Oracle : 10ème Court-Métrage de "La (courte) vidéo SF du Dimanche" !
En exclusivité et pour ce dixième rendez-vous, découvrez Oracle, et l'interview de ses créateurs...

Déjà 10 numéros que je vous fait partager ma passion des courts-métrages consacrés à la Science-Fiction, et parfois même à l'Horreur ou à la Fantasy. Le court-métrage est une histoire courte certes, mais passionnante car certains arrivent à nous plonger dans leurs univers avec une facilité déconcertante.
Et pour ce dixième rendez-vous, je vous propose de découvrir mon coup de cœur de ces dernières semaines et que j'ai spécialement gardé pour ce rendez-vous. Et comme j'ai adoré tout simplement le travail effectué sur ce court-métrage, j'ai décidé d'en savoirplus grace à une interview exclusive des créateurs que je vous fais partager ci-dessous. Une équipe composée de Sébastien Buisson, Michaël Desnoyelles, Tristan Le Granché et Flavien Lens. La musique a été créée par Mylcis (www.mylcis.com) et vous retrouverez les voix de Léopoldine Dufour (la voix robotique d'Oracle), et de Jean-Louis Garcia (le père).
L'HISTOIRE : Pour le court-métrage, il s'agit d'"Oracle", un système futuriste qui permettrait de découvrir l'avenir de nos enfants alors qu'ils viennent à peine de naitre, et ainsi de savoir si oui ou non il deviendra un délinquant, ce logiciel novateur aurait permis de baisser la violence dans le monde d'une manière significative, on s'intéresse plus particulièrement à un père de famille qui découvre l'avenir de sa fille d'une manière dubitative...
Deux versions de la vidéo sont disponibles, la version non-HD hébergés sur notre compte DailyMotion, et la version HD en téléchargement.
-Télécharger la version Haute-Définition d'"Oracle"
LA VERSION SD (NON-HD):



