Compte rendu du chat avec Sébastien Guillot
Le résumé des propos de jeudi dernier

Sébastien Guillot s'est fait connaître avec son poste de directeur de Folio SF, mais l'année dernière, après quatre ans de service chez Gallimard, il démissionna pour rejoindre Terre de Brume et créer la collection Poussière d'Étoiles. Il y a quelques mois nous avons appris que Sébastien allait cumuler les mandats en créant une collection Fantasy chez Calmann-Lévy. Nous l'avons donc inviter à discuter avec vous sur le chat de SFU la soirée du jeudi 9 juin, il nous a bien sûr renseignés sur ce qu'il comptait faire chez Calmann-Lévy, mais nous avons surtout passé un bon moment et nous avons ainsi pu connaître un peu mieux le personnage. En septembre donc, les premiers livres de la collection Fantasy chez Calmann-Lévy paraîtront. Cette collection sera dédiée à la fantasy pure et dure telle que l'apprécient les passionnés du genre. Douze titres par an sont prévus, cela sera évidemment du grand format, de l'inédit, et de l'anglo-saxons, mais si du bon français se présente, il n'y aura pas de refus, voir même d'autres nationalités, sait-on jamais. Les trois premiers titres qui ont déjà été traduits, et qui donnent du travail à Sébastien sont Le Chevalier, de Gene Wolfe, Le Dernier Gardien des Rêves, de John C. Wright, et L'Enfant de la Prophétie, de JV Jones. Les sorties suivantes, en janvier, auront un ton plus historique. Ainsi, cette collection ressemblera à ce que faisait Rivages, mais il y a une surprise qui nous attend tous en 2006, qui fera la différence. Par ailleurs, une autre collection sera aussi lancée, appelée Interstices, elle sera plus destinée au grand public, avec des textes plus contemporains, moins ancrés dans le genre. Cela sera une sorte de composition, afin d'initier le lecteur à la lecture de l'imaginaire, se rapprochant un peu dans l'idée à ce que réalise le Diable Vauvert. Quatre titres sont prévus annuellement. Pour situer un peu plus cette collection, Sébastien cite des auteurs qui rentrent dans cet esprit : Kurt Vonnegut, Pynchon, Palahniuk, ou alors Ken Grimwood avec Replay, des titres comme Un Requin sous la lune, Fight Club conviennent particulièrement. Avoir l'aval de la direction de Calmann-Lévy pour créer de telles collections n'a pas été trop difficile. Tout d'abord il fallut se présenter chez l'éditeur après avoir envoyé lettre de motivation et CV plus qu'encourangeants avec ses quatre ans chez Folio SF, dossier de présentation du projet en main. Dimension SF a été une collection de Calmann-Lévy dans les années 70, de bons auteurs y ont été édités, Pohl, Priest (« chiant, mais génial »), Silverberg (pornographe à ses heures*), et l'idée est de refaire une belle collection. Par ailleurs, le directeur des publications a traduit dans sa jeunesse pour Présence du Futur. Aussi, se lancer aujourd'hui dans la fantasy n'est pas un pari risqué, vu les ventes de Bragelonne, le public est attiré par ce genre littéraire. Mettre l'étiquette fantasy n'est pas préjudiciable aux ventes, contrairement aux livres plus à la marge ou la science-fiction. En effet, structurellement, la science-fiction est plus difficilement abordable, elle a mauvaise image, alors que la fantasy a beaucoup d'affinités avec le conte, système que tout le monde connaît, a lu, il n'y a pas d'effort à fournir pour lire la fantasy, alors que pour la science-fiction, c'est une toute autre histoire. C'est pourquoi l'attrait actuel de la fantasy n'est sûrement pas juste un effet de mode tel qu'il l'a été pour la science-fiction il y a quelques dizaines d'années. Ainsi si on veut vendre de l'imaginaire autre que la fantasy, il ne vaut mieux pas trop mettre d'étiquette. Sébastien Guillot a aujourd'hui 