PIFFF 2013, débuts des hostilités
Alex de la Iglesia ouvre le bal


La 3ème édition du Paris International Fantastic Film Festival, qui a lieu du 19 au 24 novembre au Gaumont Opéra Capucines, vient donc de commencer par sa soirée traditionnelle d'ouverture introduite comme l'année précédente par le président du festival Gérard Cohen, le délégué général Cyril Despontin, puis un ultime discours signé Fausto Fasulo, ici en charge de la direction artistique.

Une introduction qui met en avant une période de crise, mais aussi le public du festival qui, pour le coup, se trouve cette année seul juge du film qui remportera le prix.

Deux bonus avant le film d’ouverture : d’abord la première bande-annonce du très attendu The Raid 2 : Redemption, suite de la bombe d’action de Gareth Evans. Le trailer est également visible sur YouTube ( http://www.youtube.com/watch?v=3MuXrN8L9ro ) et ça promet de dépoter méchamment ! Ensuite, Kick-Heart, un court métrage jubilatoire de Masaaki Yuasa, qui raconte là l’histoire d’un catcheur loser maso qui fantasme sur une catcheuse. Mélange d’hystérie et de poésie, de combats homériques délirants et d’humour bon enfant, d’amour naïf et d’obsessions perverses, ce film d’animation atypique confirme le talent du réalisateur de Genius Party (le segment Yume miru Kikai) et Mind Game.

Álex De La Iglesia débarque ensuite sur scène pour présenter son nouveau film, Les Sorcières de Zugarramurdi.

Avis de Jonathan Charpigny sur le film : Chaque nouveau film d'Álex De La Iglesia est un petit évènement pour l'amateur de cinéma marginal et fait la joie des festivaliers. Evidemment attendu et grand succès en Espagne, Les Sorcières de Zugarramurdi est d'autant plus un évènement que le cinéaste n'avait pas œuvré dans le fantastique/horrifique depuis Action mutante et Le Jour de la bête, autrement dit ses premiers films. Et une nouvelle comédie fantastique d'Alex de la Iglesia, ça se fête !
L'espagnol badass raconte ici comment un père (Javier Botet, vu dans Balada Triste, [REC]3 Génesis et Mama), son fils, un complice beauf et un pauvre chauffeur prit en otage, en fuite après un braquage improbable, se retrouvent bloqués dans un village de sorcières bien décidées à kidnapper le garçon, qui leur permettrait de détruire la civilisation.

Sorcières de Zugarramurdi

Alex de la Iglesia a souvent l'habitude d'aller toujours plus loin que ses pitch absurde, atteignant parfois une émotion inattendue comme c'est le cas dans ses formidables Un crime Farpait, 800 balles, Balada Triste ou Un Jour de chance. Mais ce n'est pas le cas de ces Sorcières de Zugarramurdi, qui ne va jamais plus loin que son pitch (malgré les promesses de son titre imprononçable) et n'amène aucune émotion. Après une première partie délirante, braquage d'anthologie ou l'on peut voir Jésus Christ braquer une banque, Minnie coursée par les flics ou Bob l'Eponge se faire flinguer (fantasme !), le récit s'enlise et finit par tourner en rond, un peu comme ses personnages perdus qui ne savent pas quoi faire et se baladent toujours dans les mêmes lieux (le cinéaste gérait bien mieux son unité de lieu réduite dans ses précédents films). Les gags s'épuisent, comme les répliques, pas toujours drôles, et cette cadence rébarbative finit par fatiguer, en dépit de quelques running-gag amusants (le client du taxi prend cher). Le climax dans la grotte vire au grand n'importe quoi bis (voire Z) et c'est tant mieux, mais on ne retrouve pas ici le crescendo dans la folie qui fait la force de certains films du cinéaste, qui veut souvent trop en faire et ne sait pas s'arrêter (c'est un peu le charme de son cinéma, ces joyeux excès bordéliques voire hystériques).

Il y a évidemment des choses réjouissantes dans ce rythme en dents de scie : un humour macabre, une esthétique bariolée et baroque typique de l'univers de la Iglésia, un côté cartoon fantasmatique, des idées abracadabrantesques (le monstre final), des personnages de losers attachants comme toujours chez Alex de la Iglesia, un sens du détail jouissif, un esprit sale gosse rafraichissant, Carmen Maura (qui retrouve de la Iglesia après Mes Chers voisins et 800 balles) en vilaine sorcière et la bomba Carolina Bang ( déjà dans Balada Triste et Un Jour de chance) en sorcière aussi caractérielle que sexy. C'est toujours un peu filmé/monté à l'arrache, dans une très belle photo, mais ce côté too much et foutraque fait partie du cinéma d'Álex De La Iglesia. Renvoyant aux comédies de sorcières old school comme Hocus Pocus ou Les Sorcieres d'Eastwick, Les Sorcières de Zugarramurdi rappelle un peu le récent Game of Werewolves, comédie espagnole de loups-garous dans le même esprit. C'est une bonne dose de bonne humeur, mais à côté de bombes comme Balada Triste, Un Jour de chance, Un Crime Farpait, Mes Chers voisins ou 800 balles il faut avouer que Les Sorcières de Zugarramurdi fait pâle figure et n'est pas à classer dans les meilleurs films du cinéaste.

Sorcières de Zugarramurdi

 

Article de Jonathan Charpigny et Richard Bourderionnet.

Auteur : Jonathan C.
Publié le mercredi 20 novembre 2013 à 11h34

Diaporama photo : Les Sorcières de Zugarramurdi [2014]

Fiches de l'encyclopédie de l'imaginaire en rapport avec l'article

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