Vade+Mecum : le nouveau jeu de rôle de Romaric Briand en précommande
L'auteur du jeu répond à nos questions...

Romaric Briand s'est fait connaître dans le petit milieu du jeu de rôle avec Sens Hexalogie, une série de cinq jeux de "philo-fiction" proposant des expériences de jeu pour le moins originales. Chez Scifi-Universe, on a plutôt apprécié l'expérience proposée par Sens Hexalogie tout au long de son avancée, des débuts balbutiants de Sens Renaissance au final pétaradant de Sens Chaos. Du coup, lorsque son auteur propose un nouveau jeu de rôle, on est forcément curieux de savoir ce qui nous attend (on l'a d'ailleurs placé dans nos attentes ludiques pour 2018).

Et ce qui nous attend s'appelle Vade+Mecum, une série policière située dans la veine de Die Hard, de Parasite Eve, de X-Files ou de 24h Chrono…​

Le vade-mecum est un médicament antidouleur très singulier. Il permet à deux personnes de partager leur douleur. On donne une pilule blanche à l'un et une pilule noire à l'autre. Celui qui reçoit la pilule blanche décharge la moitié de ses blessures et de sa souffrance à celui qui a ingéré la pilule noire. On dit de celui qui a pris la pillule noire qu'il vient avec celui qui a pris la pilule blanche.  Ils sont respectivement vade-mecum l'un de l'autre...

 

 

Si, au premier coup d'oeil, ça semble un poil plus classique que Sens Hexalogie, quelques indices tendent à nous faire penser que l'expérience ludique risque tout de même d'être particulière. En témoigne, par exemple, le fait que le jeu se joue sur avec un échiquier, ou alors la liste du matériel que propose Vade+Mecum : un livre et un écran de jeu, mais également pas mal de cartes (appelées Pioche des Rondes, Miracles, Capacités) et des fiches (Révélations, Problématiques, Adversaires et fiches de personnages). A noter que Valéry Nettavongs, qui avait déjà illustré tous les volumes de Sens Hexalogie, revient poser sa patte sur les illustrations du jeu (et visiblement, il y a de l'inspiration Frank Miller derrière tout ça).

Le jeu est actuellement en précommande sur le site officiel de son auteur. Il est vendu au prix de 50€. Et comme on est des petits curieux, on a contacté Romaric Briand pour lui poser quelques questions supplémentaires sur son nouveau bébé.

SFU : Après les réflexions métaphysiques de Sens Hexalogie, Vade+Mecum semble être un projet plus conventionnel en terme d'histoire. Mon impression est-elle erronée ?

Romaric Briand : Oui et non. C’est vrai que de prime abord l’univers de Vade+Mecum (un Los Angeles contemporain) et les personnages incarnés par les joueurs (des flics du LAPD) semblent moins enclins à mettre en avant la dimension métaphysique de mon travail. Pour autant, parmi les inspirations de Vade+Mecum, outre Die Hard et 24h Chrono, on trouve aussi des séries plus philosophiques. Parasite Eve, X-Files et Metal Gear sont des œuvres qui donnent beaucoup à réfléchir. Qui dit "Maelstrom" dit aussi "réflexion sur des situations possibles" et "questionnements incessants". Or, comme Vade+Mecum se veut une illustration du Maelstrom, de nombreux questionnements risquent de surgir. Contrairement à Sens, il est vrai que Vade+Mecum n’est pas un jeu de rôle philosophique, mais c’est un jeu qui soulève encore pas mal de questions et de problématiques existentielles. On ne se refait pas.

SFU : Vade+Mecum est proposé en précommande. C'est la première fois que tu utilises cette méthode, tous tes autres jeux étant sortis de façon "traditionnelle". Pourquoi ce changement ?

Romaric Briand : Plusieurs raisons. Tout d’abord, je n’avais plus d’argent. Je suis un jeune papa et je m’occupe moi-même de mes enfants. Par conséquent, je cumule les rôles de nourrice, de créateur de jeu et d’animateur de podcast. Il m’a donc été plus difficile de travailler sur mes jeux ces quatre dernières années. J’ai moins communiqué. J’ai gagné moins d’argent et j’en ai dépensé plus pour mes enfants. C’est aussi pour cela que j’ai ouvert le Tipeee de La Cellule. Il me fallait donc des moyens supplémentaires pour financer la production du jeu.

