Participez au financement du film Les Enfants
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Le crowdfunding s'étend aujourd'hui à tous les secteurs culturels. Le cinéma n'y échappe pas, comme tend par exemple à le démontrer le succès du film Veronica Mars (financement réussi, film actuellement en tournage). En France, le crowdfunding devient également un outil important pour le financement de courts-métrages. C'est pour cela que le réalisateur Jean-Sébastien Chauvin a mis en ligne un projet sur le site "touscoprod", afin de réunir des fonds pour finaliser son court métrage Les Enfants.

​​Les Enfants est un film fantastique apocalyptique dont le pitch est le suivant : Une mère et ses deux enfants habitent une maison où un monstre est enfermé dans le grenier. Ils décident de fuir et se réfugient dans la forêt. Dans les sous-bois, au loin, ils aperçoivent une lumière...

Jean Sébastien Chauvin a accepté de répondre à quelques questions pour nous présenter son projet, ainsi que les difficultés de financement en France.

 

SFU : Pour commencer, peux-tu te présenter ?

J.S. Chauvin : J'ai plusieurs casquettes. Je suis réalisateur ("Les enfants" est mon 5ème court métrage), critique de cinéma (aux Cahiers du Cinéma) et enseignant sur le cinéma (à l'ESEC à Paris). Je suis très fan de cinéma fantastique et je suis souvent frustré car on a peu l'occasion d'en voir dans le cinéma français. Le genre aujourd'hui est essentiellement américain et asiatique. C'est dommage. Parmi mes cinéastes de chevet je compte Steven Spielberg, John Carpenter, Jacques Tourneur, Kiyoshi Kurosawa. Je trouve que c'est souvent un cinéma très visuel, qui fonctionne sur des visions fortes qui restent en mémoire comme des petites mythologies. Cette dimension mythologique du cinéma me plaît par dessus tout.

 

SFU : Peux-tu nous expliquer ce qu'est le projet "Les enfants" ?

J.S. Chauvin : Le projet est parti d'une discussion que j'ai eu avec un ami plasticien, Stefan Lauper. Cet ami avait fabriqué un téléphone portable un peu étrange pour mon précédent film, "Et ils gravirent la montagne" qui était aussi un film fantastique. J'ai lancé comme une boutade que j'aimerai bien un jour faire un film avec une soucoupe volante. Il m'a proposé de la concevoir. Et c'est ainsi que j'ai imaginé cette histoire de deux enfants et de leur mère qui fuient un monstre enfermé dans le grenier, qui parcourent des paysages désolés ou on sent qu'a eu lieu une petite apocalypse et, se réfugiant dans la forêt, découvrent une lumière au loin.

Plutôt que de parler d'une histoire de famille de façon réaliste, je préfère en passer par du fantastique qui fonctionne souvent comme métaphore. Ce que j'aime beaucoup dans le fantastique et la science fiction, c'est que les choses sont parfaitement irréalistes, et en même temps quelque chose au fond de moi se dit qu'après tout ces choses ne sont peut-être pas si délirantes que ça. Jacques Tourneur par exemple (qui a réalisé quelques chefs d'œuvre comme "La féline" ou "Rendez-vous avec la peur") croyait vraiment aux fantômes. Je ne suis pas loin d'y croire aussi, même si c'est d'une manière poétique. Je pense qu'on ne peut raconter une histoire fantastique que si on croit vraiment à sa possibilité. C'est ce que j'aime dans la science fiction : c'est un champ de possibles, on peut expérimenter, et ce qui y semble d'abord fantaisiste peut devenir réel des années plus tard, comme avec Jules Verne.

Et "Les enfants" est d'ailleurs une histoire de croyance. La croyance des deux enfants dans des choses extraordinaires, qui s'en sortent par cette croyance. Et c'est parce que la mère, en tant qu'adulte, n'a pas accès à cette croyance enfantine, qu'elle finira tragiquement.

 

SFU : Pourquoi faire un appel de fond sur Touscoprod ?

J.S. Chauvin : Nous avons fait un appel de fond en crowdfunding parce que le film est assez coûteux. Malgré les aides que nous avons eu, il reste peu d'argent pour la post prod. Or c'est une étape importante des films de science fiction ou des films fantastiques qui justement parce qu'ils reposent sur ces "visions" se doivent de les rendre les plus belles possibles. Il serait dommage de bâcler la dernière étape alors que justement c'est l'une des plus importante. Et les effets spéciaux sont encore très chers, au moins parce qu'il faut du temps aux spécialistes qui vont travailler sur le film d'affiner leur travail. Et puis, à titre personnel, j'aime bien l'idée que les gens s'engagent (même pour quelques euros) sur un pari, un film qui pourraient les séduire et dont ils sont en quelque sorte les coproducteurs. C'est déjà la première rencontre avec le public en quelque sorte. C'est assez excitant.

 

SFU : J’imagine qu’il n’est pas facile de faire produire un court-métrage aujourd’hui. Penses-tu que ce soit plus difficile si celui-ci est (en plus) fantastique ?

J.S. Chauvin : C’est difficile de faire produire un court métrage mais en France on dispose quand même d’un système d’aide quasi inédit dans le monde. Il y a plusieurs dizaine d’années c’était même beaucoup plus compliqué de produire des courts métrages. Néanmoins il y a toujours une prime au formatage qui empêche parfois des projets ambitieux de se faire. On ne délivre pas facilement des aides publiques à un film fantastique. J’ai eu la chance d’avoir le CNC, Arte et une région avec ce film là, le scénario a été très apprécié, mais sur mon précédent film (un film fantastique également, qui a été prénominé aux Césars), le scénario avait été reçu avec une certaine indifférence. Mais j’ai le sentiment que les choses sont lentement en train de changer.

 

SFU : Aujourd’hui, les courts-métrages ne disposent pas d’une grande visibilité auprès du public. J’ai d’ailleurs l’impression qu’il n’y a pas vraiment de culture du court-métrage chez le grand public. Penses-tu que cela soit un frein pour le financement des longs-métrages (en général, et plus particulièrement fantastique) ?

J.S. Chauvin : Le passage du court au long est compliqué parce que souvent il s’agit de deux mondes qui ne cohabitent pas vraiment, où travaillent des personnes très différentes. En revanche réaliser un court métrage permet de se faire connaître auprès de producteurs qui peuvent du coup vous faire confiance et parier sur la production d’un long métrage si le court leur a plu. La position du court métrage est paradoxale. Il existe tout un tas de festivals de courts métrages en France qui sont très suivis du public. Mais d’un autre côté, en dehors de ces festivals, ils n’ont que peu de visibilité, sinon de manière minoritaire à la télévision, sur Arte, France 2 et France 3.

 

SFU : D’une manière générale, penses-tu que le crowdfunding soit l’avenir du cinéma ?

J.S. Chauvin : Je ne pense pas que ça va remplacer les structures de production traditionnelles. En revanche je crois que ça peut constituer un complément non négligeable de financements, notamment pour des films à petit budget et justement les courts métrages, notamment quand le sujet ou le genre ne trouvent pas grâce auprès des institutions.

 

Pour en savoir plus et/ou pour participer au projet

La souscription sur le site de Touscoprod.

Auteur : Vincent L.
Publié le mercredi 8 janvier 2014 à 09h31

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