L'INTERVIEW EXCLUSIVE: SF-U : Bonjour et merci de nous accorder cette interview, pourriez-vous vous présenter ? Flavien : Ben bonjour et merci à vous. Pour ma part j’ai été modeleur et animateur sur le film, j’ai fait la majorité des effets spéciaux ainsi que l’introduction et le générique de fin. Actuellement, je suis infographiste dans la publicité. Tristan : Bonjour, j’ai dirigé le scénario, et j’ai effectué les setups et l’éclairage/rendu de ce film. Je suis actuellement infographiste dans la série d’animation 3D.
Seb : Salut salut, moi, j’ai effectué le set design, le props design en 2D/3D et le character design en 2D, une partie de l’animation ainsi que du rendu et des effets spéciaux. Je suis actuellement, moi aussi, sur le marché de la série en animation 3D.
Michaël : Bonjour, je suis personnellement passionné de cinéma et d’effets spéciaux. J’ai travaillé sur le « skinning », ainsi que sur les textures, les effets spéciaux et la gestion du rendu. Actuellement, je tente ma chance au Canada, où je suis en pleine recherche d’emploi.
SF-U : Quels sont vos parcours professionnel avant de créer votre court-métrage « Oracle » ? Flavien : En fait nous avons chacun clôturé notre « cursus scolaire », si on peut encore l’appeler comme ça, avec ce film, qui était donc notre projet de fin d’études à l’ESMA de Montpellier.
Seb : Exact…
SF-U : « Oracle » est-il votre premier court-métrage ? Michaël :Oui. Que dire de plus ?
Flavien : Ouais, alors, dans mon cas, je vais m’aventurer à dire que c’est plutôt mon second, mais euh… J’veux pas en parler, c’est déjà dur d’effacer les preuves.
SF-U : D’où vous est venu le scénario pour « Oracle », pourquoi avoir choisis ce genre de thème qui pourrait très bien arriver dans un futur lointain ? Tristan : L’idée m’est venue lors de la lecture d’une étude de l’INSERM (citée en générique de film), qui définissait les critères de risque et les mesures de prévention de la délinquance chez l’enfant et l’adolescent. J’ai donc voulu pousser le procédé plus loin en créant ce système qui dès la naissance permettrai de connaître le caractère de l’enfant. Pourquoi ce thème ? Car personnellement je pense que la génétique comportementaliste présente un grave risque liberticide et risque, si appliquée de manière à sélectionner les comportements humains, de formater la société.
Michaël : Ce thème, lié à l’anticipation, fonctionne bien pour émettre un message efficace tout en restant divertissant. Ça laisse vraiment beaucoup de place à notre imagination.
SF-U : Par quoi avez-vous commencé ? Le scénario ? Le storyboard ? Quelle charge de travail un tel court-métrage représente-t-il en termes d’heures ? Tristan : Nous avons commencé par le scénario, puis un pseudo-storyboard, puis la réalisation en 3D. Un film de 8 minutes à quatre représente un travail énorme en terme d’heures, je dirai entre 1000 et 1500h par personne. Tout en sachant que ce nombre varie de façon conséquente en fonction de l’organisation et la préparation du film en amont (pré-production).
Michaël : Il y a aussi beaucoup de recherche documentaire, pour avoir un tout cohérent entre le scénario, le message, et l’univers créé. On peut dire qu’il y a un an et demi de travail : le temps qui s’est écoulé entre l’idée et le jour on l’on a dit « c’est enfin fini ». Pour tout vous dire, le dernier mois, les journées commençaient à 10h et se terminaient à 4h du matin.
SF-U : Quels outils avez-vous utilisés pour créer « Oracle » ? Flavien : Quatre PC et une machine à café. Et c’est pas dit que ce soit les PC qui aient été les plus indispensables. Nous avons fait aussi de nombreux allers-retours en studio de son, pour enregistrer les bruitages et les voix. Sinon, côté logiciel, si ça intéresse vraiment quelqu’un, c’était Maya, Photoshop et AfterFX, pour citer que ceux que nous avons utilisés le plus. Je pense aussi au compositeur qui nous a beaucoup suivi tout le long de la production et qui n’était armé que son PC et de son clavier midi.
Michaël : Je rajoute qu’au moment des rendus, on avait six PC relativement performants, qui étaient assistés d’une vingtaine d’autres en réseau. Le montage a été fait avec un Mac, avec Final Cut.
SF-U : La qualité de l’image est impressionnante, comment avez-vous fait pour avoir un tel rendu ? Tous les détails sont là, c’est bluffant… Tristan : Merci beaucoup, concernant le rendu, Sébastien s’est occupé du réglage de nombreux matériaux, avec de très bons résultats. Je me suis quant à moi occupé des lumières et ai pu utiliser des technologies telles que le Physical Sky de Mental Ray (si cela vous dit quelque chose), qui permet de faire des éclairages extérieurs très agréables à l’œil. Mais là où nous avons pu donner le plus de caractère à nos images, ce fut lors de la post-production, ou le logiciel AfterFX nous a permis de retoucher la colorimétrie et la luminosité de nos images. Ce qui nous a permis de différencier graphiquement les séquences.
Seb : Merci, merci cela fait toujours plaisir de voir que son travail porte ses fruits. Le rendu a été déterminé assez tard dans la production, donc on a du faire au plus efficace. Cela dit, grâce au jeu de lumières et à la post-prod, on a essayé de donner des ambiances différentes aux multiples séquences du « court » et ainsi donner un peu de cachet au niveau graphique.
SF-U : « Oracle » touche tout de même un dossier sensible, pouvoir choisir si oui ou non on veut l’enfant qui vient de naitre, ne pensez-vous pas que, si un tel scénario arrivait, le monde changerait totalement en paraissant trop « gentil » ? Un peu fabriqué ? Flavien : Ah ben totalement, et c’est une des choses qu’on a voulu condamner, par l’intermédiaire du choix d’Arkel, à la fin. En acceptant son enfant, il se met alors à refuser ce monde ainsi que tout ce qu’on lui a inculqué. C’est même plus un monde « un peu fabriqué », mais vraiment un monde qui n’est plus humain, dans le sens où la moindre imperfection est exterminée.
