cela soit l’horreur, le mystérieux, la science –fiction… Et ces 2 films-là sont « normaux », ce ne sont pas des histoires telles que j’aurais voulu les raconter. Et c’est pour ça !
Au final, c’est plus un film de production qu’un film fait par vous ?
Non, parce que sur « Shark: Rosso nell'oceano » j’ai tout de même changé beaucoup de choses. J’ai voulu y accentuer le côté mystérieux. La première partie du film tu ne sais pas qui est le monstre, tu ne sais pas qui est l’assassin ! Parce que si dès le départ tu sais que c’est une grande pieuvre qui a tué, tu as raconté tout le film !

Ensuite on notera le film « Démons », un film qui vous a assez rendu célèbre, un classique aussi pour tous les amateurs de cinéma de genre, mais il a aussi été très souvent comparé à Evil Dead, qu’elle est votre opinion sur le sujet ?
Non je pense que le film est le reflet d’une époque. Dario m’a dit un jour que si j’avais envie de faire un jour un film, avec moi comme réalisateur et lui comme producteur, il était d’accord. J’avais lu quelques jours avant une histoire de mon ami et collaborateur Dardano Sacchetti. J’ai trouvé que cela pouvait très bien faire le sujet d’un film. Il l’a apporté à Dario Argento, il l’a lu et nous avons décidé de faire ce film. L’histoire c’est deux jeunes qui ont envie de voir un film au cinéma, et quelqu’un faisant partie du film se met à venir dans la salle. C’était l’idée initiale. Et nous avons développé cette idée, avec beaucoup de travail, pour arriver au scénario final.
Justement, le cinéma fantastique italien dans les années 80 était assez répandu, regrettez-vous cette période ?
Beaucoup de gens ont dit que « Demons » était le dernier grand film d’horreur italien, en fait je ne sais pas. Aujourd’hui je m’apprête à travailler sur un grand projet comme producteur et aussi réalisateur qui consiste en 4 films que je supervise, il y aura aussi Ruggero Deodato, Manetti Bros. (Marco et Antonio Manetti). Et j’espère que cela sera la renaissance du cinéma d’horreur italien. Aujourd’hui il est très difficile de trouver les financements pour ce genre d’opération, mais je pense que vers septembre ou octobre nous allons pouvoir commencer.
Pouvez-vous m’en dire un peu plus sur ce projet ?
C’est une série de 4 films que nous allons faire pour le marché de la vidéo qui s’appelle « Italian Mass of fear », mon film sera un thriller qui se nomme « Chambre 213 » et c’est une histoire d’un serial-killer qui serait dans le coma, mais où il y aurait encore des meurtres, comme s’il les exécutait de sa propre main. Et l’on ne sait pas si les meurtres sont de lui ou d’un autre tueur en série qui le copie. Celui de Deodato sera traité de manière réaliste avec une histoire de démon satanique. Pour les Manetti Bros, le film s’appelle « le monstre de la crypte » ce sera fait à la manière des années 50, mais légèrement ironique. Et le quatrième film sera de Sergio Stivaletti, le grand spécialiste d’effets spéciaux, celui-ci s’appellera « Building ».
En France, les fans du cinéma vous connaissent pour votre film d’Horreur « Démons », mais le grand public vous connait à travers « La Caverne de la Rose d'or » - série énormément diffusée chez nous sur M6 – quel souvenir en gardez-vous ?
J’aime beaucoup ces histoires. Pourquoi ? Parce que J’ai travaillé durant 12 à 13 ans pour la télévision et j’ai apporté le fantastique à la télévision. Pas les films d’horreur, mais la « fantasy ». C’est fut très difficile d’arriver à ce que la télévision italienne produise une histoire comme la mienne. J’ai réussi à obtenir un très grand succès avec cette série. Après « La Piovra » c’est la série italienne que tout le monde a vu.
« Casa dell'orco » en France a porté le titre douteux de « Démons 3 », est-ce vraiment le troisième volet de la saga ?
Après « Dèmoni », j’ai fait 4 films à petits budgets pour la télévision, et ce film-là fait partie de ces 4 films. Mais ce n’est certainement pas « Dèmoni 3 », nous ne l’avons jamais fait !
Démons 2 est un film que vous avez voulu faire parce qu’une suite s’imposait, ou parce qu’il avait eu du succès ?
Non parce que pour moi Démons 2 est mieux. Pour moi, l’histoire de Démons 2 est meilleure que celle du premier. Le Démon dans le premier vient du cinéma, dans le second le démon vient de la télévision, et nous envisageons un triptyque ou dans « Démons 3 » le démon apparaît dans les livres. Mais pour l’instant il n’y a que le premier et le second.

Donc, il pourrait y avoir un « vrai » troisième volet de « Démons » ?
Nous nous sommes longtemps dit que c’était possible de le faire. En fait, Dario Argento a abandonné les droits à « Titanos », Hors Dario Argento ne travaillera jamais pour eux. Alors, on ne peut pas faire de « Démons 3 », mais oui avec un autre titre de film.
Vos deux derniers films sont « Ghost Son » et « The Torturer », pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ces 2 films ?
« Ghost Son » est un film que j’aime beaucoup, c’est un film international que j’ai tourné avec Laura Harring, une actrice américaine qu’on connaît pour avoir tourné dans « Mulholland drive » - c’est la fille avec les cheveux noirs dans le film. Les autres acteurs sont John Hannah, un immense acteur anglais, qui a joué dans Sliding Doors, la momie et bien d’autres, puis Pete Postlewaite, un autre grand acteur, qui a fait beaucoup de films. Le film s’est fait en Afrique du Sud où j’ai pu tourner dans une maison avec rien autour. L’Afrique du Sud offrait cette possibilité intéressante. C’est une histoire qui commence modérément, mais finit par offrir un véritable suspense. C’est l’histoire d’une femme et de son fils… et le petit fait des choses qu’a cet âge l’on ne fait pas, ça non (rire). Mais je ne peux pas vous dire pourquoi, car c’est le sujet du film !
L’autre film, « The Torturer », est un très petit budget, un film fait à l’ancienne dans la veine de la vieille période italienne, c’est un film très dur. C’est l’histoire de jeunes filles qui viennent pour jouer à la télévision, mais ce n’est pas vraiment ça et elles finissent tuées par l’assassin.
Merci Lamberto !

Auteur : Richard B.
Publié le lundi 4 août 2008 à 20h30

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