31 ans, il a été contaminé par la SF/fantasy à l'âge de douze ans à cause d'une professeur de français qui l'a incité à lire Le Seigneur des Anneaux, il n'en a pas dormi pendant une semaine ! Depuis lors, il a dû lire un demi-millier d'ouvrages de science-fiction. Lorsqu'il n'a pas su quoi faire comme études, il s'est décidé de faire Sciences Po à Lyon. C'est en maîtrise qu'il s'est décidé à se lancer dans le monde de l'édition, son sujet a été les contre-utopies, les dystopies telles que 1984 de Georges Orwell, quoiqu'il eut hésité à choisir « les systèmes politiques dans Fondation », d'Isaac Asimov qui devait être vieux à l'époque selon son directeur de mémoire – en fait il était déjà mort... Ensuite, il a suivi des cours d'édition à Nantes, et il a effectué son stage chez Gallimard. C'était l'époque où Présence du Futur avait vraiment du mal à survivre, l'inédit en poche ne marchait plus suffisamment. Il fallait donc pour Gallimard transformer cette collection en une collection poche tout à fait classique, ie une politique de réédition avec quelques inédits. Gallimard n'est pas une maison SF, et Sébastien, qui souvenons-nous était présent, fut alors mis à la tête de Folio SF. Sébastien a sorti rapidement quelques guides de lectures, il n'y en avait pas de récent à l'époque, et c'est toujours quelque chose d'utile pour ceux qui veulent commencer leur parcours dans l'imaginaire. L'histoire des guides est aujourd'hui une histoire résolue dirions-nous, surtout avec le très remarqué ouvrage d'André-François Ruaud chez les Moutons Électriques et la prochaine grosse encyclopédie chez l'Atalante qui verra le jour l'année prochaine. Pendant quatre ans Folio SF a ressorti tout ce qu'il y avait de vendeur dans le catalogue de Denoël, en en profitant pour réviser les anciennes traductions. Malheureusement, ce catalogue n'est pas inépuisable, et il faut envisager la suite des opérations. Il aurait été souhaitable de créer une collection grand format, affiliée au même groupe, et dont les titres auraient été repris en poche par Folio SF, comme cela se fait dans les grands groupes d'édition. Mais, Gallimard ne voit pas l'imaginaire d'un bon oeil, et il n'était pas question d'une collection grand format. Éric Scala est un illustrateur chez Folio SF, mais aussi chez Terre de Brume, ainsi les deux directeurs se sont rencontrés et ont vite sympathisé. Le patron de Terre de Brume est fan de SF, et lorsque Sébastien cherche une autre voie lorsqu'il aperçoit l'impasse chez Gallimard, il lui propose une collection qui manquait à Terre de Brume, une collection SF, Poussière d'Étoiles. Il démissionne donc de chez Gallimard pour rejoindre Terre de Brume. Jadis, au temps où les traducteurs étaient mal payés, les traductions étaient mal faites, et assez souvent coupées. Ainsi on trouvera un Cantique pour Leibowitz de Walter M. Miller coupé de 25%, Madouc de Vance coupé de 30%. Et donc, reprendre d'anciens textes n'est pas qu'une petite lubie pour faire marcher le commerce, il est bon d'avoir des éditions intégrales propres. La politique d'édition de Poussière d'Étoiles est la remise à niveau de classique de la science-fiction. C'est ainsi que Sébastien Guillot continue à travailler chez Terre de Brume et Calmann-Lévy, choisissant pour nous les meilleurs textes, auteurs, traducteurs, illustrateurs, fait de son mieux pour que tout le monde travaille ensemble, relit et corrige le travail présenté. Et aussi nous prépare sa surprise de 2006. *hors discussion
Cet article a été rédigé par l'Epistolier suite à l'organisation du chat avec Sébastien le jeudi 9 juin 2005.

Auteur : David Q.
Publié le lundi 13 juin 2005 à 15h20
Source : chat SFU

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