Cela dit, on a rien inventé. Des gens comme Orwell l’avaient déjà fait avant qu’on en soit au stade de spermatozoïdes.
Tristan : Je rejoins totalement Flavien, le thème de la sélection est très présente dans la science-fiction, que ce soit 1984, Bienvenue à Gattaca et de nombreuses autres œuvres. Nous y avons simplement ajouté le côté « normal » de laisser ce choix à une individualité (le père), alors qu’habituellement la société l’impose. Dans ma vision de cet univers, ce choix n’est pas réel, la société ayant réellement « formaté » les gens qui la composent.
Michaël : Sur le message général, je crois qu’on est tous d’accord. Le but du court est de ne pas en arriver jusque là. En tout cas c’est mon souhait, et c’est ce qui m’a le plus motivé.
SF-U : Une suite est-elle prévue ? Car le court-métrage se termine un peu brutalement, et je pense que nos lecteurs réclameront une suite… Tristan : J’ai pu lire sur certains forums que des gens demandaient une suite ou un long-métrage. Il est vrai qu’il est difficile de tout exprimer en 8 minutes lorsque l’on veut développer un sujet un peu complexe. Mais je ne pense pas que nous ferons une suite. C’est un travail qui fut très formateur pour nous, mais qui est désormais passé.
Michaël : Je ne serais pas d’avis que l’on fasse une suite, car le message que l’on a choisit se doit d’être ouvert. Je pense que c’est au spectateur de se faire une idée de ce qui se passe ensuite, et d’avoir son avis sur l’inhumanité du système. Ca serait trop simple et inapproprié que nous « donnions » une solution.
SF-U : En parlant d’une éventuelle suite, peut-on en savoir plus sur ses personnages ? Sur l’univers créé pour ce court-métrage ? Tristan : Concernant les personnages il n’y a pas grand-chose à dire. Il a été reproché le peu de personnalité du père, outre le fait que l’on ait eu du mal à lui donner un visage, je ne trouve pas cela dérangeant dans le sens où scénaristiquement il est censé représenter n’importe quel père et me formatage des gens qui composent cette société, et lui donner un caractère aurait empêché cette « généralité ». La fille a été plus simple à créer. Pour l’univers, il ne s’étend pas énormément au-delà du système Oracle en lui-même. Nous n’avions pas le besoin, ni le temps, de créer un univers complexe. Même si personnellement j’ai quelques idées sur cet univers. Mais ils n’étaient pas utiles pour ce court-métrage. Nous nous sommes plus penchés sur le système en lui-même que sur ce qui l’entoure ou les personnages. Car comme pour les nouvelles littéraires, le format court permet principalement de montrer une situation, nous n’avons pas réellement le temps de nous attacher et de nous identifier au(x) personnage(s).
Michaël : L’univers est très similaire à celui d’un K. Dick, particulièrement à celui de Minority Report. Il est cependant encore plus sombre et peut-être encore moins moral.
SF-U : Quels sont vos projets à l’heure actuelle, qu’avez-vous prévu de faire dans l’avenir ? Une telle qualité de travail ne mériterait-elle pas d’être exploitée en créant peut être un long métrage d’animation cette fois-ci ?
Flavien :
En ce qui me concerne, y’a des chances que je me tourne vers le clip. Si il y a une chose qui m’intéresse dans l’image, c’est bien le son. Et il se pourrait que je concrétise quelques projets avec Mylcis, le compositeur d’Oracle.
Pour ce qui est d’un éventuel long métrage, ça serait franchement marrant à faire. Mais je crois que le système Oracle a le temps d’être inventé trois fois avant qu’on réussisse à avoir les moyens et la crédibilité de se lancer là dedans. Et puis bon. Perso j’ai tellement d’autres idées en tête, que j’ai même pas « envie » de passer à autre chose. J’en ai franchement besoin.
Tristan : En tant que scénariste principal, je suis peut être plus attaché à cette histoire que les autres membres du groupe, quoi que… Mais il faut savoir passer à autre chose, les bonnes idées ne sont pas très difficiles à avoir et notre formation nous a permis d’en mettre une en application. Personnellement je me dirige vers le monde de la série d’animation, en tant que technicien, et aurais peut-être l’occasion de réaliser de nouvelles choses dans cet univers là.
Seb : Pour ma part je souhaite augmenter mon expérience en tant qu’animateur et donc rien de mieux que la série 3D ou le long métrage d’animation. Alors pourquoi ne pas faire un long métrage d’Oracle ? Ben je préfère le cartoon en fait. Je sais, rien à voir. Désolé.
Michaël : Quant à moi, en fait, je poursuis un but depuis le début de ma formation : travailler dans le monde des effets spéciaux. Actuellement, je suis sur Montréal pour chercher un job dans la 3D. Me faire de l’expérience en production et acquérir plus de crédibilité. C’est la première étape avant de pouvoir aller plus loin.
Si l’on exploitait Oracle en un long métrage, je crois que cela me frustrerait. On a tellement travaillé à dire tout ce qu’on souhaitait dans le court pour que le message soit efficace et j’espère que l’on a réussi. Le long métrage dénaturerait un peu ce travail, non ? Cela dit, Je serais très fier, si on nous le proposait en tout cas !
Puisque je clôture, je vous remercie beaucoup de cette attention que vous nous faites.
Merci beaucoup à l'équipe pour cette interview, n'hésitez pas à donner votre avis sur ce court-métrage dans les commentaires ou sur la fiche du film.

Auteur : Sylvain T.
Publié le dimanche 6 avril 2008 à 00h00

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Commentaires sur l'article

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    Un grand bravo pour ce clip, il propose sans contexte une réflexion intéressante...

    Bonne continuation à toute l'équipe.
    Kopecz, le 14 avril 2008 18h32

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