Deuxième raison : le coût du jeu. Vade+Mecum contient des cartes, des fiches, un écran et un livre. Habituellement, j’imprime 100 jeux. Mais, si je m’étais contenté d’imprimer 100 Vade+Mecum, le coût de production d’un seul exemplaire aurait été très élevé. Pour minimiser ce coût, j’ai préféré en demander 500. Mais pour imprimer 500 jeux, encore faut-il avoir de l’argent…

Dernière raison. Je savais que l’impression de 500 livres serait amortie si je vendais 200 livres. J’avais fait un sondage auprès de la population rôliste et je savais qu’il était très probable que j’en vende 200 dans les trois premiers mois. Je ne prends donc aucun risque.


SFU : La plupart des éditeurs passent aujourd'hui par un système de financement participatif pour financer de telles sorties. Pourquoi tu n'as pas choisi cette méthode ?

Romaric Briand : Je n’avais pas envie d’un intermédiaire supplémentaire. Comme les auteurs de Shaan Renaissance, il m’aurait fallu créer ma propre plate forme de financement participatif. Ca m’ennuyait et je n’en avais pas besoin. Le financement participatif est à la mode et c’est là son seul intérêt. Mais comme le dit souvent Elisabeth II : « Le meilleur moyen de ne pas se démoder, c’est encore de ne jamais être à la mode ». Il n’y a qu’à voir comment elle s’habille pour comprendre que c’est une femme de principe ! Moi, comme elle, j’ai mon p’tit chapeau et je n’ai pas du tout envie d’être à la mode. Je n’ai pas l’énergie pour entrer dans cette logique de séduction et de communication. Je ne vais pas manger des endives, me verser du lait sur la tête ou me jeter dans un lac pour vendre ma soupe. J’ai déjà attrapé Tipeee, PayPal, La Poste… je ne veux pas d’une maladie supplémentaire. Les seuls à qui je veux rendre des comptes, ce sont mes lecteurs. Point barre.


SFU : 50€ pour un jeu bouclé en quatre scénario, avoue, il faut que tu payes tes impôts non ?

Romaric Briand : Bien sûr que je paie mes impôts. Tu me prends vraiment pour la reine d’Angleterre, un patron du CAC40 en macronie… ou peut-être pour l’un de ces milliardaires des GAFA ? Fais GAFA ce que tu dis, SFU ! Mon entreprise individuelle est 100% malouine. J’imprime à Saint-Malo. Je paie un illustrateur malouin. Je paie mes impôts en France, mon bon monsieur.

Tu dis que le jeu est bouclé en quatre scénarios, mais le jeu a une très bonne rejouabilité. Tu peux très facilement en faire une suite. Un chapitre entier de Vade+Mecum te donne même quelques conseils pour y parvenir. Pour 50 euros, tu as des cartes, des fiches, un écran et tout le matériel pour jouer. Alors, toi qui fais une fixation sur les prix du marché, je trouve qu’on reste ici dans le domaine de l’acceptable.

J’ai bien l’intention de vivre de mon travail. Au-delà de ses coûts de production, j’ai conscience que mes jeux sont chers parce que je suis cher. Mais, je suis transparent. Mes lecteurs savent ce qu’ils font lorsqu’ils achètent mes jeux. Ils achètent un jeu et soutiennent une démarche intellectuelle, voire un projet de vie. Si le but, c’est d’imprimer un beau livre, au format A4, couverture cartonné, tout en couleur et, au final, de ne pas ou peu payer ses auteurs, ça ne sert pas le média. Je pense que, pour un auteur, vivre du jeu de rôle reste encore le meilleur moyen de faire vivre le jeu de rôle.

Dans deux mois, ce sera à mes premiers lecteurs de dire si le jeu vaut son prix, ou pas. Encore une fois, c’est à eux que je rendrai des comptes. Pour ma part, je suis assez confiant sur le rapport qualité/prix de Vade+Mecum.

SFU : Merci beucoup !

Romaric Briand : Merci SFU ! C’est toujours un grand plaisir de répondre à vos questions.

Vade+Mecum est disponible en précommande ICI. La précommande est ouverte jusqu'au 31 mars 2018 et le jeu devrait sortir en avril 2018.

Auteur : Vincent L.
Publié le mardi 23 janvier 2018 à 09h00

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