PIFFF : les premiers films en compétition
"A Lonely place to die" et "Blind Alley"

Le réalisateur Julian Gilbey

Premier film projeté en compétition, A Lonely Place to Die fut présenté par son très sympathique réalisateur Julian Gilbey, qui nous apprend notamment que le film devrait sortir en France début 2012 sous le titre ridicule de Poursuite mortelle

Cependant, comme les organisateurs l'avaient évoqué mercredi soir, nous avons eu le droit, en introduction au film, de découvrir un court-métrage. Dans le cas présent, Leyenda, film espagnol de Pau Teixidor. Si le côté technique de ce film de16 minutes mettant en avant les péripéties d'une jeune fille de 10 ans prénommée Claudia se montre fortement honnête, on reste tout de même très distant par rapport à l'histoire qui n'apporte aucune émotion et qui aurait tendance à créer quelque peu l'ennui.

Vous pouvez découvrir ci-joint  l'avis de Jonathan C. que je partage plutôt bien : "Au rayon des survivals vertigineux en haute altitude, terrain assez peu fréquenté car casse-gueule (c’est le cas de le dire), notre Vertige faisait bonne figure, malgré son dernier acte plus conventionnel en forme de slasher. En provenance d’Angleterre, là d’où sont venus quelques excellents films du genre ces dernières années, A Lonely Place to Die commence de façon très similaire : un petit groupe de randonneurs (dont Ed Speleers, qui fut autrefois un piètre Eragon, et Melissa George, une nouvelle fois convaincante après Triangle, Paradise Lost, 30 jours de nuit ou le remake d’Amityville) adeptes des sensations fortes s’aventure en pleine nature, ici dans les Highlands, pour faire de l’escalade. Lors de leur escapade, ils viennent au secours d’une fillette qui était séquestrée et enterrée dans un box (c’est le même argument de départ que le bon Backwoods de Koldo Serra avec Gary Oldman). Dés lors, ils sont traqués par de mystérieux ravisseurs armés de fusils à lunettes.  Aussi classique soit-elle, la première heure est d’une redoutable efficacité, laissant la part belle à l’incroyable décor des Highlands écossais, étonnement peu exploité au cinéma malgré sa beauté et sa richesse. Les premières minutes sont ainsi à couper le souffle (au revoir les introductions de Vertical Limit ou Mission : Impossible 2), le réalisateur Julian Gilbey multipliant les plans larges somptueux dans lesquels l’homme se sent soudain tout petit, en plus de trousser une bonne poussée d’adrénaline en guise d’ouverture. Si la trame et les personnages semblent au premier abord très classiques, Gilbey s’amuse quelquefois à détourner les codes et les attentes du genre (cf. les « faux » tueurs, le personnage du lâche emmerdeur plus héroïque qu’on ne le pense…).

Présentation du réalisateur de A Lonely Place to Die

Hélas, le réalisateur anglais oublie que les meilleurs survivals sont souvent les plus simples et les plus brutaux, autrement dit les plus primitifs, ce qui va de paire avec l’une des grandes thématiques du genre post-Délivrance, à savoir le combat de l’homme contre (et dans) la nature. Après la traque sauvage sur les terres du clan MacLeod, stressante, sans temps mort et spectaculaire pour ses quelques cascades à donner des frissons (les chutes font très mal) et surtout pour ses paysages époustouflants (le réalisateur ne cesse jamais d’intégrer des plans larges contemplatifs ci et là), A Lonely Place to Die vire petit à petit au thriller à tiroirs lorsqu’il se lance dans les révélations. Se dévoile ainsi une histoire de rapt, de nouveaux personnages (dont les têtes connues d’Eamonn Walker et de Karel Roden), un nouveau décor (la ville)…Bref, Julian Gilbey abandonne tout ce qui faisait l’intérêt de son film, principalement le décor des Highlands, terrain de chasse de deux snipers psychopathes prêts à tout pour récupérer la fillette (leur magot). Plus le scénario (écrit par le réalisateur et son frère) se révèle, plus le film se prend les pieds dans le tapis, pour une dernière demi-heure bordélique (le montage part en vrille) et assez grotesque (cf. le tueur masqué, en référence à l’image du boogeyman) dont le rythme est ramolli par une musique de série télé des années 90. A force de s’éparpiller, le récit dilue la force émotionnelle de sa première heure et accumule les moments complètement gratuits (le gunfight, le mercenaire flingué dans la ruelle, le sort réservé au méchant…). De ce dernier acte dans le bled (sur fond d’étrange carnaval avec cracheuses de feu aux seins nus...bizarre...), on en retiendra surtout un face-à-face plein de tension et brillamment dialogué entre les excellents Sean Harris (inquiétant et impressionnant à chacune de ses prestations : le freak de Creep, le camé de Harry Brown, le fermier d'Isolation, le tueur de Brighton Rock, bientôt Prometheus…) et Karel Roden (Rasputin dans Hellboy), deux bons acteurs souvent sous-exploités. Dommage que ce dernier tiers foiré ne vienne assombrir ce qui avait tout d’un pur survival viscéral et haletant filmé dans des conditions extrêmes. Vertige reste donc un cran au dessus. On reste cependant sur une bonne note tant le divertissement rempli son contrat avec entrain et offre dans sa première heure du vrai spectacle, par instant à couper le souffle."

