L'Etrange Festival 2012 - Jour 5
Expérience scientifique made in Lituanie, monstres tentaculaires made in France et serial-killer made in Australie

Vous pouvez découvrir ci-dessous nos avis sur quelques-uns des nombreux films projetés lors de cette cinquième journée de l'étrange festival.

-Vanishing Waves

Lukas décide de participer à un projet scientifique auquel il serait question de voyager dans une âme. Et comme Lukas a beaucoup de chance, il se retrouve projeté dans l’âme d’une demoiselle aussi ravissante que charismatique, mais en réalité plongée dans un long coma. Loin des restrictions de la réalité, se complaisant dans ce fantasme virtuel, ils vont donner libre cours à leurs instincts primaires. Pour Lukas, au fur et à mesure de l'avancée de l'expérience, le retour à la réalité devient de plus en plus difficile.

Avec ce film lithuanien de Kristina Buozyté et Bruno Samper, voilà l'exemple redondant d'un film – pseudo prise de tête – cherchant à explorer la nature du désir humain. Ça baise beaucoup, les deux comédiens principaux n'hésitent pas à livrer au public le moindre détail de leur anatomie, et on a même le droit à une séquence partouze qui n'est pas sans rappeler la fusion des chairs dans le Society de Brian Yuzna (sans l'aspect gore). Mais voilà, ça brasse beaucoup de vide, n'apportant rien de vraiment neuf en terme d'idées, et surtout on s'ennuie grandement à suivre des personnages au final peu sympathiques qui semblent plus prédisposés à forniquer comme des lapins et à vivre dans des sensations extrêmes qu'à nous raconter réellement quelque chose. Et même si Jurga Jutaite à une fort belle poitrine à contempler, cela ne fait pas pour autant un film, et il ne suffit pas de signer des séquences pensées comme « artistique » pour rendre un film intéressant. On ne doute pas de la sincérité du projet, mais il paraît prétentieux dans le fond comme dans la forme, et on n’en retire rien hormis un fort ennui. (avis de Richard B)

Vanishing Waves

 

-Dead Shadows

L'avant-première française de Dead Shadows, série B de science-fiction 100% française, ressemblait plus à une projection privée, la moitié de la salle ayant participé au projet. Dead Shadows apporte la preuve qu’il est encore possible de sortir un film de monstres en France. Maintenant, il faudra attendre un BON film de monstres français (il y a bien eu le chouette Mutants de David Morley, mais c'était dans un autre registre), parce que Dead Shadows c’est pas encore ça (l’affiche était pourtant très aguicheuse).

Sur un pitch-générique reprenant d’amusants clichés du genre fin du monde/attaque extraterrestre (par exemple le fanatique qui délire ou les comportements étranges des gens dans la rue), David Cholewa rend hommage aux B-monster movies des années 50 ainsi qu’aux films d’horreur et d’action des années 80, soit un cinéma pop-corn attachant et sans prétention. Respectables sont ces intentions et ces références (David Cholewa remercie John Carpenter dans le générique de fin, on pense particulièrement ici à L'Antre de la folie, Invasion Los Angeles et Prince des Ténèbres), mais le résultat ressemble plus à une série Z en DTV qu’à une série B des eighties, ce qui a tout de même son charme. D'ailleurs le film sortira en DTV ce qui, pour une fois, est idéalement adapté.

Fauché et pas très bien foutu malgré quelques plans atmosphériques du plus bel effet (notamment grâce à une lumière stylisée très typée eighties), une musique parfaitement dans le ton et des effets spéciaux de qualité (même en CGI, encore que la femme-arachnide semble sortir du Beowulf avec Christophe Lambert) concoctés par le très doué David Scherer, Dead Shadows peine à masquer son petit budget et les concessions se ressentent à chaque plan (les « petits trucs et astuces » pour la jouer économe sont gros comme un camion). Par conséquent, ça reste assez timide en cul (une paire de seins, et c’est tout) et surtout en gore, et on ne voit pas grand-chose des monstres tentaculaires lovecraftiens promis sur la superbe affiche. Comme souvent dans le cinéma de genre français, les intentions sont là mais pas les moyens. Mais ça n’excuse pas pour autant un scénario banal (même si le statut de héros est chamboulé) qui n'exploite pas ses idées (la peur du noir), une flagrante absence d'imagination (alors qu'il y avait de quoi se lâcher), des dialogues risibles (défaut qui revient régulièrement dans le ciné de genre made in France), des interprétations inégales (mais l’acteur principal Fabian Wolfrom est impeccable), des personnages secondaires qui ne font que passer (c’est bien dommage pour ceux, amusants, campés par notre Rurik Sallé national et le canadien John Fallon aux airs de Vin Diesel croisés dans Course à la mort, Saw 2, Alone in the dark et surtout 100 feet avec Famke Janssen), un traitement trop superflu des personnages principaux (on ne croit pas une seconde à la relation qui unit le héros et la fille, par conséquent le final tombe à plat malgré la belle idée), et d’innombrables imperfections techniques (cadre, montage, mixage…).