 

A Lonely Blind Alley to die

La deuxième séance de la soirée fut introduite par le court métrage A Function, film coréen de Hyun-Soon Lee. D'une durée de 8 minutes, on y découvre une écolière qui doit trouver une solution mathématique, sans quoi le professeur - à la stature impressionnante - pourrait bien lui infliger une punition bien autre que le coup de règle. Assez gore et plutôt bien mis en image A Function va peut-être par moment trop dans la caricature pour porter son message autour de la course à la réussite scolaire. Reste qu'on se laisse prendre au jeu.


Par la suite nous avons enfin découvert le film espagnol Blind Alley (El Callejón) d’Antonio Trashorras, anciennement scénariste sur L'échine du Diable et Agnosia. Démarrant dans un ton fortement coloré, drôle, rythmique puis non dénué de charme - grâce aux courbures avantageuses de la ravissante cubaine Ana de Armas - le film prend très rapidement un ton plus sombre, cette dernière devenant assez rapidement la proie d'un malade qui semble avoir jeté, lui aussi, son dévolu sur la demoiselle. Si le film part sur une bonne présentation des personnages, et essaie par la suite de surprendre le spectateur, certains effets de style gratuits et "flashback" viennent grandement nuire le rythme. Alors que le film est d'une durée plutôt courte (75mn) il semble faire bien 20 minutes de plus. De plus, on y décèlera quelques incohérences ou apparitions de personnages qui ne servent qu'à prolonger ce qui aurait été parfait dans le cadre d'une série télé. Alors, quand on nous indique qu'à l'initiale cette histoire aurait dû figurer dans les Masters of Horror (et devait être réalisée par Guillermo Del Toro) on se trouve peu surpris et en effet dans ce cadre-là, condensé en 1 heure, il parait certain que le film d’Antonio Trashorras aurait bien mieux fonctionné. Et s'il est vrai aussi qu'on peut y apprécier un esprit "old school" façon Contes de la crypte, cette idée ne fait que confirmer que le film est bien trop long par rapport à son propos. Mais pour Ana de Armas et parce que quelques petites surprises animent l'ensemble, Blind Alley mérite qu'on s'y intéresse.


L'avis de Jonathan C sur Blind Alley n'est pas vraiment le même: "Pour ma part, le surprenant générique de début est très clair sur les intentions esthétiques du film : c’est un délire pop, charmant, rétro, rigolard, délicieusement pulp et seventies, citant notamment Dario Argento ou Mario Bava. A quoi bon chercher une logique là-dedans plutôt que de se laisser porter par un récit qui ne manque pas de surprises, virant notamment brusquement et radicalement de registre dans son dernier acte, qui justifie le « délire » et nous vaut une fabuleuse séquence gorasse à l’ancienne. Les éclairages stylisés (proches de ce qui se faisait dans le cinéma d’épouvante transalpin des années 70), les compositions picturales très graphiques (on dirait une BD), la bande-son appuyée très référentielle, les réactions outrancières, les interprétations excessives (mention au bad guy), les révélations surréalistes, les fausses pistes amusantes (l’entrée du type inquiétant qui semble tout droit sorti d’un slasher, la discussion romantique avec le jeune homme, l’aide de la mystérieuse femme en noir et les déductions absurdes qui suivent…), le jeu sur les apparences (personne n’est ce qu’il devrait être), les flashbacks kitsch, les effets de style (le split-screen), l’unique décor très scénographique, les nombreux plans axés sur la formidable plastique de l’actrice principale : tout participe à la cohésion d’un trip atmosphérique entre pastiche et déclaration d’amour au(x) genre(s). Si le ton est totalement désinvolte (à l’inverse du fascinant Amer), la tension s’installe sitôt que l’héroïne entre dans cette laverie glauque, tout le film se situant dans une ruelle sordide complètement déserte. Ca reste très limité (et d’ailleurs très court) puisque n’étant qu’un pur exercice de style, à ne pas prendre au premier degré malgré sa relative efficacité."

 

Article de Richard B. et Jonathan C.

Auteur : Richard B.
Publié le vendredi 25 novembre 2011 à 09h03

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