Par ailleurs, sur 1h15 de film, il faut quand même attendre une demi-heure pour voir enfin un bout de monstre et une goutte de sang. Certaines séquences sont cependant assez fun à défaut d'être jouissives (une scène d’amour glauque à la Cronenberg, un carnage à la batte de baseball, un climax très cheapos avec les militaires…) et le plan final est fabuleux, comme le générique de début avec les plans sur la comète (jolis effets visuels). Il se dégage de cette série Z courageuse une réelle sympathie, aussi bien pour ses défauts que pour ses qualités, et parce qu’il s’agit d’un projet de longue date entièrement autofinancé. (avis de Jonathan C)

dead shadows

 

-Redd Inc.

C'est l'histoire d'un cadre accusé d'avoir plusieurs meurtres sur les bras. Résultat, alors même que celui-ci crie à qui voudrait l’entendre son innocence, il est tout de même envoyé en hôpital psychiatrique de haut niveau dans lequel, de temps à autre, ils font des expériences comme trifouiller le cerveau quitte à rendre le bonhomme encore plus malade. Le cadre en question trouve cependant une astuce pour s'échapper et se faire passer pour mort. Maintenant son objectif est de prouver son innocence. Il kidnappe donc toutes les personnes qui ont eu un rapport avec l'affaire et les recrutent – de force – pour qu'ils trouvent le véritable coupable. Désormais, si ces employés d'un nouveau genre espèrent survivre, ils vont devoir travailler dur, car ce nouveau patron, très impliqué, est loin d'être commode.

 

CONTRE : Le réalisateur Daniel Krige (qui joue aussi un petit rôle dans le film) avec son Redd Inc. a tout de l'opportuniste. Le concept aurait pu être amusant, mais le scénario (proche de zéro) se contente de surfer sur la mode de la série Saw (en moins gore et tout de même plus lisible que certains films de la saga). Et si on suit le film sans trop s'ennuyer, cela est certainement dû à son acteur principal, Nicholas Hope, assez amusant en capitaine crochet (mais bon, Candyman et juste après le gars de Souviens-toi l'été dernier ont eu tout de même l'idée avant lui). Quant à la fin, ridicule, elle souligne le côté fourre-tout de l'entreprise. Redd Inc..est donc un film certes sur le fond pas mauvais, mais inutile, déjà vu, fade et sans personnalité. (avis de Richard B)

 

POUR : Dans l’idée, c’est assez proche du court métrage coréen A Function de Hyun-Soon Lee (Prix du meilleur court-métrage à la première édition du PIFFF), ou d'un mélange entre The Office et Saw. Métaphore jusqu’au-boutiste des abus et de la pression subis dans le monde du travail, Redd Inc. est surtout une série B aussi stressante que délirante, carburant à l’humour très noir (on rit jaune bien souvent), au sens du détail macabre, à la torture tant physique que psychologique et aux idées bien senties qui servent autant le propos subversif que la caution « fun » du projet. Malgré quelques séquences sadiques particulièrement éprouvantes (deux morceaux d’anthologie : l’arrachage d’ongle et l’énucléation faite mains), Redd Inc.. ne sombre pas dans le torture-porn bête et méchant et reste constamment dans l’idée, dans l’allégorie, dans le second degré…Tout cela est à prendre à la légère, certains gags étant d’ailleurs très drôle (l’héroïne qui utilise une jambe coupée en guise d’arme). C’est encore plus féroce que le Survivance de Christopher Smith. La tension va en crescendo dans ce huis-clos cruel mais pertinent qui ne manque pas de rebondissements (il y a un double récit : le survival et l’enquête), malgré un dénouement qui en rajoute un peu inutilement. Comme le Docteur Heiter de Human Centipede, le boss Redd (génialement campé par le glacial Nicholas Hope) est un serial-killer maniaque qui risque de rester longtemps dans les mémoires. Redd Inc. marque également le grand retour du légendaire Tom Savini (qui fait bien entendu une apparition rigolote) à la supervision des effets spéciaux, poste qu’il n’avait pas occupé depuis 10 ans ; le résultat est évidemment saisissant (cf. les deux scènes citées plus haut) et participe à la forte personnalité de ce petit film hargneux et rigolard. (avis de Jonathan C)

Redd Inc

 

Auteur : Jonathan C.
Publié le mardi 11 septembre 2012 à 09h50

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